Les partis politiques sont-ils en train de tomber en désuétude?
Facile de répondre par l’affirmative devant le résultat du premier tour des élections présidentielles en France, où républicains et socialistes ont été évacués du second tour.
Le candidat favori pour l’emporter, Emmanuel Macron, n’a pas de parti, il se dit ni de droite ni de gauche; il a déjà affirmé que tout le monde «se fout» des programmes des partis.
Ici aussi
Évidemment, notre réalité et notre régime politiques sont bien différents de celle de l’Hexagone. Mais ici aussi les partis politiques traditionnels montrent des signes d’essoufflement: nombre de membres en baisses, finances difficiles, etc.
L’épisode de la commission Charbonneau et les changements des règles de financement ne les ont certainement pas aidés. Il faut dire qu’ils ne s’étaient pas aidés eux-mêmes en contournant la loi sur le financement des partis politiques.
Lundi, deux histoires de financement ont refait surface.
– Après des semaines d’atermoiements, le Parti québécois a annoncé qu’il allait finalement rembourser au Directeur général des élections les contributions illégales reçues depuis 10 ans.
– Notre Bureau d’enquête a révélé que le collecteur «bénévole» Marc Bibeau et l’ex-chef libéral Jean Charest avaient été surveillés étroitement par l’UPAC dans le cadre d’une vaste enquête sur le financement du PLQ.
Mauvaise réputation
La réputation des partis est plombée. Si bien que, de nos jours, même une personne qui compte contribuer tout à fait légalement à un parti se demande si cela ne pourrait pas s’avérer une sorte de stigmate nuisible à l’avenir. Elle préférera souvent s’engager dans un groupe «citoyen», un groupe de pression.
Les changements aux règles de financement étaient sans doute nécessaires: le seuil de la contribution maximale est passé de 3000 $ sous Lévesque à 100 $ sous Marois. Les partis se financent de plus en plus avec la subvention de l’État calculée en fonction du nombre de votes obtenus.
L’idéal du financement populaire de René Lévesque a été dévoyé par tous les partis. Il a transformé le PLQ en machine à «ramasser de l’argent» (dixit Robert Benoît, ancien président du PLQ). Dommage, il y avait quelque chose de noble à vouloir que les formations politiques se financent à coups de petits montants de citoyens.
Or, nos partis sont en phase de dévitalisation, comme l’a montré Alec Castonguay dans L’actualité du mois d’avril. L’ancien président de la Commission politique du PLQ, Jérôme Turcotte, l’a écrit dans un rapport l’an dernier: plusieurs militants du PLQ ont le sentiment que c’est là une «marque de commerce servant à faire élire une aile parlementaire qui a délaissé le militantisme».
Du reste, il est loin d’être certain que, pour le bien de la démocratie, la multiplication des «mouvements» autour d’un seul homme, comme celui de M. Macron, soit vraiment l’idéal.
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