La Presse, toujours prête à nous faire la morale, et toujours prête à montrer les Québécois comme des ploucs intolérants, xénophobes et fermés, a publié ce matin un texte hallucinant de complaisance et de mauvaise foi.
On nous décrit le projet Immersion de la Police de Longueuil, au cours duquel un groupe de policiers a visité une mosquée.
Je ne sais pas ce qui est le plus choquant dans ce texte : le petit ton de donneuse de leçons de la journaliste (qui ne trouve rien à redire des comportements homophobes ou misogynes quand ils sont le fait d’une congrégation religieuse).
Ou l'aveuglement du chef de police de Longueuil qui trouve pertinent d’«immerger» ses troupes dans une mosquée où l’on pratique la ségrégation hommes femmes, où l’on voile les fillettes de 5 ans, où l’on dit que l’homosexualité est un pêché et où l’on force des policières à porter un vêtement politique ... alors qu’elles sont censées êtres neutres.
Plusieurs éléments de ce reportage propagandiste et biaisé m’ont interloquée.
LA SAUCISSE
«Un jour, alors qu’il était bénévole dans une banque alimentaire, (un policier) a offert des saucisses de porc à une famille de confession musulmane venue s’y nourrir. Cette dernière a préféré ne pas manger plutôt que de prendre le repas gratuit».
Réaction de l’anthropologue qui a organisé ce «stage d’immersion»? «Pour inclure (cette famille), il aurait pu y avoir un autre choix alimentaire au menu.»
Misère! Vous êtes sérieuse? Le policier n’a fait que s’interroger sur la pertinence des parents qui préfèrent laisser leurs enfants avoir faim plutôt que de déroger à une règle rigoriste. Mais il se fait dire que c’est lui qui est dans le tort. Pourquoi il n’offrait pas des plats halal, hein, pourquoi?
Finalement c’est la société d’accueil qui n’est pas assez ouverte. Dans une banque alimentaire où on donne gratuitement à manger aux gens dans le besoin il faudrait prévoir des menus spéciaux pour ceux qui placent la loi de Dieu avant la bonne santé de leur progéniture!
Si dans une banque alimentaire, des parents refusaient de la nourriture pour leurs enfants affamés, sous prétexte que ce n'est pas “sans gluten” ou que ce n'est pas “cétogène” ou que ce n'est pas “végétalien”, tout le monde aurait ridiculisé le choix des parents. Mais quand ce choix est fait au nom de la religion, tout le monde se tait.
LES GAYS
« Un patrouilleur se demande si les mariages entre conjoints de même sexe sont permis. L’imam explique qu’ils sont interdits puisque les relations homosexuelles sont “un péché”.»
Si cette journaliste avait assisté à une scène semblable dans une église catholique (ou un rassemblement de gens de droite ou un congrès du parti Conservateur) elle aurait crié au scandale. Mais là, que voulez-vous, ce sont des préceptes religieux, alors on se tait, on ferme les yeux. Que dit la gauche progressiste qui doit défendre les droits des gays devant ces imams qui crachent sur les homosexuels? Elle ne dit rien? Ah bon.
Tout au long du reportage, la journaliste, par son choix de mots, nous fait clairement comprendre qui sont les gentils et qui sont les méchants. Le policier qui trouve plate que la population ne comprenne pas que l’islam est une religion de paix et d’amour et que les cris d’Allahu akbar avant les actes de terrorisme n’ont rien à voir avec l’islam, est décrit comme étant «empathique». Le psychologue qui dénonce le départ d’un policier allergique à l’endoctrinement est décrit comme «compréhensif».
Alors que le policier qui refuse dénonce l’endoctrinement des classes de coran pour des fillettes de cinq ans voilées, la journaliste le décrit ainsi : «Les bras croisés, la mine renfrognée», «un ton excédé», son collègue est «ébranlé» par ses propos.
Et le psychologue qui accompagne le groupe a le culot de dire ceci à propos du policier dissident : «Je trouve cela positif qu’il me pose des questions. S’il pose des questions, c’est qu’il n’est pas complètement fermé.»
Misère!!!!!! C’est être fermé que de trouver révoltant qu’on embrigade des enfants de cinq ans? C’est être fermé de dénoncer la ségrégation entre les sexes? C’est être fermé que de refuser que des enfants se fassent remplir de croyances au lieu d’être en train de jouer, de rire, de lire ou de jouer à la PS4?
Ce policier, Jonathan Guertin, quant à moi, mériterait une médaille...
La cerise sur le sundae? Le policier décide de quitter la mosquée. Que dit le psychologue (dont la journaliste prend bien soin de nous dire qu’il est musulman)? «C’est mieux qu’il parte, nous confie M. Bekal sur un ton compréhensif. Il est saturé.»
Quoi, bon débarras? Monsieur le psychologue, vous ne pouvez même pas admettre qu’un policier pense différemment de vous? Elle est où la diversité (d’opinion), la tolérance (aux idées différentes), le respect (des idées contraires)?
C’EST MON CHOIX
Une autre perle de l’imam : «Il ne faut pas croire que l’islam dénigre les femmes. C’est tout le contraire, répond l’imam. Devant un homme autre que son mari, la femme doit se couvrir.» La femme DOIT se couvrir. Donc ce n’est pas son choix. Je me demande ce qu’en pense Dalila Awada.
La preuve que le voile n’est pas «juste un choix», lors de la visite à la mosquée, les policières se sont fait dire de se voiler!
«J’ai senti que je devais le mettre, raconte l’agente Marie-Pier Laverdière. Je me suis dit : “C’est quoi, deux minutes dans ma vie, pour respecter ses croyances?”»
Farid Bekal, psychologue qui travaille avec la police de Longueuil, applaudit le geste de cette policière. Il considère même qu’elle l’a fait «par respect pour la pratique de cette femme». Triple misère! Voyez-vous à quel point ce choix de mots est lourd de sens?
Ne pas porter le voile aurait donc été un manque de respect, Monsieur le psychologue?
LA CHARIA
J'ai gardé le meilleur pour la fin. L'imam Foudil Selmoune qui officie à cette mosquée et qui doit éclairer nos bons policiers... savez-vous ce qu'il déclarait en 2011? Sur les ondes de Radio-Canada, il défendait la charia, la lapidation des femmes et le fait de couper la main aux voleurs. Même Azeb Wolde-Giorghis trouvait ça fort de café. «Des propos qui choquent» disait-elle.
Des propos qui avaient été dénoncés dans Le Devoir...
Peut-être que le directeur de la police de Longueuil ne lit pas le Devoir et ne regarde pas Radio-Canada...