Placardé dans toutes les rues de la capitale hongroise Budapest, le modèle familial traditionnel prôné par le gouvernement. Une maman, un papa, deux enfants et bientôt un troisième. Des publicités géantes pour la natalité avec la promotion du moment : 30 000 euros pour les jeunes parents. Dora et Laszlo Devenyi attendent leur premier enfant dans les prochains mois. Ils viennent de recevoir l’argent du gouvernement. Pour ce couple de cadres, ces 30 000 euros [50 000 $ canadiens] représentent une année de salaire à deux. « On peut dépenser cet argent comme on veut. Nous, on a décidé d’utiliser cet argent pour acheter une maison ou un appartement », explique Laszlo Devenyi.
Hongrie pour favoriser la natalité, le gouvernement donne de from PM21 on Vimeo.
L’indice de fécondité est remonté de 1,23 enfant/femme en 2011 à 1,49 enfant/femme en 2018 (le même niveau que celui des francophones du Québec) alors même que le pays a subi l’hémorragie de nombreux jeunes partis travailler en Europe occidentale. À cela s’ajoute une démographie déficiente depuis des décennies. La Hongrie fut, en effet, le premier pays d’Europe à enregistrer pour la première fois une chute de la natalité sous le seuil des 2,1 enfants par femme, nécessaire à l’époque pour assurer le simple remplacement des générations. Cela se produisit en 1959-1960, après un décrochage qui durait depuis 1956. En Allemagne, second pays d’Europe à casser vers le bas le seuil de reproduction simple de la population, cela n’eut lieu qu’en 1970-1971.
La déjà longue ancienneté de la dénatalité en Hongrie a fait en sorte que la population est fort vieillie, et que le nombre des décès dépasse actuellement de beaucoup le nombre des naissances. Depuis 1982-1983, le solde naissances/décès ne cesse d’être négatif et le pays a déjà perdu plus de 600 000 habitants.
Conditions d’attribution qui favorisent la classe moyenne et supérieure et des familles stables
Plus les Hongrois ont d’enfants, plus les conditions du crédit sont favorables. Si le premier bébé naît dans les cinq ans, le couple n’aura plus à payer les intérêts sur les 30 000 euros. Lors du deuxième enfant, l’État offre 30 % du capital. Au troisième enfant, il n’y a plus besoin de rembourser la somme. Pour prendre ce crédit, il faut s’engager : s’il y a divorce ou si l’enfant n’arrive pas sous cinq ans, il faut rembourser le crédit sous 120 jours. Des conditions draconiennes régissent aussi l’obtention du prêt : il faut être marié, habiter en Hongrie depuis longtemps, avoir un travail fixe depuis trois ans, etc. Le but semblant être de favoriser la classe moyenne et supérieure hongroise plutôt que les familles monoparentales ou immigrées.