Les accusations des Démocrates de Suède contre le multiculturalisme séduisent à Södertälje, où réside une forte population d’origine étrangère. La formation pourrait devenir le deuxième parti du pays dimanche aux législatives.
«L’Etat-providence est basé sur l’homogénéité culturelle. La Suède a essayé de combiner deux choses incompatibles : le multiculturalisme et l’Etat-providence», soutient Linus Bylund, ancien bras droit d’Akesson.
Une famille d’origine jordanienne passe devant le stand du parti d’extrême droite Démocrates de Suède (SD), à Södertälje, ville industrielle à 30 kilomètres de Stockholm. Beata Milewczyk, la tête de liste locale, salue chaleureusement l’entraîneur de foot de son fils. Avant de se lancer dans un discours de dédiabolisation de son parti : «Moi aussi, je suis immigrée. Je ne vais pas m’expulser moi-même du pays !» lance, en riant, cette femme d’origine polonaise. […]
Beata Milewczyk partage le stand avec Aspnak Mansy, jeune femme copte d’Egypte arrivée en Suède en 2011 et qui a rejoint les SD il y a trois mois. Comme elles, de plus en plus de Suédois d’origine étrangère (nés dans un autre pays ou dont les deux parents sont nés à l’étranger) soutiennent le parti d’extrême droite, de 2 % en 2014 à 12 % cette année. Des chiffres surprenants pour une formation qui souhaite limiter le droit d’asile aux ressortissants des pays voisins et mettre fin aux allocations pour les nouveaux arrivants. «Le débat public voit les immigrés comme un seul groupe, mais beaucoup d’entre eux sont très bien intégrés et perçoivent l’immigration plus récente comme une menace», explique Osten Walbeck, spécialiste de ces questions.
La ville de Södertälje illustre cette hétérogénéité. Les chrétiens réfugiés du Moyen-Orient représentent un tiers de la population et 53 % des habitants sont d’origine étrangère, venus par vagues depuis les années 70. C’est aussi une des communes du comté de Stockholm qui a reçu le plus de votes pour les SD en 2014. […]