OTTAWA | Le déferlement attendu contre le projet de loi sur la laïcité du Québec dans les médias anglophones du pays ne s’est pas matérialisé, du moins pour l’instant. Certaines critiques virulentes ont été émises, mais elles ont été somme toute peu nombreuses.
La salve la plus acerbe est apparue en page frontispice du quotidien torontois National Post, qui a choisi de mettre de l’avant cette nouvelle avec un texte d’opinion.
Le chroniqueur Chris Selley prévoit que le débat ne fait que commencer et que la loi ne fera qu’attiser les ardeurs de ceux qui souhaitent aller encore plus loin que le prévoit la législation caquiste.
Dans son texte coiffé du titre Le Québec recule (Quebec steps into the past), M. Selley invite la jeunesse québécoise, plus « libérale » dans ses valeurs, à « rejeter [...] les forces de l’ignorance, de la paranoïa et de la xénophobie ».
« Biaisé »
Pour lui, la loi sur la laïcité fait du Québec un État « biaisé contre les religions qui entraînent le port de symboles », sans égard pour les fonctionnaires qui les portent.
De façon générale, peu de chroniqueurs du Canada anglais ont formulé leur opinion sur le nouveau projet de loi de la CAQ. Il faut dire que l’affaire SNC-Lavalin et les tribulations du gouvernement Trudeau occupent toute la place dans le paysage médiatique.
Un autre grand quotidien de la Ville Reine, The Globe and Mail, traite de cette nouvelle sur la première page. Le reportage met de l’avant la vague de critiques que le dépôt de la loi 21 a entraînée dans son sillage.
Tous les partis fédéraux reconnus au Parlement du Canada ont condamné la pièce législative, la qualifiant de discriminatoire. Une critique reprise par de nombreux groupes religieux.
À l’international
Les inquiétudes des minorités religieuses constituent d’ailleurs l’angle principal des reportages des grands quotidiens anglophones internationaux qui ont repris la nouvelle.
The Wall Street Journal souligne que le Québec devient ainsi la plus récente région en Occident à vouloir restreindre le port de couvre-chefs musulmans par des fonctionnaires. The Guardian, à Londres, reprend une formule semblable, soulignant que « selon les critiques », la loi « vise les femmes musulmanes qui portent le hijab ».
Le réputé New York Times a quant à lui rapporté que la loi encadrant la laïcité au Québec risque « d’aggraver les tensions culturelles » dans la province.
La plupart des grands médias canadiens et américains soulignent que le Québec deviendrait la première juridiction en Amérique du Nord à imposer des restrictions au port de signes religieux.