Deux mondes...deux réalités

La guerre des Titans / Appel de détresse

Tribune libre

Même si les deux sujets abordés dans ce billet sont diamétralement opposés, c'est à dessein que j'ai voulu vous les présenter en parallèle pour vous faire voir toutes les aberrations véhiculées dans un système de valeurs « malade » où cohabitent sur la même planète l’opulence et la démesure des riches et la détresse des jeunes.
La guerre des Titans
En 1957, les joueurs de la Ligue nationale de hockey gagnaient en moyenne
8 000$ par année alors que le salaire annuel moyen du Québécois se situait autour de 3 500$. En 2011, le salaire moyen des joueurs était de 2,4 millions de dollars par saison tandis que celui des employés salariés du Québec frôlait les 43 000$…un écart faramineux et pour le moins questionnable.
Dans le conflit qui oppose actuellement la LNH à l’Association des joueurs, les propriétaires demandent aux joueurs de diminuer leur part de revenus liés au hockey dans une offre contractuelle de six ans, lesquels revenus se chiffrent à environ 3,3 milliards$ annuellement.
Initialement, les proprios demandaient aux joueurs d'abaisser le taux de partage des revenus de 57% à 43%. Ils ont depuis ce temps majoré le taux à 49% pour la première année, avec une diminution graduelle jusqu'à 47%. En ce qui a trait à l'AJLNH, elle a présenté une contre-offre, avec un taux de partage s'élevant à 54,3% en leur faveur dès le départ pour diminuer progressivement jusqu'à 52,7% pour les cinq années subséquentes.
À la lecture de ces données qui atteignent des sommets astronomiques, nous sommes en droit de nous interroger sur le caractère scandaleux de cette guerre des Titans qui revêt de plus en plus des allures d’enfants gâtés qui se battent pour avoir la plus grosse part du gâteau, payé en grande partie par les amateurs de hockey!
Appel de détresse
Des coupures faites à l'aide de ciseaux, de lames de rasoir ou de couteaux, des morsures, des brûlures et des coups portés aux bras, aux jambes et à l’abdomen seraient les blessures les plus fréquentes d’automutilation chez les ados, selon le Dr. Martin Gauthier, psychiatre en chef de l'Hôpital de Montréal pour enfants, un phénomène qui augmente, selon ses constats, à un rythme alarmant depuis le début de ses 25 années de pratique médicale.
Alors que de tels cas apparaissaient chez les jeunes patients psychotiques, intellectuellement déficients ou autistes lorsque Martin Gauthier a commencé à exercer, le psychiatre observe qu'environ un adolescent sur deux dans sa clientèle actuelle s'inflige volontairement des blessures corporelles, une forme d’exutoire pour ces jeunes en détresse aux prises avec des perturbations intérieures causées par un surplus d’émotions ou des traumatismes qu’ils sont incapables de gérer.
Un certain phénomène d'imitation engendré par les comportements d'adolescents qui les entourent, l’influence exercée par certaines célébrités ainsi que les divers forums d'automutilation sur le web pourraient aussi jouer un rôle dans l'augmentation de cette pratique chez les jeunes, note le
Dr Gauthier, un effet d’entraînement observé par le passé, notamment dans les centres d'accueil ou encore dans les prisons.
À mon sens, quand un jeune en est rendu à s’infliger des blessures sur son propre corps, nous devons y percevoir un appel de détresse qui doit recevoir, non seulement une écoute attentive, mais aussi un suivi auprès des ressources psychologiques adéquates dans les meilleurs délais.
...Et pourtant, face à ces deux portraits au paysage fort différent, force nous est de constater que le focus médiatique est porté sur les "pauvres" joueurs de hockey au détriment d'une parti de notre jeunesse aux prises avec un cancer de l'âme virulent!
À quand une société humaine, une presse médiatique et une volonté politique qui mettront les énergies nécessaires pour s'occuper de ces jeunes du Québec dont le cri d'alarme ne cesse de s'amplifier?
Henri Marineau
Québec

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Henri Marineau2094 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    7 octobre 2012

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  • Archives de Vigile Répondre

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  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    20 septembre 2012

    @ H. Marineau:
    «... force nous est de constater que le focus médiatique est porté sur les "pauvres" joueurs de hockey au détriment d’une parti de notre jeunesse aux prises avec un cancer de l’âme virulent !»
    Les Romains disaient, «du pain et des jeux!».

  • Archives de Vigile Répondre

    16 septembre 2012

    L'inquiétude du lendemain est très présente au Québec. Au printemps dernier, une étude de l'ONU révélait que deux millions de Canadiens vivaient l'insécurité alimentaire y compris des centaines de milliers de Québécois.
    Ce n'est pas pour rien que le regretté syndicaliste Michel Chartrand faisait la promotion d'un revenu de citoyenneté universel et inconditionnel.
    Un tel revenu permettrait à tous les Québécois sans exception de pouvoir vivre décemment et heureux sans être constamment inquiets du lendemain.