ANTICOSTI

«Le contrat est respecté», affirme Philippe Couillard

Le premier ministre se dit tout de même prêt à rencontrer l’entreprise

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Si c'est le cas, pourquoi tout ce brouhaha ?

Le premier ministre Philippe Couillard se défend de briser le contrat qui lie le gouvernement à Pétrolia dans le cadre du projet d’exploration pétrolière sur l’île d’Anticosti. Il se dit tout de même prêt à rencontrer l’entreprise, comme celle-ci le réclame.

« Le contrat est entièrement respecté », a souligné M. Couillard à son arrivée au caucus libéral mardi, en ajoutant que des fonds publics ont déjà été injectés dans le projet. Il répondait ainsi aux propos du président-directeur général de Pétrolia, Alexandre Gagnon, qui a dit lundi que le gouvernement avait l’obligation de respecter le document signé par les péquistes en 2014.

Le premier ministre a également rappelé qu’en vertu de la législation québécoise, « rien ne force le gouvernement à donner un certificat d’autorisation pour la fracturation hydraulique ». M. Gagnon a lui-même reconnu cet état de fait, tout en disant craindre une « ingérence » politique dans l’étude de la demande de certificat d’autorisation déposée il y a quelques jours.

Est-ce que le processus en cours est vicié en raison de votre objection au projet pétrolier sur Anticosti?, ont demandé les journalistes au chef libéral. « Ce qui est vicié, c’est le fait d’avoir permis un investissement public et d’engager le gouvernement dans un projet de fracturation sur une île du golfe du Saint-Laurent sans faire d’étude environnementale. Je n’en reviens pas que le gouvernement ait fait cela », a insisté Philippe Couillard.

Oui au pétrole

Selon lui, les Québécois n’accepteraient pas que le gouvernement libéral s’engage dans un tel projet sans mener d’abord une évaluation environnementale. Il s’agit d’un changement de cap majeur au sein au Parti libéral du Québec. Après tout, ce dernier avait autorisé la réalisation de forages avec fracturation dans la vallée du Saint-Laurent, et ce, sans évaluation environnementale et sans consultation des citoyens concernés par les projets de gaz de schiste.

Le premier ministre a par ailleurs réitéré que son gouvernement « soutient plusieurs projets de Pétrolia », une entreprise dont il est le premier actionnaire. « Je veux travailler avec Pétrolia pour leurs autres projets », a-t-il ajouté. Des propos repris également par le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Arcand.

Il est vrai que les libéraux ont annoncé en 2015 une subvention de 3,8 millions de dollars pour des travaux d’exploration gazière au projet Bourque, situé près de Murdochville.

Le gouvernement a aussi manifesté son appui au projet pétrolier Haldimand, situé sur le territoire de Gaspé, à 350 mètres d’un secteur résidentiel. Québec a d’ailleurs fait la sourde oreille aux demandes de la Ville de Gaspé, qui réclame depuis plusieurs mois la tenue d’une évaluation environnementale sous l’égide du BAPE pour le projet Haldimand.

Pétrolia réplique

Même si le gouvernement se montre très ouvert aux projets de Pétrolia en Gaspésie, l’entreprise a déploré lundi la fin de non-recevoir du premier ministre pour le projet Anticosti.

Le président-directeur général de Pétrolia, Alexandre Gagnon, a soutenu que le premier ministre attaque son entreprise « avec constance et virulence » depuis le sommet de Paris sur le climat. « Dans une série de déclarations constamment amplifiées et formulées sans aucun préavis, le premier ministre Philippe Couillard semble remettre en question le respect des contrats », a-t-il ajouté.

Or, a rappelé M. Gagnon, « nous sommes dans un État de droit, et actuellement, il existe un contrat et un décret, ce qui engage l’État ». Il a ainsi rappelé que le contrat oblige clairement le gouvernement du Québec à injecter un total de 57,7 millions de dollars dans des travaux qui doivent permettre de vérifier s’il existe bel et bien un potentiel d’exploitation commerciale de pétrole sur l’île. Ces travaux devraient se poursuivre au-delà de 2016.

La pétrolière n’exclut d’ailleurs pas de recourir aux tribunaux pour obtenir gain de cause dans le dossier. « Nous ne l’excluons pas », a simplement admis M. Gagnon après s’être fait poser la question à plusieurs reprises au cours de sa conférence de presse.

Exploiter jusqu’en 2100

Selon M. Gagnon, la volte-face du gouvernement Couillard est d’autant plus surprenante que les travaux menés jusqu’à présent, et financés majoritairement par l’État québécois, auraient permis d’identifier un potentiel pétrolier « substantiel » qui permet d’envisager les travaux à venir avec « un haut niveau d’optimisme ».

Pétrolia souhaite donc « aller au bout du contrat ». Selon ce qui a été précisé lundi, 24 millions de dollars ont déjà été injectés dans les travaux menés en 2014 et 2015 sur l’île. Selon l’agenda d’Hydrocarbures Anticosti, les forages avec fracturation pourraient porter la note à 55 ou 60 millions.


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