Une responsable de la Réserve fédérale américaine (Fed) a une nouvelle fois exprimé ses craintes mercredi sur le projet de cryptomonnaie de Facebook, la libra, promise pour 2020.
« Une préoccupation majeure concernant le projet libra de Facebook est la possibilité qu’un système de paiement soit adopté à l’échelle mondiale dans un court laps de temps et s’impose comme une nouvelle monnaie », a déclaré Lael Brainard dans un discours à Francfort. « Sans les garanties requises, les réseaux de monnaies numériques stables (adossées à une devise ou à un panier de devises) à l’échelle mondiale peuvent mettre les consommateurs en danger », ajoute-t-elle, relevant que les cryptomonnaies présentent déjà un certain nombre de risques pour le système financier. « Ceux-ci pourraient être amplifiés par une monnaie stable largement répandue », a-t-elle également souligné.
Mme Bainard constate en outre que, contrairement aux plateformes de médias sociaux ou aux applications de covoiturage, les systèmes de paiement ne peuvent pas être conçus au fur et à mesure de leur développement, en raison des potentiels risques pour la sécurité financière des consommateurs. « C’est pourquoi, dans de nombreuses juridictions, dont l’Union européenne, il existe un régime de surveillance des systèmes de paiement de détail », explique-t-elle.
Le président de la Fed a lui aussi formulé des mises en garde, appelant Facebook à répondre aux plus grandes exigences de surveillance et de régulation. La taille de Facebook — avec chaque jour environ 2,2 milliards de personnes qui se connectent à au moins l’une de ses plateformes (Instagram, WhatsApp, Messenger, Facebook) — implique que la nouvelle monnaie pourrait perturber le système financier mondial et rendre la tâche plus difficile aux banques centrales, avait-il observé il y a quelques mois.
En juin dernier, Facebook s’était attiré les foudres de nombreux gouvernements dans le monde en annonçant vouloir lancer en 2020 sa propre cryptomonnaie, adossée à un panier de devises. De nombreux régulateurs et gouvernements ont fait part de leurs inquiétudes, notamment en raison de la mauvaise réputation du groupe américain en matière de confidentialité et de protection des données personnelles. Les États et les banques centrales redoutent aussi de perdre leur souveraineté : ils sont pour le moment les seuls à avoir le droit de battre monnaie.
Depuis, le géant des réseaux sociaux a dû revoir ses ambitions à la baisse face aux réticences des autorités et régulateurs, notamment américains, et les défections d’entreprises partenaires pour l’accompagner dans ce projet.