Après Justin Trudeau, Thomas Mulcair. En deux semaines, les principales figures de l’opposition sur la scène fédérale ont dénoncé la volonté du gouvernement Harper de porter devant la Cour suprême le cas de Zunera Ishaq, cette immigrante pakistanaise qui exige de prêter son serment de citoyenneté canadienne en niqab.
Le premier au nom du droit des minorités. Le second parce qu’il croit qu’à travers elle on stigmatise les femmes musulmanes.
À visage découvert
C’est à croire que le Canada est rendu fou. Ou que le multiculturalisme qui lui sert de religion d’État l’a coupé du monde réel. Qui aurait bien pu penser qu’il faudrait un jour élaborer un argumentaire sophistiqué, juridiquement fondé et politiquement cohérent pour justifier une chose aussi élémentaire: lorsqu’on rejoint un pays, lorsqu’on prête serment fièrement pour en devenir citoyen, on montre son visage.
Le gouvernement Harper, ici, se retrouve en harmonie avec le sentiment dominant au Québec. Et il espère tirer avantage de cela lors des prochaines élections. Le Bloc québécois a aussi réagi en dénonçant le positionnement du NPD et en montrant comment ce dernier trahit grossièrement ses électeurs. On a accusé le Bloc de racisme. Pas moins. C’est l’accusation habituelle de la part des multiculturalistes pour faire taire leurs contradicteurs.
Mais au-delà des calculs électoraux, un système idéologique explose. Depuis 1982, le Canada a officiellement renoncé à se définir en se référant à ses deux peuples fondateurs. Il se présente comme un pays multiculturel. Il est composé d’individus porteurs de droits, sans culture partagée, sinon la vénération de la Charte des droits. Chaque individu a ses croyances et peut les exprimer comme il veut. Ceux qui pensent le contraire pousseraient vers la tyrannie de la majorité.
Savoir s’intégrer
C’est encore une fois de l’islam dont on parle. Quoi qu’en pensent certains, l’islam est une religion d’implantation récente dans les sociétés occidentales. Et pour bien s’y intégrer, il ne doit pas seulement se plier à leurs lois, mais à leurs mœurs. Autrement dit, si l’islam veut se faire accepter dans les pays occidentaux, il doit s’occidentaliser et multiplier les signes ostentatoires d’intégration, en montrant qu’il est prêt à s’acclimater culturellement aux pays où il s’installe. La question des femmes est ici centrale. Si les tensions entre l’islam et l’Occident se cristallisent autour de cette question, c’est qu’elle révèle une différence culturelle profonde, difficilement surmontable.
Et pourtant, on me permettra une inquiétude finale. La question de l’islam est en train d’occuper tout l’espace de la question identitaire au Québec. C’est normal qu’on s’en préoccupe. Mais il ne faudrait pas tout oublier en son nom. Autant les Québécois s’inquiètent de l’islam et de l’islamisme, autant ils semblent se désintéresser de leur anglicisation, de leur américanisation identitaire, de leur déculturation historique, de leur marginalisation dans le Canada.
C’est une bonne chose de se porter vaillamment à la défense de l’Occident. Mais si les Québécois en viennent à oublier leur identité particulière, ils n’y auront rien gagné.
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