La Pauline nouvelle

Quand Dubuc écrit comme un séparatissss, il est imprudent de se réjouir....

Pour Pauline Marois, «le vrai travail commence». C'est elle-même qui l'a dit lundi soir après sa victoire convaincante dans Charlevoix. Avec une accession à la direction du Parti québécois sans opposants, et une lutte aux élections partielles qui s'est avérée facile, Mme Marois, depuis son retour en politique active, n'a jamais vraiment connu de véritable affrontement. Son véritable test commencera avec son entrée à l'Assemblée nationale.

Pauline Marois a été nommée à la tête du PQ par acclamation, en annonçant son intention d'imposer d'importants virages à son parti. Jusqu'ici, ces nouvelles idées sont restées relativement floues, parce qu'elles n'ont toujours pas été confrontées, ni par ses alliés ni par ses adversaires.
Le baptême du feu se fera à l'Assemblée nationale, parce que ses adversaires ne la ménageront pas. Et aussi parce que, dans le feu de l'action, le Parti québécois devra se livrer, à travers ses questions en Chambre, ses prises de position et ses batailles. On commencera à découvrir où loge le PQ sur une foule de dossiers, et ce qu'est vraiment cette «Pauline nouvelle».
Je me permets cette familiarité, avec cette utilisation du prénom, que jusqu'ici on réservait au chef adéquiste, parce que Mme Marois a elle-même fait ce choix dans sa campagne dans Charlevoix, dont le slogan, était «Chez nous, c'est Pauline».
Bien des gens, sceptiques ou même cyniques, doutent de la capacité de Mme Marois d'imposer le virage annoncé sur des thèmes aussi centraux pour le parti que la stratégie d'accession à la souveraineté et la redéfinition de la social-démocratie.
Ils ont à la mémoire les échecs de tous ceux qui l'ont précédée, incapables de faire bouger ce parti qui collectionne les chefs. N'oublions pas que Mme Marois compte cinq prédécesseurs vivants! Ou encore ils doutent de la sincérité de Mme Marois, et craignent que les virages annoncés, qui s'écartent de ce qu'elle a longtemps professé, reflètent moins de nouvelles convictions qu'une adaptation obligée à l'air du temps.
Je suis peut-être naïf, mais j'ai plutôt tendance à croire à la sincérité de Mme Marois. Elle a en outre peut-être des chances de réussir là où les autres ont échoué avant elle. Parce que son parti a été marqué par l'épisode André Boisclair, parce que la nature de sa victoire au leadership lui donne un rapport de forces unique. Et parce que la conjoncture politique la favorise: le Parti québécois a failli être lavé aux dernières élections, et la menace de disparition pèserait encore, sans son arrivée providentielle et ses nouvelles idées.
Cela étant dit, dans le dossier le plus visible, le statut de la souveraineté, ce virage n'est pas impressionnant. Jusqu'ici, en affirmant qu'il ne fallait pas être prisonnier d'un calendrier référendaire, Mme Marois n'a rien dit d'autre qu'elle n'irait pas en élections en promettant un référendum rapide. C'est un bien petit pas, quand on se souvient de la dernière débâcle électorale et quand on sait lire les sondages. Mais le chef du PQ est encore dans le flou artistique et le double discours, comme on l'a vu quand Ségolène Royal n'a pas réussi à comprendre Mme Marois. Il faudra une remise en cause pas mal plus musclée que cela pour que le PQ puisse prétendre avoir écouté les Québécois.
Dans l'autre dossier, la redéfinition de la social-démocratie, pour la débarrasser de ses vieux dogmes et pour miser sur la création de la richesse, je suis plus confiant. Il est vrai que Mme Marois défendra des idées qui sont bien loin de celles qu'elle a longtemps défendues. Mais il y a une cohérence dans ce nouveau discours, parce que les menaces qui pèsent sur le Québec forcent une sociale-démocrate sincère à faire les choses autrement. Il ne sera pas possible de maintenir les acquis sociaux sans une économie vigoureuse capable de produire des ressources collectives. La création de richesse peut donc être une façon de donner un second souffle à l'idéal social-démocrate.
Mme Marois sera peut-être mieux placée que ses adversaires, qui eux aussi prônent la création de richesse, pour mettre en oeuvre les réformes nécessaires, parce qu'elle pourra articuler un discours qui donnera un sens à la création de richesse et réussira donc à convaincre des citoyens encore réticents.
Pour toutes ces raisons, il faut encourager Mme Marois dans ses efforts pour transformer le PQ. Pour que ce parti important reflète mieux les aspirations des Québécois, qu'il rattrape le réel, qu'il soit une force de changement et pour qu'il puisse contribuer lui aussi à la transformation de la société québécoise.


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