Il ne peut y avoir de souveraineté politique, culturelle et linguistique pour quelque pays que ce soit sans une souveraineté économique digne de ce nom et encore plus pour des pays en voie de développement et des petits pays comme le Québec.
Dans l’indifférence… et même l’enthousiasme
Alors que d’autres pays beaucoup plus puissants que le Québec et le Canada refusent carrément que soient vendus à l’étranger des joyaux nationaux, au nom de l’intérêt stratégique et de la sécurité nationale, ici au Québec, c’est dans l’indifférence et plus souvent dans l’enthousiasme que sont cédés à des étrangers nos instruments collectifs.
Aux États-Unis, en Europe, on s’offusque plus qu’au Canada de prises de contrôle par des étrangers. J’ajouterais que les intérêts des Québécois et des Canadiens sont généralement opposés à celui des actionnaires et des dirigeants et qu’en Europe et aux États-Unis, l’État intervient souvent pour bloquer des ventes d’entreprises nationales à l’extérieur.
Vous vous dites sûrement pourquoi alors, si les autres le font et vont même jusqu’à la nationalisation directe ou indirecte, avec une forte participation de l’État qui lui donne le contrôle effectif ou un droit de veto sur la vente à l’étranger de compagnies, nous ne le faisons pas ici et encore plus compte tenu de la petitesse de notre secteur économique et de sa vulnérabilité face aux multinationales étrangères beaucoup plus imposantes et dotées de moyens financiers infinis?
Eh bien, la raison est simple : nous sommes dirigés par des politiciens à la fois vendus et ignorants qui ont principalement à cœur leur propre personne et celle de leurs amis, et non l’intérêt supérieur de la majorité.
Jean-Paul Gagné, champion toutes catégories
Le comble de l’imbécillité et de la soumission la plus totale est Jean-Paul Gagné, l’éditeur du journal Les Affaires. Dans son éditorial du 1er juillet 2006, intitulé : «Vente d’Inco et de Falconbridge : Ottawa doit dire oui», il a écrit : « Un veto d’Ottawa enverrait un mauvais message (sic) dans les marchés financiers et notamment à Washington (sic), où on voit le Canada un peu (je dirais même beaucoup) comme le prolongement (je dirais même la colonie) des États-Unis (sic). Toute transaction qui affaiblit notre souveraineté économique est difficile à accepter (sic) mais le système économique dans lequel nous vivons nous oblige (vous m’en direz tant!) à accepter (faut se soumettre sans rechigner) les règles du jeu (quelles règles?) qui l’accompagnent ». Faut le lire pour le croire !
Heureusement, d’autres ont une autre compréhension du phénomène. Dans un article du Journal de Montréal du 5 décembre 2001 titré : «Le président de CGI s’inquiète des trop nombreuses ventes d’entreprises à des étrangers», Serge Godin déclare que : «Les ventes très nombreuses d’entreprises québécoises et canadiennes à des intérêts étrangers m’inquiètent beaucoup. Je suis persuadé que ces déplacements de centres de décision vers l’extérieur ont un effet nocif sur notre économie, sur l’emploi, sur notre capacité d’établir le maximum de synergie entre nos entreprises pour générer la richesse chez nous.».
Nike accroche les patins de Gaétan Boucher
Le cas de la vente de Bauer à Nike l’illustre bien comme le décrit cet article de Simon Drouin paru dans La Presse du 7 juin 2001 et intitulé : «Bauer Nike Hockey retranche Gaétan Boucher». On peut y lire ce qui suit : «Le congédiement de M. Boucher, 43 ans, fait partie d’une restructuration des activités de Bauer Nike Hockey au Québec. Au terme de cette opération, l’usine de Saint-Jérôme comptera 135 employés de production et 72 employés de bureau. Lors de l’achat de Bauer par le géant américain Nike en décembre 1994, 1200 personnes y travaillaient.
Bauer Nike Hockey compte aussi vendre ou louer une portion considérable de l’édifice de Saint-Jérôme. Quant au siège social de Montréal, il fermera ses portes à la fin du mois. Le congédiement de Gaétan Boucher (le plus grand médaillé québécois de l’histoire des Jeux Olympiques) fait partie de notre plan de restructuration et, comme tous les autres employés, c’est très malheureux, a dit Michelle Mc Sorley, porte-parole de Bauer Nike Hockey».
Il y a beaucoup d’autres exemples. Au cours des dernières années, la vente d’entreprises québécoises présentes dans des secteurs stratégiques pour l’émancipation de la province et surtout de compagnies qui furent jadis propriété de tous les Québécois par le biais de l’État et de ses sociétés d’État comme la Caisse de dépôt et placement, la Société générale de financement, la Société de développement industriel devenue Investissement Québec, Dofor, Soquia, Soquem, etc. s’est multipliée au nom de dogmes creux comme la mondialisation, le libre-échange, l’État minimal non-interventionniste, les supposées lois naturelles du marché, l’adaptation, le modernisme et d’autres conneries du même genre.
La liste est longue, longue, longue
Prenons le cas de quelques entreprises québécoises qui étaient détenues directement (contrôle légal) ou indirectement (contrôle effectif) par le gouvernement du Québec comme Biochem Pharma vendue en 2001 pour 5,9 milliards$ à l’anglaise Shire Pharmaceuticals; Provigo, le plus important détaillant et grossiste en alimentation au Québec, vendue en 1998 pour 2 milliards$ à l’Ontarienne Loblaw et à sa compagnie-mère George Weston; Cambior, le plus important producteur d’or québécois, vendue au mois de septembre 2006 à l’ontarienne Iamgold pour 1,3 milliards$, Domtar, la plus importante papetière québécoise, vendue au mois d’août 2006 à l’Américaine Weyerhaeuser pour 3,3 milliards$ et Sico, le plus important fabricant québécois de peinture, vendue au mois d’avril 2006 au néerlandais Akzo Nobel pour 288 millions$.
Faute d’espace, je n’aurai pas le temps de vous parler de plusieurs autres compagnies québécoises vendues récemment à des étrangers, comme Bombardier Capital, Bombardier Récréatif, La Senza, Maax, Softimage, Dollarama, Delisle, Vachon, Multi-Marques, Gadoua, UAP, Le Groupe Commerce, La Laurentienne Générale Assurances, Meloche Monnex, Bélair Direct, Ivaco, Unibroue, Sports-Experts, Réno-Dépôt, Urgel Bourgie, C-Mac, Sabex, Nova Bus, Prévost Car, Cinar, Sodisco, Culinar, Microcell et Fido, Télésystèmes Mobile, Intersan, Jean-Marc Brunet, Adrien Gagnon, Technilab, Celmed, Bauer, les Alouettes et le Canadien de Montréal, Molson, Corby, Seagram, les papetières Donohue, Stadacona, Alliance, Forex, Foresbec, Avenor, Repap, Cartons St-Laurent, Consolidated-Bathurst, Abitibi-Consol, etc. Et cette liste est loin d’être exhaustive.
Je leur lance un défi !
Je mets au défi tous ceux qui nous disent que les compagnies québécoises peuvent aussi acheter des étrangères de me préparer leur énumération. Il ne faut pas être une lumière pour comprendre qu’à ce petit jeu tronqué, les multinationales étrangères, qui sont mille fois plus grandes vont tout ramasser ce qui les intéresse au Québec dans le temps de le dire, incluant Van Houtte, Québécor, Jean Coutu, Rona, Métro, la Banque Nationale, Cogeco, Transcontinetal, Cascades et même CGI alors que les nôtres vont acheter de petites et moyennes entreprises ici et là.
Dans mes prochains articles, vous allez pomper avec moi, car vous allez voir comment la vente de nos instruments collectifs qu’étaient Biochem Pharma, Provigo, Domtar et Cambior ont enrichi de minables petits affairistes d’ici qui ont réussi à s’abroger, sans que ça leur coûte une maudite cenne noire, ces quatre compagnies publiques québécoises avec la complicité de vos politiciens.
Quatre cas de privatisation
1er cas : Biochem Pharma
La privatisation, et la vente à l’étranger qui s’ensuivit, de joyaux collectifs québécois, comme Biochem Pharma, Provigo, Domtar et Cambior, s’est effectuée au nom de dogmes primaires et n’a profité qu’à quelques petits affairistes minables.
La prestigieuse revue The Economist a dit récemment que la vente de sociétés québécoises et canadiennes à l’étranger aurait soulevée des passions et une levée de boucliers ailleurs. Ici, rien, même que ça se fait dans l’enthousiasme. Faut être arriérés et colonisés pas à peu près.
L’ancêtre de Biochem Pharma était l’Institut Armand Frappier, un organisme étatique au Québec rattaché au réseau de l’Université du Québec. C’est cet organisme de recherche public qui, à l’aide uniquement de fonds et de chercheurs publics, avait inventé, entre autres, le plus célèbre médicament pour lutter contre sida, le 3TC.
Cette société était un succès total. Puis, le gouvernement du Québec, au nom de l’idéologie néolibérale, l’a privatisée et la compagnie a changé de nom pour Biochem Pharma. On a mis en place des faiseux qui l’ont inscrite en Bourse et qui se sont naturellement octroyés des mégas parachutes dorés composés d’options d’achat d’actions, de caisses de retraite et d’indemnités de départ.
Puis, afin de profiter de la manne, les dirigeants de Biochem Pharma, avec à sa tête l’opportuniste par excellence Francesco Bellini, ces gens qui n’ont eu rien à voir avec les découvertes de la firme, qui n’ont rien investi et, de ce fait, pris aucun risque, ont décidé de vendre en 2001 ce formidable instrument collectif à l’anglaise Shire Pharmaceuticals Group pour 5,9 milliards de dollars.
Le titre de cet article du journal Les Affaires du 23 décembre 2000, rédigé par André Dubuc et Francis Vailles, va tout vous dire sur qui a profité de ce honteux délestage : "Les dirigeants de Biochem Pharma empocheront plus de 325 millions", dont la bagatelle somme de 261 millions$ à Francesco Bellini.
Au premier paragraphe de l’article, il est dit que : "En vendant, les dirigeants de Biochem Pharma n’auront plus les coudées franches, mais ils auront les poches bien garnies… En rétrospective, les hauts dirigeants auront profité des décisions récentes (sic, c’est-à-dire juste avant la vente) de l’entreprise concernant leur rémunération".
Puis, pour nous écoeurer encore plus, Bellini a dit des énormités dans un article de La Presse du 12 mai 2001 de Denis Arcand intitulé : "Bellini a le cœur brisé… Je ne suis pas un lâcheur". Un lâcheur et un profiteur si vous voulez mon avis.
Comment se fait-il que le gouvernement péquiste et la population du Québec n’ont rien fait pour stopper cette transaction? N’y a-t-il pas de secteur plus stratégique pour un pays, générateur d’investissements, de recherches et d’excellents emplois, que le domaine pharmaceutique?
La France n’a-t-elle pas récemment empêcher la vente à des étrangers de sa pharmaceutique Aventis? Essayez donc pour voir de faire une offre d’achat émanant d’étrangers sur les Américaines Merck et Pfizer.
Lors de la vente à l’étranger de Biochem Pharma, de Provigo, de Domtar, de Cambior et même des Canadiens et des Alouettes de Montréal, où étaient donc nos intrépides et aventureux gens d’affaires et nos lumineux lucides qui nous accusent pourtant régulièrement d’immobilisme?
Ce qu’il aurait fallu faire, comme beaucoup d’autres pays d’ailleurs, c’est de créer, comme l’a suggéré récemment Québec Solidaire, une société d’État comme Pharma Québec qui aurait hérité de Biochem Pharma (Institut Armand Frappier) et qui aurait aussi pris des participations dans d’autres jeunes compagnies pharmaceutiques québécoises.
Ainsi, nos découvertes, nos emplois, nos investissements et notre argent resteraient ici même au Québec. Nos politiciens doctrinaires préfèrent verser des milliards de dollars en fonds publics à chaque année sous forme uniquement de subventions, et non d’achats d’actions, à des compagnies qui sont ensuite vendues à des étrangers au seul profit de leurs actionnaires, comme ce fut le cas ces dernières années dans le domaine pharmaceutique avec Sabex, MultiChem, ID Biomédical, Technilab, Anapharm, Promedis, Pangeo Pharma et Celmed Biosciences.
Dans le cas de Celmed Biosciences vendue au mois de novembre 2006 à la hollandaise Kiadis, qui toutes deux se spécialisent dans les médicaments contre le cancer, le titre de l’article de La Presse du 29 novembre 2006 est révélateur : "Celmed Biosciences : le siège social quitte Montréal", même si Celmed représente 70% des actifs de la nouvelle entreprise.
Et puis, même si les gouvernements et Francesco Bellini nous avaient juré avoir obtenu des assurances bétonnées, "Shire ferme le labo de Biochem à Laval", tel était le titre de l’article de La Presse du 1 er août 2003 dans lequel on pouvait lire ceci : "Trois ans après avoir acheté la pharmaceutique lavalloise Biochem Pharma, et deux jours après avoir obtenu un contrat de vaccins de plusieurs millions du gouvernement fédéral, l’anglaise Shire Pharmaceuticals a annoncé hier la fermeture du centre de recherches Biochem de Laval…
Les 120 scientifiques et administrateurs du prestigieux laboratoire ont été avisés hier qu’ils seront licenciés". Terminons au moins sur une note positive. Au mois de décembre 2006, Francesco Bellini vient de nous annoncer qu’il va s’installer en Alberta. Bon débarras. Si ça peut juste inciter d’autres profiteurs comme lui à faire de même, on ne s’en porterait que mieux. On est prêt à payer le transport et le cognac pour fêter ça.
2e cas : Provigo
L’histoire de Provigo, le plus important distributeur et grossiste en alimentation au Québec, est celle d’un retentissant succès né de véritables entrepreneurs dignes de ce nom suite à la fusion de Couvrette et Provost, Lamontagle et Denault.
Pendant longtemps, le contrôle majoritaire de ce joyau collectif était détenu par trois sociétés d’État québécoises que sont le Caisse de dépôt et placement du Québec, la Société générale de financement du Québec et Soquia.
Notre bon gouvernement du Québec a d’abord nommé à sa tête des opportunistes de luxe. Comme président et chef de la direction, ce fut Pierre Migneault qui eut la bonne idée aussi d’embaucher sa conjointe Sylvie Lorrain à titre de vice-présidente déléguée, qui elle également passera à la caisse. Comme président du conseil, ce fut Pierre Michaud, actionnaire majoritaire de Réno-dépôt qui a depuis vendu sa business à une compagnie française.
Puis, le "brainwashage" et la propagande du faiseux Pierre Michaud a commencé, comme le démontre clairement le titre de ces deux articles du Devoir et du Journal de Montréal parus le 12 avril 1995 : "Le président du c.a. de Provigo souhaite que la "saga" finisse. Pour Pierre Michaud, la Caisse de dépôt ne devrait plus contrôler la compagnie", et "Pour le bien de l’entreprise, il faudrait que Provigo appartienne à une multitude d’actionnaires. Pierre Michaud, président du conseil".
On se laisse dire n’importe quoi, par n’importe qui sans rien dire. Quelqu’un peut-il dire à ce petit monsieur que c’est lorsqu’une compagnie appartient à l’État qu’il compte le plus de propriétaires, soit plus de 7 millions de québécois et c’est ce qui est le mieux pour l’entreprise, la population et le Québec.
Nos journalistes, avec leur légendaire sens critique, se sont laissé dire et ont rapporté fidèlement les conneries des dirigeants. Vraiment pathétique! Puis, comme il va de soi, "Si Provigo passe à Loblaw, le tandem Migneault-Michaud passera à la caisse", tel était le titre de l’article de Miville Tremblay paru dans La Presse du 4 novembre 1998. Encore une fois, des gens qui n’ont pas fondé l’entreprise, qui n’ont rien investi et qui n’ont pris aucun risque, ont empoché des millions de dollars.
Dans un article de La Presse du 9 janvier 1999 intitulé : "Pierre Migneault ne devrait pas faire de vieux os chez Provigo", il est dit ceci d’intéressant au premier paragraphe : "Le président de Provigo s’est dit prêt à rester en poste sous la nouvelle direction de Loblaw. Mais avec le parachute doré qu’il s’est négocié (sic), comment pourrait-il refuser de sauter?". Effectivement, Migneault-Michaud ont sauté et très vite en plus de ça.
"Loblaw avale Provigo. L’offre du géant ontarien survient au moment où la Caisse de dépôt, Métro-Richelieu et Provigo travaillaient à un projet de rapprochement", tel était le titre de l’article du Devoir du 1 er novembre 1998.
Même si la Caisse de dépôt et Métro-Richelieu étaient prêts à tout faire pour que le contrôle de ce géant reste au Québec, nos politiciens n’ont rien fait, de même que nos aventureux gens d’affaires d’ici qui ont pourtant horreur de l’immobilisme. Loblaw, une filiale de George Weston a payé 2 milliards$ pour faire l’acquisition de Provigo.
Pour l’essor de l’industrie agro-alimentaire du Québec, il aurait fallu que notre gouvernement intervienne pour forcer la fusion de Métro et de Provigo et contraindre ces détaillants à faire un minimum de place sur leurs tablettes à nos PME québécoises comme Lavo, Leclerc, Carrière, Yoplait, Lassonde, Cascades, Lafleur et d’autres.
Comment nos petites entreprises québécoises peuvent-elles, dans cette industrie, tenir tête à des multinationales comme General Foods, Kraft et Nestlé? Penser le contraire, c’est faire preuve d’une forte dose de pensée magique. Si d’autres pays le font, pourquoi alors ne le faisons-nous pas au nom du pragmatisme et du gros bon sens?
Mais dans le cas de nos biens publics, le profit rapide empoché par les dirigeants opportunistes importe plus que le bien être de l’ensemble des Québécois et des générations futures, comme l’a très bien signalé l’article de Miville Tremblay de La Presse du 4 novembre 1998 mentionné plus tôt : "On comprend que le tandem Migneault-Michaud ait trouvé moins intéressante l’offre de Métro-Richelieu où l’appréciation du titre aurait été possible de manière plus graduelle et plus incertaine". Valait mieux empocher les millions tout de suite et décrisser avec le pognon.
Le titre de ces articles va vous donner une bonne idée de ce qui s’est produit par après, suite à la vente de Provigo à l’Ontarienne Loblaw :
- "Provigo déleste 125 employés de son siège social". Les Affaires , 26 juin 1999;
- "Vente de Provigo à Loblaw : l’inquiétude demeure grande parmi les producteurs et transformateurs québécois". Le Devoir , 28 août 1999;
- "Provigo restructure ses services informatiques", La Presse, 14 février 2002. 50 Postes en moins au Québec;
- "Centralisation de Loblaw à Toronto. L’agroalimentaire québécois s’inquiète", La Presse , 5 mai 2006;
- "Loblaw fait le ménage au Québec", La Presse , 17 novembre 2006. On peut lire que : "Après avoir délesté deux centres de distribution qui employaient 140 personnes l’an dernier, Loblaw fermera 27 magasins au Québec au cours des prochains mois".
Puis, concernant le cas précis du secteur de la boulangerie au Québec, voici une autre belle histoire impliquant Weston, la compagnie-mère de Loblaw. Dans un premier temps, "Weston évince les pains Gadoua", tel était le titre de l’article du Journal de Montréal du 26 mai 2001. Fini les pains et autres produits de la québécoise Gadoua dans les marchés Provigo, Maxi et Loblaws. Ils seront remplacés par les produits Weston, bien évidemment. On est jamais mieux servi que par soi-même, n’est-ce pas?
Puis, comme une PME comme Gadoua ne peut supporter financièrement une telle perte de clientèle, ce qui devait arriver arriva, "La boulangerie Gadoua se laisse avaler par la torontoise Weston", que titrait l’article de La Presse du 8 juillet 2004. Fantastique. Peuple colonisé, soumettez-vous à genoux! Dans la même veine, le président de la chaîne québécoise de dépanneurs Alimentation Couche-Tard, Alain Bouchard, avait déploré la vente de la boulangerie québécoise Multi-Marques à l’Ontarienne Canada Bread et avait dit que cela sera dommageable pour l’économie québécoise dans un article du Journal de Montréal du 24 janvier 2001 intitulé : "La vente de Multi-Marques à Canada Bread Compagny : Une belle occasion ratée, dit Alain Bouchard".
3e cas : Domtar
N’y a-t-il pas secteur aussi névralgique pour un pays d’être propriétaire de ses ressources naturelles comme les autres pays occidentaux le sont. Uniquement dans le secteur des pâtes et papier, voici une liste non exhaustive de compagnies québécoises qui sont passées à des intérêts étrangers ces dernières années sans que personne n’intervienne : "Papiers Stadacona, Alliance, Forex, Consolidated-Bathurst, Foresbec, Avenor, Cartons St-Laurent, Repap et Donahue. À quand le tour de Cascades et de Tembec?
Domtar, la plus importante papetière québécoise, qui, il n’y pas si longtemps, était détenue majoritairement par l’ensemble des Québécois par le biais de la Société générale de financement, de la Caisse de dépôt et placement et de Dofor.
Mais voilà, au nom de l’idéologie néolibérale qui préconise l’État très minimal et déifie le pseudo-marché fondé sur le capitalisme global, nos minables politiciens l’ont privatisé sans aucun débat public, ont nommé comme dirigeants de petits faiseux, plutôt que de véritables commis d’État, qui ont vite fait de vendre à des étrangers en empochant des millions de dollars grâce aux parachutes dorés qu’ils s’étaient octroyés.
"Domtar passe aux Américains (la papetière Weyerhaeuser). Une opération de 3,3 milliards$. Québec réagit prudemment", tel était le titre de l’article du Devoir du 24 août 2006. Ben non, le gouvernement libéral du Québec n’a pas réagi prudemment; Jean Charest et Raymond Bachand, son ministre du Développement économique, ont applaudi, en vrais colonisés qu’ils sont, à cette prise de contrôle étrangère comme il a été signalé dans l’article du Devoir du 26 août 2006 : "Québec ne s’opposera pas à la fusion entre Domtar et Weyerhaeuser".
Quant au Parti québécois, il fut égal à lui-même en donnant son accord mais avec prudence : "PQ : la prudence est de mise", que titrait le Journal de Montréal du 25 août 2006. Comme à l’habitude, on s’est fait rassurant pour les jobs et le maintien du siège social à Montréal, comme le titrait Le Devoir du 24 août 2006 : "Domtar se fait rassurant pour les emplois au Québec".
Le petit parvenu de président de Domtar avait passé son message aux politiciens dans ses médias et avec l’appui indéfectible de ses loyaux journalistes, comme le signale de façon explicite le titre de cet article de Michel Van de Walle paru dans le Journal de Montréal du 10 novembre 1995 : "Le président de Domtar souhaite que Québec vende son bloc de la papetière".
Dans l’article, il est dit ceci de vraiment intéressant : "Selon le président Stephen Larson, le contrôle exercé par le gouvernement du Québec sur le capital-actions de Domtar a un effet dépressif (sic) sur le titre en bourse. Québec a acheté 42% des titres de Domtar en 1981 pour éviter un transfert d’activités en Ontario".
L’important c’est la hausse rapide du prix de l’action afin d’engraisser les arnaqueurs de première classe et au diable les besoins des autres. Que pensez-vous que le gouvernement français aurait répondu à ce petit parvenu s’il lui avait demandé de se délester des actions qu’il détient directement et indirectement dans Renault, Airbus, EADS, France Télécom, Électricité de France, Sanofi-Aventis, etc?
Tout de même bizarre, en 1981, le gouvernement du Québec prend le contrôle effectif de Domtar afin d’empêcher sa vente à l’étranger et 25 ans plus tard il applaudit et participe à sa vente à l’Américaine Weyerhaeuser. Autres temps, autres mœurs! Un exemple éloquent que la modernisation, l’adaptation et la réingénierie de l’État riment avec colonisation.
4e cas : Cambior
C’est en 1986 que le gouvernement du Québec a privatisé pour des miettes Cambior, le plus important producteur d’or québécois, qu’il détenait par le biais de la société d’État Soquem. Naturellement, de petits dirigeants incompétents ont été mis en place, dont le président Louis Gignac qui, par après, a presque acculé à la faillite Cambior par une très mauvaise gestion de couverture des risques.
Il n’aurait pas fallu que cet impair, qui a coûté des dizaines de milliards de dollars à Cambior, eut été fait du temps que l’entreprise était propriété de l’État sinon on en aurait entendu parler par ben des arrivistes qui auraient alors exigé la privatisation sur le champ. Ils sont toutefois plus compréhensifs et plus tolérants pour les erreurs commises par le privé et loin d’eux l’idée de suggérer la nationalisation dans ces cas.
Puis, pour 1,3 milliard de dollars, "Le producteur d’or Cambior passe entre des mains torontoises. L’union avec Iamgold donnera naissance à la dixième entreprise aurifère mondiale", que titrait Le Devoir du 15 septembre 2006.
Comme cela va de soi dans ce type de transaction : "Le Québec minier déplore la perte du siège social de Cambior", que titrait l’article du journal Les Affaires du 23 septembre 2006 dans lequel le journaliste François Riverin mentionne que : "La transaction se traduira par la disparition du siège social d’un producteur minier de taille importante au Québec au profit de Toronto, avec les effets négatifs sur les emplois et les fournisseurs de service que cela implique". Je suppose que c’est comme ça qu’on va s’enrichir au Québec et que cela va profiter pleinement aux générations futures?
Le mot de la fin de cette autre triste histoire revient à la pathétique chroniqueuse de La Presse , Michèle Boisvert qui, après la "touchante" entrevue que lui a aimablement accordée le président de Cambior Louis P. Gignac, a titré son texte ainsi : "Transaction sur fond de tristesse".
Naturellement, la madame a laissé Ti-Louis Gignac dire n’importe quoi sans l’ombre d’un minimum de sens critique. Comme Francesco Bellini avait le "cœur brisé" lorsqu’il a vendu Biochem Pharma à l’anglaise Shire, Louis Gignac, qui est le seul responsable des difficultés financières de l’entreprise est, quant à lui, "triste" de la vente de Cambior à l’ontarienne Iamgolg.
Tous les producteurs d’or au monde font depuis plusieurs années des affaires "d’or" alors que Cambior végétait. Cherchez l’erreur chez celui qui est attristé, mais qui, comme les autres, empoche "légitimement" des millions de dollars pour l’aider à passer au travers de cette dure épreuve. Une chance qu’il y a des chroniqueuses humanistes comme Michèle Boisvert de La Presse pour leur prêter une oreille attentive, les comprendre et partager leur douleur devant de tels drames, sinon ces affairistes de grands chemins auraient certes des pensées suicidaires.
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