Le contact avec Israël est rompu

Les raids de Gaza portent un dur coup au processus de paix

Gaza: l'horreur de l'agression israélienne

«Hiver chaud». C'est le nom donné à l'opération militaire menée depuis deux jours par l'armée israélienne, la plus grosse offensive du genre lancée contre la bande de Gaza depuis son retrait en 2005. Tsahal espère ainsi mettre fin aux tirs de roquettes sur le sud du pays. Les frappes, théoriquement «ciblées», ont toutefois fait plus de 70 morts, dont bon nombre de civils, poussant le président palestinien, Mahmoud Abbas, à suspendre tout contact avec Israël. De nouveau, l'armée israélienne a bombardé hier le nord de la bande de Gaza, où dix Palestiniens ont été tués. La veille, 63 Palestiniens y avaient péri, dont plusieurs femmes et enfants, selon des sources médicales.
Dans la localité de Jabaliya, des dizaines de blindés israéliens se sont frayé un chemin dans les ruelles étroites aux murs criblés de balles, tandis que des hélicoptères tournoyaient dans le ciel.
«De ma vie je n'avais jamais vu un tel massacre», a dit Fatima Sayed, une habitante de Jabaliya. «Israël nous a chassés en 1948, a-t-elle ajouté, en référence à la première guerre israélo-arabe après la création de l'État hébreu. Maintenant, ils veulent nous tuer tous.»
Le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a annoncé la mort de 37 de ses combattants dans l'offensive, et celle d'une dizaine d'autres activistes. Deux soldats israéliens y ont été tués samedi, et deux autres blessés hier. L'armée israélienne a en outre indiqué hier soir avoir saisi d'importantes quantités d'armes et arrêté une cinquantaine de suspects palestiniens. Dans la nuit de samedi à dimanche, des appareils israéliens avaient rasé les bureaux à Gaza d'Ismaïl Haniyeh, le chef du gouvernement Hamas non reconnu internationalement.
Malgré l'ampleur de l'offensive israélienne, la plus meurtrière depuis 2000, 24 roquettes se sont abattues hier sur le sud d'Israël. La police a fait état d'un blessé, et a indiqué qu'un autre engin avait, en soirée, frappé une maison à Ashkelon.
Et tout indique que la campagne meurtrière se poursuivra. «Le but de l'opération, qui est de mettre fin aux tirs de roquettes, ne sera pas atteint dans les deux prochains jours, nous continuerons nos activités et devons nous préparer à une escalade», a lancé le ministre de la défense, Ehoud Barack. «Israël n'a aucune intention de cesser, ne serait-ce que pour un moment, les combats contre les organisations terroristes», a assuré pour sa part le premier ministre israélien, Ehoud Olmert. M. Barack a en outre rappelé que le Hamas «paiera le prix» de «la dégradation de la situation».
Négociations suspendues
Même si le ton était des plus tranchés, le premier ministre israélien a néanmoins indiqué vouloir préserver les négociations de paix avec l'Autorité palestinienne. Mais le président palestinien, Mahmoud Abbas, a décidé «de suspendre tous les contacts à tous les niveaux [avec Israël], car ils n'ont aucun sens au regard de l'agression israélienne», a indiqué son porte-parole, Nabil Abou Roudeina. «Le gouvernement israélien a décidé de lancer une guerre injuste et massacre notre peuple. Il porte l'entière responsabilité du blocage du processus de paix», a-t-il également souligné.
M. Abbas n'est néanmoins pas allé jusqu'à proclamer la rupture des négociations. Arye Mekel, porte-parole de la ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni, qui conduit les négociations, a répondu que la décision des Palestiniens était «une erreur» et a exprimé l'espoir que les discussions reprendront «dans un très proche avenir».
Cette nouvelle flambée de violence survient à la veille de l'arrivée, demain dans la région, de la secrétaire d'État américaine Condoleezza Rice. Celle-ci veut aider à faire progresser les négociations de paix relancées il y a à peine trois mois. «La violence doit cesser et les discussions doivent reprendre», a simplement déclaré la Maison-Blanche.
Condamnations
Pour les autorités israéliennes, la marge de manoeuvre se fait par ailleurs toujours plus étroite, d'autant plus que son usage «disproportionné de la force» a été condamné un peu partout dans le monde. Réuni d'urgence à la demande de Mahmoud Abbas, le Conseil de sécurité de l'ONU a souligné «la nécessité pour toutes les parties de mettre fin immédiatement à tout acte de violence».
Tout en reconnaissant à Israël le droit de se défendre, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, avait auparavant fustigé «l'usage disproportionné et excessif de la force qui a tué et blessé tant de civils, y compris des enfants». La présidence slovène de l'Union européenne a estimé que de telles actions étaient «contraires» au droit international. Dans le même temps, elle a «réitéré sa condamnation de la poursuite des tirs de roquettes» et appelé les deux parties à cesser les hostilités.
L'Italie a demandé que les incursions militaires israéliennes «n'impliquent pas la population désarmée de Gaza, déjà soumise depuis des mois aux privations et aux difficultés», alors que Madrid demandait à Israël de la «retenue». «L'Arabie saoudite [...] considère qu'Israël, par ses actions, copie les crimes de guerre des nazis», a déclaré pour sa part un responsable saoudien non identifié.
Environ 10 000 personnes, membres pour la plupart des Frères musulmans et d'autres partis d'opposition, sont descendues dans les rues d'Amman, en Jordanie, dénoncer les actions israéliennes. «Ô Hamas, ô Hamas, fais venir tes kamikazes [...]. Victoire au Hamas et défaite aux Juifs et aux Américains», ont scandé les manifestants.
L'armée israélienne avait lancé mercredi des opérations ponctuelles à Gaza également meurtrières, après la mort d'un Israélien dans l'explosion d'une roquette à Sdérot, dans le sud du pays. Depuis mercredi, plus de 100 Palestiniens ont péri. Fait à noter, les derniers décès portent à 6270 le nombre de personnes tuées dans les violences israélo-palestiniennes depuis 2000, pour la plupart des Palestiniens, selon un bilan établi par l'Agence France-Presse.
D'après l'Agence France-Presse, Associated Press et Reuters


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