La situation démographique avive les enjeux de l'immigration au Québec

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Le feu est pris !

Alors que le taux de fécondité poursuit son déclin et que le vieillissement de la population s'accentue au Québec, l'enjeu de l'accueil des immigrants est placé à l'avant-plan, suscitant des débats sur l'économie, l'identité, la culture et la langue dans la province.

L'Institut de la statistique du Québec (ISQ) a annoncé à la fin du mois dernier que l'indice synthétique de fécondité s'était établi à 1,6 enfant par femme en 2015 - une baisse de 1 % par rapport au niveau de 2014 -, marquant un recul pour la sixième année consécutive.

Bien que ce chiffre ne semble pas anormalement bas, la province doit aussi tenir compte du vieillissement de la population et du manque de main-d'oeuvre qualifiée.

Québec estime qu'environ 1,1 million de travailleurs auront pris leur retraite entre 2013 et 2022, et selon un document récemment publié par le ministère de l'Immigration, cette situation «souligne la nécessité de réaffirmer le rôle de l'immigration et de sa contribution au Québec».

Cependant, les immigrants ne sont pas répartis équitablement partout dans la province. Selon Statistique Canada, d'ici 2031, les minorités visibles représenteront 31 % de la population de Montréal, mais pas plus de 5 % ailleurs au Québec.

Le démographe de l'Université de Montréal Marc Termote se dit «très, très inquiet» des divisions culturelles et linguistiques entre la métropole et le reste des municipalités québécoises.

«C'est une cassure vraiment profonde entre Montréal et le reste du Québec», a-t-il constaté.

Il a cité l'exemple de Brossard, en banlieue sud de Montréal, qui abrite plus d'immigrants que Québec, la capitale et la deuxième ville la plus populeuse de la province.

M. Termote s'est par ailleurs désolé que tous les gouvernements répandent le «mythe» voulant que l'augmentation des niveaux d'immigration aide à combler le manque de main-d'oeuvre.

«Toutes les études montrent que l'impact économique de l'immigration est nul», a-t-il soutenu.

«Il y aura des pénuries, mais ce seront des pénuries très ponctuelles, dans des secteurs bien spécifiques. Et ce n'est pas en ajoutant 10 000 immigrants de plus qu'on va régler cette pénurie-là. (...) Ce n'est pas par une politique générale qu'on règle le problème», a-t-il ajouté.

Montréal a du mal à intégrer les immigrants qu'elle a déjà accueillis, alors que le taux de chômage pour les résidants nés à l'extérieur du pays se situe à 11 %, comparativement à sept pour cent pour ceux qui sont nés au Canada.

Par rapport aux autres provinces, le Québec contrôle davantage ses politiques d'immigration. La province sélectionne ses immigrants en fonction de la langue; 61,3 % des immigrants arrivés entre 2010 et 2014 étaient francophones.

Cette politique aide à préserver le caractère distinctif du Québec, mais elle crée également des tensions, selon M. Termote.

«Le bassin d'immigration francophone, ce n'est pas la France, la Belgique ou la Suisse francophone. Le bassin francophone, c'est essentiellement l'Afrique francophone - l'Afrique subsaharienne et le Maghreb -, ce qui a des implications (culturelles)», a-t-il indiqué.

Mais il y a aussi des conséquences politiques, a souligné Daniel Weinstock, directeur de l'Institut de recherche sur les politiques sociales et de santé de McGill.

Selon M. Weinstock, la province est témoin d'un «évidemment» de la position nationaliste modérée sur l'immigration et la diversité qui avait caractérisé les discours politiques dans la province, depuis les années 1960 et au temps de René Lévesque.

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