La relation des mouvements de gauche avec ce qu’ils appellent la science devient un sujet passionnant. Rien n’est plus à la mode que d’être un écologiste modèle que de se réclamer de la science en résumant toutes les sciences à une seule : la science du climat. En la matière, le récent congrès de Québec solidaire nous a présenté un scénario fascinant.
Québec solidaire est ressorti de son événement partisan de la fin de semaine avec deux grands messages. Le parti va mener la bataille pour l’indépendance du Québec. Et le parti va pousser à fond sur l’urgence climatique.
Dans leurs discours sur les changements climatiques, les leaders de QS ont insisté sur le fait qu’eux écoutent sérieusement la science. Ils ont aussi accusé le gouvernement de la CAQ et François Legault lui-même de tourner le dos à la science.
Quel que soit le plan du gouvernement à venir sur la réduction de nos gaz à effet de serre, le seul fait de vouloir améliorer le réseau routier condamne la CAQ. SI vous ajoutez un tunnel, une voie, une route, vous êtes « contre la science » aux dires de Gabriel Nadeau-Dubois.
Et l’indépendance ?
La contradiction est la suivante : sur l’autre grand thème abordé par le parti de gauche, soit l’indépendance, la science semble pas mal moins importante. Québec solidaire dessine une démarche indépendantiste basée sur des gestes de ruptures avant même la tenue d’un référendum.
Québec solidaire saisirait l’argent des impôts fédéraux et prendrait le contrôle des ports, pour ne nommer que cela. Unilatéralement. À part la forte dimension de pensée magique de cette approche, il faut se demander s’il s’agirait de la bonne chose à faire.
Pourtant les mécanismes d’accession à la souveraineté ont été étudiés avec beaucoup d’attention au fil des ans. Sous la gouverne de la Commission sur l’Avenir du Québec (Bélanger-Campeau) puis en préparation du référendum de 1995, des centaines d’études se sont penchées sur chaque aspect de la chose.
Vrais experts
Tous les aspects de la question ont été scrutés par des constitutionnalistes, des experts du droit international, des économistes, des spécialistes de l’administration publique et nombre d’autres experts. Certaines de ces études furent mises à jour par la suite. Même si le thème de la souveraineté n’est pas trop dans l’actualité ces années-ci, ces études constituent un trésor d’information impressionnant.
Chose certaine, pour un parti politique qui aime se rouler dans la science et la référence aux experts, on comprend mal qu’on s’en soit si peu inspiré. L’impression, c’est que des apprentis sorciers se sont amusés à refaire des scénarios qui ont déjà été analysés et laissés de côté par des sommités compétentes il y a de cela bien des années.
Même chose avec les hypothèses pour la défense du Québec, des scénarios avaient été étudiés par des experts. Les militants de QS ont griffonné leur propre armée en coton ouaté, un compromis entre tous leurs travers idéologiques. C’est ça la science ?