Le Québec s'en va nulle part

La transformation du Québec

Absence de création de richesses

Chronique de Peter Benoit

Le PM Couillard était fier d'annoncer récemment que le redressement tirait à sa fin pour faire du Québec une province "transformée" : Un taux de chômage faible, des finances publiques qui génèrent des surplus importants et une croissance économique à la hausse dans un contexte d'immigration massive qui serait une source "inépuisable de richesses".
Or, l'analyse des données publiées par Statistique Canada sur le revenu disponible des ménages au Canada entre 2005 et 2015 permet de dresser un tableau bien plus nuancé, sinon inquiétant de la situation. Le Québec apparaît à l'avant-dernier rang juste au-dessus du Nouveau-Brunswick avec un revenu médian d'un peu plus de 59 000 $.
Évidemment, plusieurs gorges chaudes ont aussitôt réclamé du Québec qu'il mette la hache dans ses dépenses gouvernementales, mais comparer une province à une autre est beaucoup plus subtil qu'il n'y parait puisqu'il faut tenir compte de la parité du pouvoir d'achat. Ainsi, le Québec avec ses bas coûts d'électricité, ses frais de scolarité peu élevés, etc. s'en tirerait beaucoup mieux. Mais là n'est pas l'essentiel de mon propos...
Le Québec a enregistré une augmentation d'environ 9% de son revenu disponible médian en 10 ans. Toutefois, l'essentiel de ce gain a été réalisé entre 2005 et 2008 lors de l'augmentation presque record de 2,5 G $ de la péréquation au Québec et de la reprise économique marquée par des prix élevés favorables des matières premières. Par la suite, après la crise financière de 2008, le revenu disponible médian est resté à peu près inchangé au Québec.
Même dans un contexte de faible croissance du PIB entre 2008 et 2015, la stagnation du revenu disponible médian signifie que les inégalités des revenus se sont nécessairement accrues au Québec. Un revenu disponible médian qui stagne indique également qu'il n'y a pas de création de richesses depuis 2008 au Québec. Au mieux, certains secteurs économiques en croissance ont compensé pour d'autres en déclin, mais globalement la somme est nulle.
Une autre statistique intéressante a trait au revenu disponible par ménage selon certaines tranches de revenu (pauvres, classe moyenne, riches). Ainsi, au Québec, 69% des ménages gagnent 50 000 $ et moins, 26% entre 50 000 et 100 000 $ et 5% gagnent plus de 100 000 $. Il faut rappeler ici que le revenu disponible est le revenu moins les taxes et impôts, pas le revenu brut.
Évidemment, la définition de ce qu'est la classe moyenne est sujet à discussion car le revenu disponible ne tient pas compte des actifs. Ainsi, un couple retraité sans personne à charge avec un revenu modeste entre 40 000 et 50 000 $, mais qui possède une maison entièrement payée, pourrait encore être inclus dans la classe moyenne. Notre 26% pourrait donc être un 30%.
Toutefois, il fut un temps où le revenu disponible médian augmentait avec des écarts de richesses moins prononcés en utilisant les mêmes statistiques; cette classe moyenne s'établissant au-delà de 40%. Quoi qu'il en soit, il faut conclure que la principale conséquence des actions des gouvernements Charest-Couillard depuis 2003 est la destruction et le déclin de la classe moyenne au Québec.
Tel que déjà mentionné dans une chronique précédente, la croissance du PIB du Québec entre 2014 et 2017 est due essentiellement à la croissance démographique de 4,4% entre ces années, soit l'immigration massive présentement en cours. Tant que l'essentiel de la croissance du PIB proviendra de la croissance démographique, cela entraînera le revenu disponible à la baisse (au mieux, à sa stagnation) et creusera le fossé entre les inégalités de revenu, soit à un rétrécissement accru de la classe moyenne.
À ce rythme, les finances publiques seront dans une situation intenable d'ici quelques dizaines de mois seulement, malgré ce que le gouvernement Couillard veut bien admettre. Politiquement, il y aura assurément des "transformations" à venir et des choix douloureux à faire. C'est à suivre...
Déjà, QS exulte à la baisse anticipée du revenu disponible et à l'accroissement des écarts entre riches et pauvres; ce qui se traduira par un élargissement de sa base électorale potentielle. On comprend alors le soutien éhonté de QS aux politiques du PLQ.
Et s'il fallait que le PQ prenne le pouvoir et freine le déclin de la classe moyenne au Québec au détriment des intérêts de QS... Voilà l'ennemi à abattre !


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