Simon Jolin-Barrette et son gouvernement doivent à tout prix éviter d’être paralysés par la volée de bois vert qu’ils ont reçue en tentant de réformer l’immigration. La première version manquait de rigueur, mais cette réforme est toujours absolument nécessaire.
Nous savons maintenant que l’UPAC enquête sur des stratagèmes de fraude dans notre système d’immigration. Cette révélation de Radio-Canada--- vient alimenter l’idée que le Programme de l’expérience québécoise (PEQ) se fondait sur de bonnes intentions, mais avait été conçu avec beaucoup de laxisme.
Sous Jean Charest
Ce programme mis en place par les libéraux à l’époque de Jean Charest était probablement encore plus mal ficelé que celui de Simon Jolin--Barrette. La différence, c’est qu’à l’époque, les oppositions semblaient approuver sans s’interroger toutes les mesures favorisant une hausse de l’immigration.
Ce n’est pas la première fois que nous entendons parler de tricherie et de corruption en matière d’immigration. Le gouvernement Harper avait dû resserrer les règles après avoir constaté que des pseudo consultants se moquaient des lois canadiennes sur l’immigration. Ils se faisaient payer pour faciliter l’accès au passeport canadien.
Dans le cas de la fraude alléguée qui intéresse l’UPAC, elle aurait eu lieu avec une certaine complicité d’établissements d’enseignement. Ceci ajoute au questionnement sur la façon dont ceux-ci ont utilisé le programme dans un effort désespéré de recrutement.
Je comprends que le Programme expérience Québec puisse servir à des cégeps ou des universités pour recruter à l’international, en faisant miroiter la possibilité aux étudiants étrangers de vivre ici ensuite. Mais il y a une limite. On ne peut quand même pas, pour recruter des étudiants internationaux payants, promettre un passeport en bonus à l’obtention d’un diplôme au Québec. Comme on offre des pneus d’hiver en cadeau à l’achat d’une auto neuve !
Au travail !
La réforme de l’immigration doit donc être menée à terme pour assurer davantage de rigueur dans le processus, mais aussi pour mieux cadrer avec les besoins du marché du travail. Et suivre le marché du travail requiert forcément une meilleure répartition des nouveaux arrivants à travers les régions.
Les opposants politiques à la réforme du ministre Jolin-Barrette ont profité d’erreurs du ministre pour mettre le gouvernement dans les câbles. Ils ont habilement fait porter le débat sur des erreurs techniques et sur le cas des droits acquis des personnes déjà engagées dans le processus.
Au fond, quelles étaient les véritables intentions des oppositions plus proches du multiculturalisme ? Les libéraux et Québec solidaire tiennent-ils vraiment à une réforme de l’immigration ? Ou étaient-ils plus à l’aise lorsque les seuils d’immigration étaient systématiquement à la hausse et les efforts d’intégration relégués au second plan ? Je crois qu’ils tenaient à faire trébucher le gouvernement afin de l’amener à abandonner une telle réforme.
Après ses actes de contrition, Simon Jolin-Barrette doit se remettre sérieusement à la planche à dessin. Les objectifs de sa réforme sont valables et soutenus par une solide majorité de Québécois. Pour réussir, il faudra allier compétence et courage.