Le "Montréal idéal" des colonisés malades

Chronique de Bernard Desgagné

Les petits valets à la solde de l'unité fédérale ou du faux souverainisme bilingue n'ont pas fini de sévir sur les ondes de la radio publique et d'y raconter n'importe quoi jour après jour pour endormir le peuple. Voici ce que nous racontait la carpette anglaise Nicolas Langelier à l'émission de Christiane Charette le 30 mars 2009: «La chose que je veux parler (...) le magazine Maisonneuve, c'est le Montréal idéal: anglais, français et ouvert sur le monde [...] J'aimerais que plus de francophones lisent en anglais». Non mais, il faut vraiment n'avoir appris ni à parler, ni à raisonner. Le pauvre petit doit avoir coulé tous ses cours de français et de philo au cégep. Il a étudié en communication, mais ne connait pas la différence entre un complément d'objet direct et un complément d'objet indirect. «La chose que je veux parler»: quelle bêtise! Et ça travaille à la radio. Et ça se croit instruit.
Qu'est-ce que le Toronto idéal? Un Toronto anglais et français? C'est drôle comme, au Canada anglais, une ville n'a pas besoin d'une autre langue pour être «idéale». L'unilinguisme des Canadiens anglais ne fait pas d'eux des êtres n'ayant qu'un demi-cerveau. À l'inverse, c'est drôle comme, à Montréal, on se demande constamment pourquoi la ville périclite depuis 60 ans. On cherche la clé du succès dans le bilinguisme et le biculturalisme tandis qu'au Canada anglais, les unilingues prospères sont morts de rire. C'est une véritable psychose. Il n'y a pas une seule métropole moderne au monde qui entretient la concurrence linguistique en se disant que ça va l'aider à dépasser les autres. À Tokyo, tout le monde parle japonais. À Rome, tout le monde parle italien. À Vancouver, tout le monde parle anglais. À Oslo, tout le monde parle norvégien. Ça n'empêche pas une partie de la population de connaitre des langues étrangères, mais ce n'est pas toujours la même langue étrangère et ce n'est pas pour cultiver un monde parallèle vivant dans une autre langue, à l'écart du reste de la société. Il n'y a qu'à Montréal qu'on s'imagine que la psychose et l'apartheid linguistiques sont un avantage concurrentiel.
Partout dans le monde, là où il y a concurrence linguistique, la majorité nationale impose sa loi. C'est normal. Dans le Sud des États-Unis, les Latino-Américains sont peut-être nombreux, mais ils n'ont pas le choix de parler anglais pour étudier, travailler et vivre. Ils ont décidé de vivre aux États-Unis. Pourtant, au Québec, pays occupé par le pouvoir néocolonial d'Ottawa, on dit que la majorité doit parler la langue de la minorité sous peine de xénophobie ou d'arriération. C'est tout simplement débile comme raisonnement. C'est de l'esprit de colonisé malade.
Qui plus est, le magazine Maisonneuve est en anglais seulement, mais, selon M. Langelier, ce magazine serait le reflet du Montréal idéal anglais et français. Drôle d'équation: anglais = anglais + français. Tout à fait conforme à la valeur qu'attache M. Langelier au français: un gros zéro. Et puis même s'il était écrit en délire bilingue à la Justin Trudeau, ce magazine de suprémacistes anglo-saxons tellement ouverts sur le monde qu'ils se prennent pour le monde, ce ne serait toujours pour moi qu'un crachat en plein visage et un tissu de mépris. Ce serait toujours nier le Québec. N'est-il jamais venu à l'esprit de M. Langelier de suggérer à ces gens qui vivent à Montréal de publier leur magazine en français, s'ils veulent que davantage de Québécois le lisent? Ne serait-ce pas conforme aux règles les plus élémentaires de respect des autres que d'accepter la langue et la culture du pays où l'on vit au lieu de s'isoler dans une bulle anglaise sous prétexte d'aller voir le monde? Il devrait se sortir le nez un peu de ses lectures exclusivement anglaises, ce M. Langelier.
À part ça, la radio publique va-t-elle cesser de nous affubler du sobriquet ridicule de «francophones»? Nous sommes le peuple québécois, et non une catégorie de Statistique Canada. Les autres, ceux qui n'acceptent pas de parler notre langue, ce sont des étrangers, et plus exactement des membres de la colonie canadienne-anglaise au Québec. Ça n'a rien de xénophobe. Ce sont eux qui ne veulent pas s'intégrer. Dans n'importe quel pays normal, tout le monde a les mêmes droits linguistiques: le droit d'apprendre la langue nationale à l'école et le droit de se servir de cette langue pour s'instruire, travailler, se cultiver, créer, échanger et se gouverner. Il n'y a personne qui penserait à accuser les Italiens, les Grecs ou les Polonais d'être de dangereux xénophobes fascistes parce qu'ils parlent tous leur langue nationale et parce qu'ils l'enseignent à tous ceux qui veulent vivre dans leur pays. Ce serait du délire pur et simple. Mais, dans la logique de Nicolas Langelier et des autres colonisés, New York serait une ville de tarés moyenâgeux parce que tout le monde y parle la langue du pays.
Pourquoi, chaque fois qu'on nous abreuve des bêtises de Nicolas Langelier, un sot parmi les sots, un valet qui rivalise d'obséquiosité avec les autres valets, ne remettrait-on pas les pendules à l'heure sur les ondes avec l'équivalent du Dr Richard Béliveau, spécialiste de l'alimentation et du mode de vie que l'on entend lui aussi à l'émission de Christiane Charette? Il nous faudrait entendre régulièrement un Richard Béliveau de la question nationale québécoise, y compris notamment de sa dimension sociolinguistique. Car, dire que les Québécois doivent parler encore plus anglais est l'équivalent sociolinguistique des diètes miracles qui ne marchent pas et qui rendent les gens malades. Mais, c'est sans doute beaucoup trop demander à Radio-Canada, qui n'est après tout qu'un instrument du pouvoir néocolonial d'Ottawa. À Radio-Canada, la question nationale québécoise ne peut être traitée que dans le but de maintenir la dépendance du malade envers ses apprentis sorciers de la survivance.
Bernard Desgagné

Gatineau



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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    1 avril 2009

    Bonjour!
    Oui à Montréal il y a un drame linguistique grave à propos du français.Le PQ de Pauline Marois et les libéraux de Charest ne sont pas pro-actifs pour y remédier.Ça fait leur affaire électorale que la situation pourisse.
    Il y a une solution.Les indépendantistes s'unissent en une seule
    équipe pour proposer un projet de société unilingue français à l'élection de 2013.
    Au pays Québec,l'État financerait uniquement ce qui est francophone,laic.La loi 101 serait revue et améliorée,appliquée partout sans négocier,sans accommoder rien ni personne.Concession zéro.Nous serions en contrôle de tout en tout.
    J'ai écrit un livre,format PDF;«Le pays Québec est arrivé».Il est disponible gratuitement à la bibliothèque de votre quartier,catalogue IRIS,Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ).

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    30 mars 2009

    Un exemple de "colonisé malade"? Benoît Aubin, le scab du Journal Mtl. Il titre: "Une soirée à l'eau de rose" son rapport de la soirée des Jutras. Il écrit: "Patricio Henriquez, auteur d'un documentaire sur la torture, a dénoncé le gouvernement fédéral qui a déclaré la guerre à la culture citoyenne du Québec. Voilà à peu près tout de la filière minorités et revendications. Le reste fut un party sympathique".
    Patricio Henriquez, exilé du Chili de Pinochet, torturé, établi ici, fonde sa propre maison de cinéma (Macumba Interntl) et gagne des prix à rapporter au monde le drame infini de la torture. Il sait ce qu'est un peuple dénationalisé. Il affirme sans broncher au pupitre de ce gala, que l'actuel gouvernement canadien nie tout du Québec de culture et de langue française. Pas le moindre murmure dans la salle, pas de salve d'applaudissements, pas le moindre "pure laine" pour venir l'entourer et l'appuyer dans cette dénonciation inégalée... Ce peuple est bel et bien canadianisé!

  • Michel Guay Répondre

    30 mars 2009

    Une nation qui n'impose pas sa langue dans son territoire, à tous les citoyens et dans tous les emplois est une nation morte
    L'anglicisation du Québec nous crétinise et nous tuera .
    Le bilinguisme des fédéralistes est de l'assimilation-anglicisation et rien d'autre et la propagande pro canadian est tellement omniprésente que même certains indépendantistes participent ouvertement à ce suicide collectif .
    Nous fermons le monde aux enfants Québecois en les anglicisant tous car 90% des êtres humains ne parlent pas anglais .
    Seule l'indépendance du Québec pourra nous permettre de franciser le Québec , tous nos emplois et tous nos médias

  • Archives de Vigile Répondre

    30 mars 2009

    Faudra mettre des sous-titres anglais à votre texte pour que M. Langelier puisse le lire.
    Ce ne garanti pas qu'il va le comprendre, parcontre.