Élections du 4 septembre

Le perdant est…

Élection Québec 2012 - analyses et sondages


Le premier ministre Jean Charest décidait, voilà 17 jours, de jouer son va-tout en décrétant des élections pour le 4 septembre. Un pari qu’il est en train de perdre, à moins que dans les 17 prochains jours il ne réussisse à retourner la situation.
L'enjeu de cette élection s’est établi clairement durant la première partie de la campagne. La relance de l’économie, le Plan Nord, les grèves étudiantes sont vite passés au second plan. D’emblée se sont imposés le désir de changement et, son corollaire, le remplacement d’un gouvernement usé par ses neuf ans de pouvoir.
Cette campagne électorale suit un scénario on ne peut plus classique où dans de telles circonstances, l’électeur cherche moins à élire un nouveau gouvernement qu’à défaire l’ancien. Sur le terrain, cela se traduit par un tir concerté de tous les adversaires du gouvernement, quels qu’ils soient. Rien ne l’illustre mieux que la sortie de l’ex-ministre Marc Bellemare venu attaquer Jean Charest chez lui.
Par définition, le Parti libéral ne peut aujourd’hui incarner le changement. Au mieux, peut-il parler de continuité, ce qui se tient en matière économique où son bilan est positif, mais pas lorsqu’il est question de corruption et de gouvernance éthique.
Les libéraux auraient pourtant pu prétendre être le changement s’ils s’étaient donné un nouveau chef, lequel aurait pu reprendre le célèbre « désormais » lancé par Paul Sauvé en succédant à Maurice Duplessis. Mais Jean Charest n’a jamais envisagé ce scénario, la preuve en étant qu’il a chassé les fortes têtes de son cabinet. Il a entrepris cette campagne en misant sur la faiblesse de ses adversaires et sur le cynisme généralisé des électeurs envers toute la classe politique. À cet égard, il misait sur le fait que les électeurs, qui seraient peu à l’écoute en cette période électorale estivale, ne le jugeraient pas différemment de Pauline Marois et de François Legault.
Résultat de cette mauvaise lecture de la situation, Jean Charest arrive à ce moment déterminant que sont les débats des chefs à la télévision complètement sur la défensive. Les résultats des derniers sondages montrent un glissement quasi inéluctable de son parti vers la troisième place.
Si Jean Charest est le grand perdant de cette première partie de la campagne, le vrai vainqueur reste à être déterminé. Ce devrait être le Parti québécois si la règle de l’alternance prévaut. Par contre, la Coalition avenir Québec détient l’atout de la nouveauté. À moins qu’il ne se ressaisisse durant les débats des chefs la semaine prochaine, le reste de la campagne appartiendra à ses deux adversaires qui voudront montrer tous deux qu’ils ont la capacité de gouverner autrement.
Le postulat qui a présidé à la création de la Coalition était justement la nécessité de faire de la politique autrement, volonté que disait partager le Parti québécois au sortir de la crise qui l’a frappé au printemps 2011. On ne peut dire toutefois que l’un et l’autre ont fait la preuve de cette détermination au cours de la première partie de la campagne. La surenchère de promesses et de dépenses à laquelle ils se sont livrés montre combien il est difficile de se débarrasser de comportements politiciens.
Cette première partie de la campagne électorale a été à cet égard décevante. Les trois partis ont pratiqué un clientélisme on ne peut plus traditionnel, multipliant les engagements envers tout un chacun pour additionner les votes. L’argent ne leur est jamais un problème en campagne, même s’ils savent qu’il en sera un de premier ordre une fois élu. Le pouvoir s’achète ainsi.
Les électeurs ne sont pas dupes. S’ils veulent aujourd’hui se libérer des libéraux, c’est moins pour chasser du pouvoir des individus que de changer les façons d’assumer le pouvoir et de gouverner. Ils veulent de l’honnêteté et de la transparence. Ils veulent qu’on respecte leur intelligence. Une chose qui, d’une élection à l’autre, semble tellement difficile à comprendre.


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