Laïcité, une loi en vue, avec des notions claires, s.v.p. !

Tribune libre

Nous somme en plein débat sur la laïcité. Selon le gouvernement péquiste, une loi de la laïcité ou une charte des valeurs québécoises pointe à l’horizon et est prévue pour l’automne prochain.
La laïcité d’un État est un produit de l’histoire récente
La laïcité d’un État n’est jamais statique et terminée. Elle s’inscrit dans un processus de sécularisation qui évolue. Ici au Québec, la laïcité n’a pas fini de se modifier depuis la révolution tranquille des années 1960, où l’État québécois a pris en main la santé, l’éducation et les services sociaux. Jusqu’à cette époque, c’était l’Église catholique qui était le maître d’œuvre de ces grands secteurs de la vie publique du peuple québécois. Graduellement l’église s’est retirée de ces secteurs de la vie publique et a laissé ainsi à l’État québécois la charge et la gestion. Ce qui a permis la démocratisation de tous nos services publics, sans guerre civile, ni bain de sang. Soyons fiers de notre peuple et de notre Église qui ont su s’adapter. La laïcisation est dans les faits un produit de l’histoire récente qui a pris forme depuis la Déclaration universelle des droits de l’Homme en décembre 1948, à Paris, et des différentes chartes de droits et libertés à travers le monde.
Mais comment définir le caractère laïc d’une société ?
La laïcité est un grand principe d’unité nationale qui touche à proprement parler les institutions, les services publics et le personnel de l’État. Dans un État laïque, il ne saurait exister une religion civile contraignant les pouvoirs publics (comme en Angleterre, en Israël, tec.) ou une imposition d’un athéisme étatique comme dans les pays communistes de l’ex-URSS. . Au sens approprié, la laïcité est l’indépendance de l’État de tout pouvoir religieux, basée sur la dignité humaine, la liberté de conscience, l’égalité des femmes et des hommes, sans aucune discrimination due à la race, au sexe, à la langue, à la religion, à la culture, à un handicap, à l’âge et à l’orientation sexuelle.
La laïcité repose sur quatre grands principes
-* La séparation des églises et des religions de l’État
La laïcité ne vise pas à brimer les églises ou les religions, mais à assurer l’indépendance de l’État des pouvoirs religieux dans le but de favoriser la cohésion et la paix sociale. Cela évite à la fois toute discrimination ou favoritisme envers une religion donnée. Par exemple, l’introduction à l’Assemblée nationale d’un crucifix par Maurice Duplessis en 1936 était bien vue, à cette époque.
Dans ce contexte historique favorable, le crucifix démontrait la bonne entente qui régnait entre le gouvernement d’alors et l’Église catholique. Mais aujourd’hui cet objet de culte symbolise la non séparation de l’église et de l’État et va à l’encontre du principe de la laïcité de l’État québécois. Le gouvernement devrait simplement l’enlever et le conserver précieusement comme un objet patrimonial.

-* La neutralité des employés de l’État
Ce principe de neutralité s’applique à l'ensemble des employés des services publics y compris lorsqu'ils sont assurés par des organismes de droit privé subventionnés qui participent à une mission de services publics aux citoyens, comme les élus et fonctionnaires du gouvernement, des municipalités, des sociétés parapubliques et organismes financés par l’État, le personnel des hôpitaux, des institutions scolaires, des garderies et des centres de la petite enfance.
La loi devrait permettre de refuser à tout citoyen la demande d’être servi par un employé/fonctionnaire d’État selon ses croyances religieuses, soit par un homme ou soit par une femme. En plus la loi devrait tracer une ligne rouge à ne pas franchir concernant les accommodements religieux donnés ou à venir, d’autant plus qu’ils seront toujours conditionnés par des décisions de la Cour suprême, comme elle l’a fait en autorisant il y a quelques années le port du kirpan, le poignard rituel des sikhs, dans une école de Montréal. Aujourd’hui c’est un enfant, demain ce sera le professeur sikh qui réclamera un tel accommodement.
En accord avec les dispositions révisées du code du travail et du code civil, tous les employées et associés de l’État seraient donc soumis à des contraintes spécifiques comme celle de manifester leurs croyances religieuses par des signes extérieurs, en particulier vestimentaires et d’exercer toute forme de prosélytisme. L’interdiction pourrait aller jusqu’au licenciement de l’employé. La loi ne devrait pas intervenir au sujet de la présence de signes religieux dans les espaces publiques, mais pourrait aller jusqu’à prescrire l’obligation de circuler à visage découvert dans la rue et les lieux publics du Québec.


-* La non rémunération de ministres religieux
Il n’y a pas si longtemps, le catholicisme faisait partie intégrale de la société québécoise. Beaucoup d’entre nous on fait leur cours classique. Plusieurs parents envoient encore leurs enfants dans des écoles et des collèges privés subventionnés. La future loi devra affirmer clairement le principe de la laïcité de l’État. Ce qui n’est pas évident quand on parle de salariés et de subventions à des institutions religieuses.
Il n’est pas question de congédier du jour au lendemain tous les aumôniers d’hôpitaux, de prisons et de fraternités policières, les conseillers spirituels des écoles et des universités. Dans la plupart des pays européens, les églises sont aidées par des subventions directes de l’État ou par un impôt que les églises perçoivent comme en Allemagne. Ici, il y a toute une réflexion à faire à ce sujet.


-* La liberté religieuse et de culte
La loi de l’affranchissement de l’État du religieux ne doit pas brimer la liberté religieuse et de culte dans des édifices destinés à la prière et aux célébrations, comme les temples, les sanctuaires, les églises, les mosquées, les synagogues, etc. Cependant l’État ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte.
Doit-on continuer à placarder les enseignes publiques et bloquer des rues pour accommoder des groupes religieux? Sans une loi claire de la laïcité, au même titre que le code civil et le code du travail, c’est la porte ouverte à une spirale de réclamation d’accommodements religieux dits raisonnables. Il ne faut pas se le cacher, toute intégration des minorités ethniques et religieuses comporte son lot de résistances et de difficultés.
Le principe de l’égalité et de la paix sociale doit transcender et restreindre dans tous services publics le doit de la liberté religieuse et des croyances, que l’on pense aux parcs, aux piscines, aux sales de cinéma, aux tenues vestimentaires sportives, à la sécurité au travail, aux fermetures de rue pour la prière, etc.
Le multiculturalisme européen, en France, en Allemagne, au Royaume-Uni, etc., ne fonctionne plus, car des quartiers entiers de certaines villes ne sont plus desservis par les policiers et les ambulanciers. Ce qui est inacceptable ! Une autre réalité qui me dérange énormément est le fait que nos gouvernements endossent les politiques religieuses kacher et hallal obligeant nos entreprises, qui ne sont pas dans le domaine de l’alimentation, d’obtenir leur certification au coût de milliers de dollars si elles veulent obtenir des contrats et demeurer en affaires. Lire à ce sujet un de mes articles antérieurs.


Il y a quelques jours, le Parti libéral a proposé de faire changer la journée des prochaines élections à date fixe, prévue le 3 octobre 2016 dans le projet de loi sur les élections... la raison pour éviter un conflit avec la fête juive Roch Hachana. Mais d’où vient cette idée de donner préséance à la date d’une fête religieuse sur une loi gouvernementale? Pourquoi cet aplaventrisme libéral devant le lobby sioniste? Voyez-vous comme moi une manipulation ou une collusion éhontée qui sème encore une fois la confusion dans nos esprits? Il est, en effet, temps d’avoir une loi de la laïcité claire et précise pour mettre fin à toutes ces tergiversations.
J’espère que le ministre responsable Bernard Drainville respectera son devoir de neutralité et ira jusqu’au bout des implications de la laïcité pour nous présenter une législation limpide qui dictera la voie à suivre autant à nous qu’aux nouveaux arrivants face à la laïcité, et qui garantira ainsi la paix et la cohésion sociale, dans un Québec laïque, progressiste, démocratique et moderne.

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Marius Morin130 articles

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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    4 août 2013

    Bonjour Marius,
    J'ai choisi ce moyen de communication pour te rejoindre. Pourrais - tu
    communiquer avec moi . J'ai un conseil à te demander.
    Cordialement
    André Desbiens
    desbiensandre@hotmail.com
    450-625-4188

  • Marius Morin Répondre

    13 juin 2013

    Encore une fois, les signes politico-religieux dans les sports produisent toutes sortes de tergiversations dans les médias jusqu’à la première ministre du Québec et Ottawa. Une loi avec des concepts clairs sur la laïcité est de plus en plus urgente. Elle devra définir les compétences et l’indépendance du Québec en cette matière.

  • Archives de Vigile Répondre

    9 juin 2013


    Il y a quelques jours, le Parti libéral a proposé de faire changer la journée des prochaines élections à date fixe, prévue le 3 octobre 2016 dans le projet de loi sur les élections... la raison pour éviter un conflit avec la fête juive Roch Hachana.
    Les motivations de Couillard sont plutot en rapport avec cette nouvelle

    Mise à jour: 26 mai 2013 | 23:03
    Des militants anglophones de Montréal pourraient bien former un Parti égalité 2.0. Une cinquantaine de personnes étaient réunies dimanche, selon Radio-Canada, lors d’une assemblée visant à recréer le parti, fondé en 1989 en opposition aux initiatives linguistiques de l’ex-premier ministre Robert Bourassa.
    Couillard as peur que la communauté juive laisse le parti libéral de coté comme ce fut le cas pour Bourassa et rejoigne Galganov et Libman dans le nouveau parti égalité.
    Son refus après avoir accepter les élections a date fixe n'est que du communautarisme visant a ne pas perdre le vote de la communauté juive et le vote anglophonne.
    En accusant le parti québécois d'être intolérant `les libérastes nous rejouent la vielle cassette fédéraliste qui est le fond de commerce des libéraux et de leur alliés du roc
    Mais c'est une arme a deux tranchants qui vas leur couter cher car les libéraux ont besoin du vote des francophonnes qui trouvent que les accos ça commence a faire et apres en avoir donner beaucoup ils réalisent qu'ils n'ont recu que des accusations d'intolérance en échange...accusation reprises et entretenus par les libéraux aupres des différentes ethnies

  • Archives de Vigile Répondre

    7 juin 2013

    Il y a quelques jours, le Parti libéral a proposé de faire changer la journée des prochaines élections à date fixe, prévue le 3 octobre 2016 dans le projet de loi sur les élections... la raison pour éviter un conflit avec la fête juive Roch Hachana.
    Je vais demander a mon évesque d'intervenir aupres de Couillard et du parti libéral pour qu'il n'y ai pas d'élection municipale le dimanche.
    Le dimanche étant la jour du Seigneur et un jour férié pour ma religion ..pensez vous que les libéraux et Couillard vont accepter la requête de mon évesque ?
    Sais pas ..mais j'ai comme l'impression qu'il vont l'envoyer promener mon évesque.
    La libérasserie de Couillard se couvre encore une fois de ridicule