Pourquoi nous souvenir de ...

La mort cruelle des Patriotes

Parce qu'il nous manque toujours l'indépendance véritable

Tribune libre

Il y a 175 ans, en 1839, ce 15 février, François-Marie-Thomas Chevalier de Lorimier, un de ces Patriotes, était exécuté pour haute trahison. Il en est rendu compte dans le Devoir par une historienne. Ça peut paraître un événement sans lien avec le monde contemporain sinon avec une histoire du Québec qui devrait nous conduire logiquement à l’indépendance. Mais c’est déjà loin, me direz-vous, et le monde a évolué depuis. Pourtant.
Laissez-moi piger dans mes souvenirs de militant.
Un jour j’ai entendu Mario Dumont, dans une chronique à la TV, se déclarer grand admirateur de Margaret Thatcher. Cette Dame de Fer n’a pas eu la seule vertu de lancer la police contre les mineurs britanniques qui réclamaient du travail. Elle a laissé mourir dans des douleurs atroces 10 jeunes prisonniers irlandais qui réclamaient, pour arrêter leur pénible et souffrante grève de la faim, le statut de prisonniers politiques.
De son côté, elle affirmait qu’ils devaient être traités comme des prisonniers de droit commun sans aucune considération pour le sort cruel auquel elle les condamnait ainsi. Les bulletins de nouvelles se succédaient dans le monde entier et nous apprenions leur mort les uns après les autres devant la barbare et sadique position de l’odieuse Thatcher, cheffe de l’oppresseur britannique.
Même s’il était envisageable pour elle d’agir face aux jeunes militants irlandais comme avec des prisonniers de droit commun, elle ne l’a jamais fait. Selon la logique de Madame Thatcher elle-même ils n’auraient pas été poussés à des telles tortures physiques s’ils avaient été d’authentiques criminels de droit commun. Et même si elle avouait les considérer comme tel, elle refusa de leur sauver la vie parce « qu’ils s’étaient tout simplement suicidés ». Elle alla jusqu’à dire en Chambre qu’elle leur avait laissé « un choix qu’eux-mêmes n’avaient pas laissé à leurs victimes », en réalité des cibles militaires dans la guerre insurrectionnelle de l’IRA-provisoire.
J’avoue que j’ai été un peu ébranlé par la position de Dumont à propos de la Dame de Fer. Comme Québécois, il connait sûrement tout ça. Mais la volonté inflexible de cette femme de se porter à la défense du néolibéralisme alla jusqu’à l’aveuglement total sur ce modèle de gouvernance. Et derrière cette fermeté résolue, il y avait un conseiller politique, prix Nobel d’économie, Friedrich Hayek, considéré comme un des pères du néolibéralisme et génie du XX ième siècle d’après la chroniqueuse Nathalie Elgrably-Lévy du Journal de Montréal.
Une vision de la société humaine comme soumise à des lois strictement économiques, sans le contrepoids d’un débat démocratique sensible aux besoins de la communauté pour mettre ses membres à l’abri du besoin, peut s’avérer être d’une telle brutalité qu’il est difficile de l’expliquer sinon comme le dessin politique de maintenir un pouvoir implacable et autoritaire sur les subalternes par les classes dominantes. Et finir par imposer violemment « la servitude » que les théories économiques d’Hayek prétendent nous éviter.


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