Obligé de défendre la vente controversée de véhicules blindés canadiens à l’Arabie saoudite, le ministre des Affaires étrangères Stéphane Dion traîne péniblement ce boulet politique depuis des mois.
Difficile en effet de justifier ce contrat de 15 milliards de dollars négocié avec un régime aussi répressif et misogyne. Et qui, de surcroît, nourrit l’expansion du salafisme depuis des décennies.
Un « dialogue » ?
Cette semaine, en conférence à l’Université d’Ottawa, M. Dion jurait plutôt ceci: pour convaincre le régime saoudien de respecter les droits de la personne, le «dialogue» serait plus efficace que l’annulation du contrat. Ah bon?
De toute manière, plaide-t-il in extremis, Riyad achètera ces véhicules ailleurs si le Canada annule la transaction. Bref, on dirait un ministre à court d’arguments rationnels.
De fait, on sent Stéphane Dion gêné lui-même par cette vente. Négocié par le gouvernement Harper, le contrat est un cadeau empoisonné sur le plan éthique, mais il vaut 3000 emplois en Ontario. Annuler le tout coûterait cher politiquement au Parti libéral. Et ça, le ministre le sait.
Piégé
Piégé aussi par la proximité hypocrite entretenue avec Riyad par l’Occident, le gouvernement Trudeau n’ose pas tourner le dos à un «allié» aussi prisé.
Diffusée par le réseau Global, une vidéo montrant l’accueil chaleureux auquel Stéphane Dion a eu droit tout récemment à une réception donnée par l’ambassade saoudienne l’illustre à merveille.
La Suède et la Hollande ont pourtant mis fin à toute transaction militaire avec l’Arabie saoudite. Le parlement européen réclame aussi un embargo sur la vente d’armes à Riyad. Au pays, les ex-ministres libéraux Irwin Cotler et Lloyd Axworthy dénoncent le contrat canadien.
Sous Brian Mulroney, le Canada s’était démarqué en imposant des sanctions économiques au régime abject d’apartheid qui sévissait en Afrique du Sud. En 2016, cesser de courber l’échine devant les princes saoudiens serait un geste phare tout aussi signifiant.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé