La porte se referme sur Dumont

Climat politique au Québec



Dans une sortie lapidaire dont il a le secret, Mario Dumont avait résumé ainsi la performance décevante de l'ancien chef du Parti québécois, André Boisclair, en novembre 2006, quelques mois après son arrivée à l'Assemblée nationale comme chef de l'opposition: «Il a eu toutes les tribunes depuis un an, et sa capacité d'apporter du nouveau se solde par un échec total.»


M. Dumont avait mis le doigt sur le bobo de l'ex-chef, mais cela ne l'a pas empêché d'être atteint à son tour du même mal, sans trouver lui non plus de remède. Résultat: il est en train d'arriver à Mario Dumont la même chose qui a affligé André Boisclair: il est sous les projecteurs depuis un an, mais il est incapable de s'imposer sur la scène politique comme LA solution de rechange. Au contraire, plus les Québécois y regardent, plus ils semblent déçus, comme le démontre le plus récent sondage CROP-La Presse.
Ce n'est pas un hasard si M. Dumont est passé de 32% à 22% dans la catégorie «meilleur premier ministre» du mois de mai, tout de suite après les élections, à aujourd'hui.
Appelons cela le syndrome du chef de l'opposition officielle, un poste ingrat qui oblige son titulaire à critiquer continuellement, tout en amenant des contre-propositions crédibles et, idéalement, populaires.
Remarquez, le chef de l'opposition à Ottawa, Stéphane Dion, a lui aussi énormément de mal à s'imposer et son parti continue de stagner au Québec. On verra si son passage à Tout le monde en parle ce dimanche l'aidera à gagner quelques points dans l'opinion publique.
À la décharge de Mario Dumont, il faut dire qu'il doit apprendre son nouveau rôle et qu'il ne reçoit pas beaucoup d'aide de son caucus notoirement inexpérimenté.
Petite question quiz: vous souvenez-vous d'une idée forte, une seule, défendue par Mario Dumont au cours des derniers mois? Bouder une rencontre au sommet avec le premier ministre en pleine crise budgétaire ou menacer de faire tomber le gouvernement sur la question des commissions scolaires, c'était ses idées, certes, mais on ne peut pas dire que c'était très fort...
Conclusion éclair de notre sondage: Mario Dumont est en chute libre. Suite logique à ce sondage: le chef de l'ADQ doit donner un grand coup dès la rentrée pour tenter de stopper la descente. Et comme Mario Dumont a arraché son butin électoral avec les accommodements raisonnables, avant de se le faire chiper par Pauline Marois, il y a fort à parier qu'il sera tenté de revenir sur les lieux du crime. Ça tombe bien, justement, le rapport de la commission Bouchard-Taylor est attendu vers la fin mars.
Sinon, quelles avenues s'offrent à Mario Dumont? Quelle priorité pourrait lui permettre de reprendre du poil de la bête?
L'éthique et le bon gouvernement? Pas vraiment, il n'y a pas en ce moment de crise de confiance envers le gouvernement Charest. Au contraire, sa cote remonte.
Le désir de changement? Trop tôt, le gouvernement a été élu il y a moins d'un an et les Québécois n'ont aucune envie de se taper une nouvelle campagne électorale.
L'économie? Son équipe est trop faible pour prétendre faire mieux à ce chapitre que les libéraux ou les péquistes.
Reste la fiscalité, terreau traditionnellement fertile pour les partis de droite. Mario Dumont a connu quelques succès lors de la dernière campagne en promettant, notamment, de l'aide directe aux familles. Sa clientèle est là. Déçue, apparemment, mais elle est encore là. L'allégement du fardeau fiscal, la protection des petits investisseurs, les prestations aux familles et une touche de loi et d'ordre sont les ingrédients d'une recette appétissante pour les contribuables de la classe moyenne.
Chose certaine, les événements sont en train de faire la preuve que quelques bonnes citations ne font pas un programme politique et que son auteur peut être divertissant, mais pas nécessairement crédible.
Un Québec fort... dans un Canada uni
Ce sondage fera grand plaisir à Jean Charest, qui voit le taux de satisfaction à l'endroit de son gouvernement atteindre les 51% pour la première fois en près de cinq ans au pouvoir. Les libéraux remontent aussi chez les francophones et, ô surprise, prennent même une bonne avance dans la région de Québec devant l'ADQ. Serait-ce l'effet Couillard, nouveau lieutenant de Jean Charest dans la capitale?
Les nouvelles sont réjouissantes pour Jean Charest, mais la grande gagnante de ce sondage, c'est Pauline Marois. Le PQ est en tête dans les intentions de vote, avec un score de 41% chez les francophones, et sa chef demeure, selon les personnes sondées, la plus qualifiée au poste de premier ministre.
Visiblement, les sorties récentes de Pauline Marois sur la langue et sur les "gestes de souveraineté" se sont avérées payantes pour le PQ.
Une majorité de Québécois disent d'ailleurs que le PQ, s'il prenait le pouvoir, aurait le mandat de renforcer le français et de rapatrier des pouvoirs d'Ottawa. Par contre, sacré paradoxe québécois, il faudrait que cela se fasse dans le respect de la Constitution canadienne et le PQ n'aurait pas le mandat d'instituer une citoyenneté québécoise.
Yvon Deschamps, sors de ce corps!
Courriel Pour joindre notre chroniqueur: vincent.marissal@lapresse.ca
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