(Québec) La Société nationale de l'amiante n'en finit plus de mourir. Son abolition a été décidée et votée il y a 10 ans. Surprise, elle a présenté un rapport d'activité à l'Assemblée nationale la semaine dernière!
L'abolition de la Société nationale de l'amiante est prévue depuis 2005. Sa disparition avait été programmée en mai de cette année-là, tout juste après le dépôt du rapport du Groupe de travail sur l'examen des organismes gouvernementaux, lequel avait été présidé par Thomas J. Boudreau.
En décembre 2005, les élus de l'Assemblée nationale passent de la parole aux actes. Ils adoptent le projet de loi 120 autorisant le gouvernement à procéder à sa dissolution par décret.
Nouvel élément en juin 2010 : le conseil d'administration de la Société nationale de l'amiante approuve sa liquidation, ainsi que celle de sa filiale, Mines SNA.
En date d'aujourd'hui, le décret devant concrétiser l'abolition de cette société d'État n'a toutefois jamais été présenté, a appris Le Soleil.
«Le processus de liquidation et de dissolution est actuellement en cours», lit-on dans le rapport d'activité 2013-2014.
Le fameux décret ne sera présenté et avalisé par le gouvernement que lorsque la liquidation aura été complétée, explique-t-on au ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles du Québec.
Le financement de la Société nationale de l'amiante ne s'effectue plus que par l'octroi de subventions du gouvernement du Québec sur une base ponctuelle et en fonction des besoins, précise le rapport d'activité déposé la semaine dernière au milieu de plusieurs autres.
La présidente du conseil d'administration de la Société nationale de l'amiante, Lucie Ste-Croix, est cadre au ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles.
Entre volonté et réalité
En 2010, la présidente du Conseil du trésor d'alors, Monique Gagnon-Tremblay, avait employé des mots qui trouvent un écho particulier aujourd'hui. Elle justifiait devant ses collègues la nécessité d'abolir 28 organismes, dont la Société nationale de l'amiante - une opération non encore réalisée à cette époque malgré l'adoption cinq ans plus tôt du projet de loi 120.
L'abolition d'organismes était vue comme un pas significatif dans la réorganisation de l'État. «On sait que le Québec s'en va droit dans le mur, disait MmeGagnon-Tremblay. Nous faisons un virage historique. Le Parti libéral change la direction du paquebot. Ça va faire des vagues. On sait que ça va faire des vagues... Mais je peux vous dire qu'on ne se laissera pas distraire par les vents contraires.»
Pour certains, l'existence de la Société nationale de l'amiante - même réduite à sa plus simple expression - illustre les difficultés à changer les choses. Et le fossé qui peut exister entre une volonté gouvernementale et une réalité souvent complexe.
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