Photo : Le nombre d’étudiants fréquentant les cégeps anglophones comme celui de Dawson sera gelé par Québec.
Après avoir d’abord annoncé un moratoire de dix ans, le gouvernement Legault entend maintenant geler de façon permanente le nombre de places dans les cégeps anglophones.
• À lire aussi: Québec veut serrer (encore plus) la vis aux dirigeants unilingues
Le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, a déposé un amendement en ce sens, hier, dans le cadre de l’étude du projet de loi 96.
La modification pourrait être adoptée dès aujourd’hui, à la faveur de la majorité gouvernementale.
À l’heure actuelle, la réforme proposée par le gouvernement caquiste permet une hausse annuelle maximale de 8,7 % sur la croissance totale de la population collégiale, afin de respecter la démographie de la population anglophone.
Simon Jolin-Barrette propose maintenant de geler ce nombre à 30 834 étudiants, de façon définitive.
Québec souhaite ainsi inverser la vapeur : avec la croissance démographique, M. Jolin-Barrette prévoit que la population étudiante passera de 82,5 % du côté francophone en 2019 à 88,8 % en 2039.
La députée solidaire Ruba Ghazal a toutefois fait valoir que cette approche risque de créer un certain élitisme, puisque seule la « crème de la crème » des étudiants de langue française pourra désormais accéder à ces cégeps contingentés.
Trois cours en français
Le ministre Jolin-Barrette a également fait adopter un autre amendement, hier, qui obligera tous les étudiants des cégeps anglophones à réussir au moins trois cours en français pour obtenir leur diplôme d’études collégiales.
La mesure s’inspire d’une proposition présentée par le Parti libéral du Québec au printemps dernier.
La CAQ proposait de soustraire la minorité historique anglophone à cette obligation, mais ceux-ci ont finalement été inclus à la demande des libéraux.
Les trois cours devront être liés au programme d’étude. Autrement dit, ils ne pourront concerner l’éducation physique ou l’enseignement du français langue seconde.
Non à la loi 101
Avec ces mesures, Québec vient bonifier sa réforme de la Charte de la langue française, au moment où plusieurs critiques lui reprochent de ne pas aller un pas plus loin, en imposant la loi 101 aux cégeps.
Le député péquiste Pascal Bérubé a d’ailleurs échoué à faire adopter un amendement en ce sens hier.
« J’accuse ce gouvernement de non-assistance à une langue en danger », a déclaré le député, en pastichant une formule célèbre d’Émile Zola.
Un autre amendement a aussi été déposé hier. Il propose « que tous les hauts dirigeants aient une bonne connaissance de la langue française ».
Effet projeté du gel
Source : Gouvernement du Québec