Harper au royaume de la contradiction

Le double discours conservateur

Tribune libre

En fouillant sur Google dans l’intention d’en connaître davantage sur les comportements autoritaires de Stephen Harper, je suis tombé sur le blogue de Bruno Masse, géographe, activiste et écrivain, paru dans le Huffington Post du 20 mai 2013, et qui réfère, entre autres, aux sept caractéristiques de la pensée des autoritaires de droite selon le professeur de psychologie de l’université du Manitoba, Robert Altermeyer.
Je vous propose certaines réflexions sur une de ces caractéristiques qui m’apparaît percutante chez les conservateurs de Stephen Harper, particulièrement par les temps qui courent, à savoir « le double discours ».
Selon Altermeyer, « les autoritaires de droite ont un esprit hautement compartimenté, signifiant par là qu'ils ont « des idées pauvrement intégrées les unes avec les autres », allant jusqu'à la contradiction. Ces valeurs et ces idées coexistent simultanément et sont évoquées au besoin, selon la situation. C'est cette compartimentation qui permet à plusieurs conservateurs canadiens d'être à la fois contre l'avortement et pour la peine capitale, ainsi qu'en faveur de l'intervention militaire au Moyen-Orient. »
Un double discours qui conduit inévitablement en plein monde de la contradiction, la saga autour de l’affaire Duffy en étant une preuve irréfutable. En effet, croyez-vous qu’il soit imaginable que Stephen Harper, l’homme qui se targue de contrôler tout ce qui émane du Parlement, ait pu ignorer l’arrangement qui se passait au sein de son propre bureau entre son bras droit Nigel Wright et le sénateur Duffy?
Lors de la dernière réunion hebdomadaire de son caucus, à laquelle les journalistes ont été invités à participer en début de rencontre, Stephen Harper a tenté, selon son habitude, de démontrer sa
« bonne foi » dans toute cette affaire :
« De toute évidence, je veux vous parler des événements des derniers jours, a lancé M. Harper. Et je sais que personne ici ne sera surpris d’entendre que je ne suis pas content, que je suis très vexé par la conduite de certains parlementaires et de mon propre
bureau. » Il a rappelé que son gouvernement avait été élu en 2006 dans la foulée du scandale des commandites pour faire le ménage, et que ménage il y a eu.
« Le Canada est maintenant l’un des meilleurs systèmes de gouvernance parmi les plus responsables et transparents dans le monde entier. […] Mais c’est quelque chose que nous ne devons jamais tenir pour acquis. » Il a lancé un avertissement :
« Quiconque veut utiliser une charge publique pour ses propres bénéfices devrait changer de plans ou encore mieux, quitter cette salle », a-t-il dit en brandissant un doigt accusateur à ses troupes, levées pour l’applaudir et lancer des « bravos ». M. Harper a finalement parlé des événements du Sénat comme d’une
« distraction » qui empêchait le gouvernement de gérer l’économie.
Et notre flagorneur national de poursuivre sur ses promesses de transparence et d’intégrité faites durant la campagne de 2006 alors que, durant cette même campagne, le parti conservateur a eu recours au stratagème du in and out afin de pouvoir dépenser au-delà de la limite permise.
C’est aussi le même Harper qui, au début de son premier mandat, a fait adopter une Loi sur la responsabilité pour resserrer les règles de financement des partis politiques, a soumis une quinzaine d’institutions à la Loi sur l’accès à l’information, musclé un peu plus les règles en matière de lobbying et créé le bureau du directeur parlementaire du budget. Néanmoins, depuis lors, on a assisté à une dilapidation outrancière des fonds publics de la part de ministres et de sénateurs en toute impunité sans compter les nombreuses nominations politiques.
Dans cette bouillabaisse de contradictions, Stephen Harper tente maintenant par tous les moyens de garder le contrôle sur les affaires de l’État…Toutefois, à mon avis, les derniers événements entourant l’affaire Duffy risquent de laisser une tache difficilement délogeable au dossier politique du maître du double discours!

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Henri Marineau2095 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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