Les hauts cris d’indignation lancés par tous les partis d'opposition lors du dépôt du budget n'ont pourtant pas empêché pour autant son adoption le 30 novembre 2012 à l'Assemblée nationale. Le budget du ministre des Finances Nicolas Marceau a donc été adopté par 49 voix contre 48, l'absence de 22 députés libéraux lors du vote ayant ainsi permis au gouvernement minoritaire de Pauline Marois de survivre au vote.
Un scénario annoncé d’avance par le chef par intérim du PLQ, Jean-Marc Fournier, qui avait déjà indiqué, en ces termes, qu'il laisserait passer le budget même s'il le dénonçait, particulièrement au niveau de ce que M. Fournier qualifie de « promesses reniées » : « Nous considérons qu'il serait abusif et irresponsable de déclencher des élections dans les 100 premiers jours suivant une élection ».
De son côté, je dois reconnaître au chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, dont le jugement laisse souvent pantois, qu’il frappe en plein dans le mille lorsqu’il raille la stratégie libérale de dénoncer le gouvernement tout en permettant son maintien au pouvoir, alléguant que l’absence des 22 députés libéraux ne constitue qu’une manœuvre politique pour camoufler que le PLQ est actuellement sans chef et que le parti est, de surcroît, embarrassé sérieusement par les révélations de la commission Charbonneau.
Du total des 48 votes contre le budget, on compte donc
28 libéraux, 19 caquistes et 1 vote du député de Québec solidaire, Amir Khadir, dont le parti a décrié l'obsession de l'atteinte du déficit zéro et la taxation de la classe moyenne. L'autre députée de Québec solidaire, Françoise David, était absente de la Chambre pour défendre sa propre motion, déposée par l'intermédiaire de M. Khadir, estimant que le budget ne comportait pas suffisamment de mesures de justice sociale, laquelle motion n'a recueilli qu'un seul vote, soit celui de M. Khadir.
Avant le vote, en Chambre, le ministre Nicolas Marceau a justifié son approche prudente, en faisant valoir qu'il était fier d'avoir déposé le budget menant à l'équilibre budgétaire. «Ce budget n'aligne pas seulement le niveau des revenus et des dépenses, c'est un budget dans lequel le dosage des actions est équilibré. Nous avons respecté, avec les moyens disponibles, plusieurs de nos engagements, et ce, à l'intérieur d'un cadre financier prudent. C'est un budget de rigueur», a dit M. Marceau.
À mon sens, le véritable test auquel sera soumis le budget Marceau ressortira au grand jour lorsque le gouvernement déposera ses crédits la semaine prochaine, à savoir l’ensemble des dépenses prévues pour chaque ministère… une opération fort délicate qui risque de faire monter aux barricades des milieux « frileux » dont les octrois seront diminués, ce qui aura comme conséquence, entre autres, de fragiliser davantage le budget du sursis du ministre Marceau et nous conduire dans une session parlementaire où la traditionnelle guerre de tranchées ne fera que contribuer à créer un climat de stagnation néfaste et improductif à l’Assemblée nationale!
Henri Marineau
Québec
Le budget du sursis...
En attendant le dépôt des crédits
Tribune libre
Henri Marineau2095 articles
Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplô...
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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com
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1 commentaire
Marcel Haché Répondre
4 décembre 2012L’opposition caquiste et l’opposition libérale ont eu l’occasion de renverser le gouvernement. L’opposition des couards et l’opposition des lâches ne réagiront pas plus, ni moins bien sûr, à l’égard des crédits qu’à l’égard du dépôt du budget. Ils attendront un signal provenant d’Ottawa pour renverser le gouvernement. Et ils attendront longtemps. Très longtemps.
Une immense bataille est déjà engagée. Comme disait Sadam : la mère de toutes les batailles… Évidemment, ceux et celles qui en font profession depuis 40 ans, et qui s’appliquent soigneusement à arriver en retard à la bataille, chicaneront sur le détail des crédits comme sur le manque de mesures sôôôciales. On est pacifique comme progressiste, ou on l’est pas, n’est-ce pas ?