Le CHUM pyramidal

CHUM



Aujourd'hui: lancement de l'appel de propositions pour le CHUM.
Donné devant tout le gratin montréalais, ce spectacle état moitié opération de relations publiques par un gouvernement en perte rapide de popularité, et moitié tentative de lancer, un moment donné, un méga projet qui végète depuis au moins 1995.
Je me dis parfois que si notre élite politique avait gouverné au temps des pharaons, on en serait encore aujourd'hui à annoncer pour bientôt la pose de la première pierre de la première pyramide...
Et d'ailleurs, on voit grand! Jean Charest et le ministre de la Santé Yves Bolduc n'avaient que des superlatifs à la bouche. «Un tremplin pour l'économie de Montréal», «un formidable potentiel de création de la richesse», «un hôpital de classe mondiale», «un pôle de recherche francophone de rayonnement international», «un leader sur le plan mondial», «un quartier de la santé», «un véritable projet pour le XXIe siècle». Et patati et patata.
Mais en attendant l'érection de cette huitième merveille du monde /sic/, dans la vraie vie, ici, loin de la gloire internationale, à Montréal et au Québec, combien d'entre nous vendraient leur mère pour l'infime honneur d'avoir un médecin de famille? On nous promet une Porshe alors qu'on peine à se trouver une bonne petite Toyota...
Alors, prenez patience chers patients. Première pelletée de terre pour le CHUM en 2010. Première phase: 2013. Deuxième phase: 2018. Du moins, ça, c'est le scénario optimiste.
Et il y en avait des chiffres! De TRÈS gros chiffres.
En dollars indexés de 2018:
CHUM = 2,5$ milliards
CUSM = 2,2$ milliards (méga hôpital anglophone McGill)
CHU-Ste-Justine = 500$ millions
TOTAL = 5,2$ milliards
Eh oui. Ça, c'est le total projeté AUJOURD'HUI. Dieu seul sait, et le diable s'en doute, combien ce sera en bout de piste.
En 2006, en passant, ce total projeté était de 3,2$ milliards. (Mais on nous dit que le méga trio fut «bonifié» depuis...). Sans blague. Pour un différend de 2$ milliards en deux ans, ce serait bien la moindre des choses.
Et encore en passant, le CUSM anglophone devrait être terminé AVANT le CHUM.
Sans oublier qu'en plus, on y va en PPP (partenariat public-privé), une formule sur laquelle bien d'autres gouvernements plus solides encore se sont pourtant cassé les dents. Nous serions donc «locataires» du privé pendant 30 ans à un coût estimé par certains experts pouvant frôler les 100$ millions de loyer par année. 100$ millions/année X 30 = 3$ milliards. Cherchez l'erreur!
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Mais le PPP nous amène à la fameuse question du Plan B. Savez-vous ce que c'est? Eh bien ça, c'est le diable qui se cache toujours dans les détails.
Ce détail, c'est que si les consortiums s'avéraient incapables d'ici un an de trouver les fonds nécessaires à LEUR part de ces méga investissements, le gouvernement, donc, nous les contribuables, devraient soit assumer leur risques financiers, soit retourner en «mode conventionnel» et payer pour le tout.
Voici d'ailleurs ce qu'en disait Jean Charest: «si le marché ne répond pas, on fera le changement». Ouch... Rassurés? Moi, non plus.
Morale de cette histoire: le Québec doit être pas mal plus riche qu'on nous le dit pour qu'on se permette trois méga projets dont le coût total pourrait fort bien finir par dépasser les 7 ou 8 milliards de dollars!
Et pourtant, nous ne le sommes pas.
Mais vous pouvez être certains qu'à la fin de ces projets pharaoniens, il y a un méchant paquet de firmes de ceci et de cela qui, elles, le seront!
Et en attendant, on continuera à faire des neuvaines pour se trouver un simple médecin de famille... Heureusement que l'Oratoire, lui, est DÉJÀ construit...
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Voici d'ailleurs la réaction du PQ (hormis ses arguments tout à fait pertinents, il reste qu'il fut aussi celui qui, au pouvoir, nous a mis le bras dans le tordeur des méga hôpitaux en même temps qu'on se fabriquait une belle grosse pénurie de médecins et d'infirmières...):
«Québec, le lundi 30 mars 2009 - Le député de Richelieu et porte-parole de l'opposition officielle en matière de Conseil du trésor, Sylvain Simard, dénonce vivement la décision prise aujourd'hui par le gouvernement libéral de procéder au lancement de l'appel de propositions pour la construction du CHUM en mode PPP.
«C'est une erreur magistrale, un symbole de la bêtise humaine. On lance un appel de propositions sur la conception, la construction et l'entretien du CHUM, le plus gros chantier de la décennie, en faisant reporter sur le gouvernement toute la responsabilité du financement. Le gouvernement reconnaît ainsi que la formule en partage de risques ne peut fonctionner », a déclaré Sylvain Simard.
M. Simard rappelle que vendredi dernier à l'Assemblée nationale, la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, a été incapable de promettre que les Québécois paieront moins cher pour le même CHUM, en utilisant la formule PPP.
«Aucune entreprise ne pourra obtenir un taux plus avantageux que le gouvernement. Dans le contexte de crise économique actuelle, c'est près de 2,5 % la différence dans le taux d'emprunt. Sur un bail de 30 ans, avec un budget de 1,8 G$ selon les derniers chiffres disponibles, c'est donc dire que les Québécois paieront près de 2 G$ de plus que la méthode conventionnelle. Tout ça pour l'orgueil des libéraux. C'est complètement délirant », a souligné M. Simard.
«L'argument principal invoqué par le gouvernement libéral pour recourir à la formule PPP était le partage de risques. Dans le cas du CHUM, c'est le gouvernement qui va assumer le risque au lieu du partenaire privé. Où est la logique? Qui plus est, ce qui est inquiétant, c'est que la ministre Jérôme-Forget s'inspire du Queen Elizabeth Hospital en Angleterre pour le CHUM. Le hic, c'est que le Queen Elizabeth Hospital est un véritable gâchis qui est d'ailleurs en faillite technique actuellement tellement il est mal construit, a poursuivi le député de Marie-Victorin et porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé, Bernard Drainville. Le plus troublant dans toute cette saga, par ailleurs, c'est que le gouvernement libéral, incapable de livrer le CHUM à temps, s'invente des phases pour justifier que le CHUM ne sera livré qu'en 2018», a-t-il ajouté.
«Le gouvernement libéral doit se rendre à l'évidence : on ne lance pas un PPP pour un tel chantier que constitue le CHUM. Les Québécois n'ont pas à assumer un tel risque financier alors que le groupe retenu aura droit, à même nos taxes et sans risques, à un revenu gigantesque garanti pendant trente ans », ont conclu les députés Simard et Drainville, rappelant que le coût présenté aujourd'hui n'est que le prix plancher et que le coût final ne sera connu qu'après la phase de négociations avec le groupe retenu par l'appel de propositions.»
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