Le soir du 31 octobre 1995, je suis rivé au petit écran comme 94 % des Québécoises et des Québécois qui se sont déplacés pour aller faire leur choix. Chez les souverainistes, les sondages sont bons. Jacques Parizeau et Lucien Bouchard sont optimistes. Ils ont tous deux pris connaissance des sondages de la veille, qui accordent possiblement 53% au camp du Oui. Tous les espoirs sont permis.
Oui, le 30 octobre 1995, le camp du Oui s’attend à gagner. Se pourrait-il qu’enfin, après une si interminable attente, le Québec devienne enfin lui-même, en rejoignant le club des nations souveraines? Une espèce de « maintenant ou jamais » flotte dans l’air du Québec. Les souverainistes le sentent et veulent frapper le grand coup. Le poids démographique et politique des francophones serait trop petit après coup pour faire la souveraineté compte tenu de l’accroissement des immigrants qui sont venus s’établir au Canada.
Les chiffres commencent à rentrer. Ceux des Iles de la Madeleine sont bons. À la télévision, on voit le camp du Oui exprimer un premier moment d’enthousiasme. Et la vague semble bien partie. Partout, les francophones votent comme on espérait qu’ils votent. Sauf à Québec. On commence à s’inquiéter du côté du camp du Oui. Finalement, la vague du Oui s’effondre à Montréal. Les anglophones et les allophones votent en bloc pour le Non et, si le résultat oscille pendant un bon moment entre le Oui et le Non, les souverainistes commencent à comprendre que l’exercice est peut-être raté.
Après de longues heures d’attente, le score final est annoncé: 49,4 % pour le Oui. 50,6% pour le Non soit à peu près 50 000 votes séparant les deux camps. Les chefs défilent à la tribune, Jacques Parizeau étant le dernier à s’exprimer. À ses yeux, la victoire du Non est une défaite amère dont les causes sont évidentes. Faisant fi de la rectitude politique, Jacques Parizeau dit les choses comme il les voit : « Le Oui a été battu par l’argent et des votes ethniques. »
Ce soir-là, je n’ai pas fermé l’œil de la nuit, Je n’arrivais pas à croire que le Oui l’ait échappé par une si faible différence… et, dans ma tête, raisonnait sans cesse les paroles de Monsieur!
Loi sur les mesures de guerre : Des excuses monsieur Trudeau!
Le chef bloquiste Yves-François Blanchet a invité la Chambre des communes à sommer le gouvernement canadien de s’excuser d’avoir décrété cinquante ans plus tôt l’entrée en vigueur de la Loi sur les mesures de guerre, ce qui a permis à l’armée canadienne d’aider les autorités policières à arrêter 500 citoyens québécois, pour la plupart arbitrairement.
En réalité, la Loi sur les mesures de guerre lors de la crise d’octobre 1970 au Québec a été promulguée par le premier ministre du Canada Pierre Elliot Trudeau, Robert Bourassa et Jean Drapeau ayant demandé au fédéral l’aide de l’armée pour mater ce qu’ils appelaient une « insurrection appréhendée ».
Conséquemment, il est erroné de dire, tel qu’exprimé par le conservateur québécois Gérard Deltell, que cette loi a été promulguée à la demande du gouvernement du Québec et qu’il revenait au Québec de présenter ces excuses.
En bref, je suis d’avis que le Just watch me lancé par Pierre Elliot Trudeau à un journaliste qui lui demandait comment il entrevoyait résoudre cette crise, dénote que le premier ministre canadien avait déjà en tête de ressortir des boules à mites cette vieille loi datant du 18 août 1914 dans l’intention de démanteler le mouvement souverainiste au Québec qui exécrait littéralement l’humeur de M. Trudeau. L’occasion était trop belle pour la laisser passer…
Dans ces circonstances, M. Trudeau fils, des milliers de Québécoises et de Québécois, notamment les proches des victimes, attendent des excuses, il en est de l’imputabilité du gouvernement fédéral dans toute cette saga aux allures d’histoire de sorcières!
Henri Marineau, Québec
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