On entend souvent dire que la politique devrait quitter l’enceinte du Parlement. Que c’est dans la rue que l’homme ordinaire se réapproprierait la démocratie.
C’est une charmante vision jusqu’à ce qu’elle se concrétise. Car, trop souvent, la politique dans la rue n’a rien d’un échange civilisé de points de vue.
Extrémismes
Lorsque des groupes s’y affrontent, ils ne se contentent pas toujours de se crier des arguments par la tête. Les passions s’exacerbent. Les têtes brûlées prennent l’initiative. Ces groupes peuvent en venir à la violence.
On en a encore eu la preuve samedi à Montréal. Deux groupes antagonistes manifestaient à propos de la motion dénonçant l’islamophobie discutée à Ottawa.
Le premier dénonçait la motion. C’était un rassemblement hétéroclite trouvant son ciment dans une critique simpliste et hargneuse de l’islam. Certains groupuscules très peu recommandables, qui imaginent le Québec au seuil de l’islamisation, s’y faisaient valoir. On comprend l’immense malaise qu’ils suscitent. Il faut les critiquer vivement.
Le deuxième groupe dénonçait ceux qui dénonçaient la motion. On y trouvait des manifestants d’extrême gauche encagoulés, rompus à la violence et n’hésitant pas à attaquer physiquement leurs adversaires. C’est l’extrême gauche enragée qui a le fantasme des grands affrontements révolutionnaires.
Un principe essentiel doit pourtant être rappelé: la démocratie repose sur la censure de la violence.
Les discours haineux sont inacceptables, qu’ils viennent de l’extrême droite ou de l’extrême gauche.
Violence
Aucun mouvement politique, aussi convaincu soit-il de la justesse de ses points de vue, n’est en droit de passer de la parole à la violence.
Aucune idéologie n’est à ce point incontestable qu’elle puisse se permettre de faire taire ceux qui la contredisent.
On aime dire que la violence est l’arme des faibles. C’est plutôt l’arme des fanatiques qui polluent la démocratie en multipliant les coups de poing et les injures.
Mieux vaut une discussion insatisfaisante qu’une bataille excitante entre esprits endoctrinés. La démocratie se pratique entre gens raisonnables.
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