La proposition alambiquée de Nicolas Marceau

La roulette russe

Tribune libre

Le PQ nous en aura fait voir de toutes les couleurs depuis sa fondation. Cette fois-ci, nous avons atteint le summum de l’incohérence avec la proposition alambiquée de Nicolas Marceau et de deux autres députés. Selon nos trois mousquetaires, la solution pour briser le « monopole libéral » et « régler la question nationale une fois pour toutes » réside dans le fait de proposer officiellement aux Québécois deux choix : un Québec indépendant ou un Canada renouvelé, autrement dit, une sorte de souveraineté association, version 2016.

Et, pour ajouter plus de piquant à ce scénario burlesque, nos trois lurons sont convaincus que l’offre du fédéral [s’il y en a une…] ne recevra pas l’aval des Québécois, si bien que le choix d’un Québec indépendant ira de soi…aussi simple que ça !

Toutefois, à mon sens, Ottawa n’embarquera pas dans ce jeu de négociation constitutionnelle avec Québec, ce qui aura pour conséquence que les Québécois se retrouveront devant un troisième choix venant du fédéral, à savoir le statu quo. Imaginez cette fin de tragi-comédie où les Québécois optent pour le statu quo et que, par ricochet, le PQ devient l’instigateur de sa propre défaite.

En réalité, j’ai l’impression que cette « stratégie » revêt toutes les caractéristiques d’un jeu dangereux. Que le PQ demande au gouvernement fédéral de nous présenter un « Canada renouvelé » relève de l’utopie. C’est le jeu de la roulette russe qui risque que la « cartouche » du statu quo se retrouve en direction du canon au moment de la détente !

Henri Marineau
Québec

Featured 19e390a78eaf9d290f5b6b4a1e389e83

Henri Marineau2094 articles

  • 1 473 090

Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





Laissez un commentaire



3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    6 juin 2016

    @ James A. Wilkins
    "J’en conviens que certains détails restent à bonifier mais SVP proposer quelque chose de mieux au lieu de critiquer sans alternative."
    Je me considère comme un référendiste invétéré...oui à une question claire dans le premier mandat.

  • Normand Paiement Répondre

    2 juin 2016

    Monsieur Marineau,
    C'est la saison des idées au PQ en ce moment, d'après ce que vous et moi constatons. Il en pleut à boire debout, même, au point où il est à espérer qu'il y en aura une de bonne dans le lot! Quand j'apprends notamment que Nicolas Marceau est prêt à se faire l'apôtre du «fédéralisme renouvelé», j'ai la désagréable impression que les élus péquistes se comportent comme des poules sans tête qui courent dans tous les sens! Si encore ils évitaient de se donner en spectacle sur la place publique...
    C'est à se demander d'ailleurs si ceux et celles qui aspirent à diriger ce parti n'ont pas vendu leur âme au diable en sacrifiant ostensiblement sa raison d'être sur l'autel de la rectitude politique et du désir maladif de plaire à tout le monde, comme je l'ai écrit ailleurs (http://vigile.quebec/Le-desir-maladif-de-plaire-aux). Autant je trouve la démarche de M. Wilkins à ce point intéressante que j'ai invité M. Marceau à en prendre connaissance (voir ci-dessous), autant j'estime que le PQ n'a pas à défendre l'indéfendable!
    Qu'il pousse ses adversaires à sortir de leur réserve, je veux bien. C'est une stratégie risquée, mais qui a l'avantage de remettre la question constitutionnelle à plat en obligeant les fédéralistes à défendre leur option. Une fois n'est pas coutume! Mais de là à faire cette démarche à leur place, comme semble vouloir le faire M. Marceau, là je ne suis plus d'accord. Faudrait quand même pas charrier!
    Le PQ tergiverse depuis bientôt 50 ans sur la question de l'indépendance, il me semble que ça suffit! Ses leaders empruntent inconsciemment des chemins tortueux et font en permanence des détours inutiles au lieu d'affronter directement les problèmes. S'ils espèrent sincèrement faire un jour du Québec un pays, ils devront impérativement briser la barrière psychologique qui les empêche encore et toujours d'aller droit au but!
    Hélas! nous n'en sommes pas encore là, apparemment...
    Cordialement,
    Normand Paiement
    PS - Pour votre information, voici ma réaction à l'article intitulé "PQ : trois députés veulent donner une chance à un «Canada renouvelé»"‏, que j'ai fait parvenir à Nicolas Marceau:
    Monsieur Marceau,
    L'article du quotidien La Presse mentionné en en-tête (http://www.lapresse.ca/actualites/politique/politique-quebecoise/201605/30/01-4986571-pq-trois-deputes-veulent-donner-une-chance-a-un-canada-renouvele.php) n'a pas manqué de m'interpeller. Pour être franc, je ne vois pas pourquoi il appartiendrait au Parti québécois de faire la promotion d'un "Canada renouvelé"!
    S'il vous plaît, laissez aux fédéralistes le soin de faire ce travail et permettez-moi de vous suggérer plutôt la version "améliorée" que voici de votre proposition, qui a le mérite de vouloir briser le statu quo constitutionnel actuel:
    Que pensez-vous en effet de la "stratégie du choix" suggérée il y a quelques mois par M. James A. Wilkins (http://vigile.quebec/Nouvel-article-No-73649)?En résumé, il s'agirait d'amener le camp « Oui Québec » et le camp « Oui Canada » à s'affronter dans le cadre d'un éventuel référendum qui comporterait une question double du genre:
    Voulez-vous que le Québec devienne un pays indépendant et souverain en adoptant sa propre Constitution?
    ou
    Voulez-vous que le Québec reste membre à part entière du Canada en signant la Constitution canadienne de 1982?
    Ou, comme le député de Marie-Victorin Bernard Drainville le suggérait déjà en août 2014 (http://bernarddrainville.org/.../08/13/province-ou-pays/), la question posée aux Québécois(es) pourrait se lire comme suit dans sa version simplifiée :
    Voulez-vous que le Québec :
    – demeure une province du Canada?
    – devienne un pays indépendant?
    En offrant pareil choix aux électeurs, vous mettriez inévitablement les libéraux (ainsi que tous les fédéralistes) sur la défensive en obligeant ces derniers à défendre ouvertement leur option – eux qui, en se contentant de brandir le mot "référendum" comme un épouvantail à moineaux, ont su jusqu'à maintenant éviter comme la peste toute discussion sur les "avantages" qu'il y a à rester dans le Canada!
    De la sorte, chacun des deux camps serait (enfin!) contraint de mettre cartes sur table.
    Une telle question, si elle était posée dès à présent à la population, aurait en outre l'avantage de dédramatiser la situation actuelle. En effet, cela permettrait non seulement de briser enfin le tabou que représente encore et toujours le terme "référendum", mais aussi et surtout de trancher définitivement la question, comme vous le souhaitez, de savoir si les Québécois veulent continuer de faire partie du Canada ou s'ils veulent voler désormais de leurs propres ailes sur la scène internationale...
    À n'en pas douter, cette question double aurait pour effet de mobiliser la population québécoise tout entière en vue des élections de 2018 et en vue de la consultation populaire qui s'ensuivrait peu après. Il serait d'ailleurs intéressant de voir comment les dirigeants du PLQ et de la CAQ s'y prendraient pour défendre leur position constitutionnelle respective. Après tout, comme ne cesse de le répéter l'ingénieur Jean-Jacques Nantel dans sa série de vidéos (dont celle-ci: https://www.youtube.com/watch?v=zLjKgaRgB0U), ce ne sont pas les arguments économiques qui manquent en faveur de l'indépendance du Québec!
    La meilleure offensive étant encore l'attaque, comme chacun sait, une initiative de ce genre constituerait à coup sûr le meilleur moyen pour vous et le ou la futur(e) chef du PQ de déstabiliser vos adversaires et de lutter efficacement contre la politique d'austérité du gouvernement Couillard et la corruption qui est devenue la marque de commerce du PLQ. En mettant d'abord résolument le cap sur l'indépendance au moyen de la stratégie évoquée ici, vous feriez d'une pierre deux coups: vous couperiez l'herbe sous les pieds des caquistes de François Legault et vous amélioreriez par la même occasion vos chances de convaincre la société civile de la nécessité de se libérer définitivement des libéraux... et du Canada, tout en faisant du Québec un pays riche et prospère!
    Qu'en dites-vous?
    Cordialement,
    Normand Paiement
    Traducteur, auteur d’un ouvrage en préparation sur l’avenir du Québec

  • James A. Wilkins Répondre

    1 juin 2016

    La proposition que vous qualifié d'alambiquée joue franc jeu. Avez vous peur de notre argumentation?
    Pensez-vous que les Québécois sont aliénés à ce point?
    Qu'avez vous à proposer pour dénouer l'impasse?
    Sortez de la bulle SVP. D'accord avec vous que le Federal ne passera pas le test. Ne voulez -vous pas en faire encore la démonstration comme passage encore obligé??
    Ce manque de confiance avec les faits et la vérité sur une stratégie noble et honnête me sidère !
    J'en conviens que certains détails restent à bonifier mais SVP proposer quelque chose de mieux au lieu de critiquer sans alternative.
    En tout respect cher indépendantiste