L'Avenir du parti

La crise au Bloc québécois

Un référendum interne pour sortir de l'impasse

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Chronique de Gilbert Paquette

L’auteur a été candidat du Bloc québécois en 2015


La démission des sept députés du Bloc fait actuellement très mal au mouvement indépendantiste. Tout les sondeurs vous le diront, les dissensions étalées sur la place publique éloignent toujours les électeurs. Le dernier sondage Léger de ce 4 mars 2018 le démontre encore une fois.


En décembre dernier sous la direction de Martine Ouellet, l’appui au Bloc était pourtant à 21 % (un peu plus que le 19,5% à l’élection de 2015), devançant le NPD à 15% et les conservateurs à 14%. Depuis la crise de la semaine dernière, les appuis au Bloc ont plongé à 13%, derrière les deux autres partis d’opposition. De toute évidence, il est urgent de se mettre en mode solution. Le Québec a besoin d’un Bloc québécois uni. Pour « une voix forte à Ottawa », Il faut d’abord et avant tout une solidarité derrière des orientations claires définies par le parti.


Une voix forte pour faire quoi ? Malgré la remarquable défense des intérêts du Québec à Ottawa sous la direction de Gilles Duceppe, la moitié des 36% d’indépendantistes au Québec ont déserté l’appui au Bloc québécois en 2011 et en 2015, en votant pour des partis fédéralistes. On ne peut prétendre continuer avec la même approche. Il faut se remettre en question. Il faut une réflexion profonde sur le rôle du Bloc à Ottawa et un changement d’orientation.


Avant cela, il faut dépasser les diagnostics faciles dont témoigne le battage médiatique actuel contre la cheffe du Bloc, une stratégie de toute évidence concertée, qui nuit terriblement au Bloc québécois. Qu’il y ait eu des difficultés de communication et de fonctionnement, cela est évident. On devrait pouvoir les résoudre par un protocole de fonctionnement qu’il doit être possible d’établir entre indépendantistes de bonne foi. Cela deviendra possible dans la mesure où on aura d’abord clarifié le rôle et le programme politique du Bloc québécois dans le contexte de 2018, un contexte différent de celui qui a donné naissance au Bloc québécois, un contexte où l’indépendance est presque disparue du débat public.


Certains commentateurs ont eu cette semaine la clairvoyance de souligner le problème de fond du mouvement indépendantiste au Québec. Lorsque notre orientation fondamentale n’est plus en phase avec l’opinion publique, on peut adopter deux attitudes : soit l’intégration dans le système comme n’importe lequel autre parti mais avec un verni « nationaliste », soit revenir à l’essentiel en démontrant la nécessité de l’indépendance, à travers la défense des intérêts du Québec. C’est ce dernier choix qui est inscrit en toutes lettres dans le programme du Bloc de 2014 et c’est ce choix que la direction du parti veut mettre en pratique.


Depuis le référendum de 1995, les principaux partis indépendantistes proposent une approche de « bon gouvernement à Québec », et on pourrait dire de « bonne opposition » à Ottawa. On s’intègre dans les institutions que l’on veut pourtant remplacer. À Québec, seule l’élection de 1994 a porté sur l’indépendance, Jacques Parizeau ayant promis de tenir un référendum de souveraineté dans l’année qui suivrait. Au cours de cette campagne référendaire, l’appui populaire est passé de moins de 40% à près de 50%. Le même phénomène s’est produit d’ailleurs en Écosse où le camp du OUI est passé de 35% à 45%. Voilà qui devrait déranger certaines certitudes qui ont la vie dure.


C’est pourtant simple, quand on fait campagne pour l’indépendance, l’appui progresse. Quand on ne fait pas campagne, l’appui stagne. Depuis 1995, il stagne depuis tellement longtemps que c’est même l’espoir qui est atteint. Selon un sondage CROP en 2015, seulement 20% des Québécois croient que le Québec deviendra un jour un pays indépendant, même s’ils sont près de 40 % à le souhaiter. On ne peut continuer comme cela. À Québec, on peut être pour ou contre un repli stratégique comme celui décidé par le Parti québécois, mais sur la scène fédérale, il n’y a aucun risque à une campagne permanente de promotion de l’indépendance, puisque c’est seulement à Québec que la décision pourra être prise. Le rôle du Bloc est d’aider à ce que cette décision advienne le plus vite possible.


Est-ce ce « changement » d’orientation dont parle Martine Ouellet qui est mal accepté ou mal compris ? Il est pourtant souhaité par la grande majorité des militantes et des militants du Bloc. On y gagnerait une mobilisation des 20 000 membres du parti, une force considérable. Contrairement à 2011 et à 2015, le Bloc doit viser à faire le plein des votes indépendantistes du Québec.  Cela en ferait à terme le premier parti au Québec sur la scène fédérale. Cet objectif doit être la préoccupation principale de tous les indépendantistes et, plus largement, de tous ceux qui ont à cœur les intérêts du Québec et son avenir politique.


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Gilbert Paquette68 articles

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Ex-ministre du Parti Québécois
_ Président des Intellectuels pour la souveraineté (IPSO)

Gilbert Paquette est un chercheur au Centre interuniversitaire de recherche sur le téléapprentissage (CIRTA-LICEF), qu’il a fondé en 1992. Élu député de Rosemont à l’Assemblée nationale du Québec le 15 novembre 1976, réélu en 1981, Gilbert Paquette a occupé les fonctions de ministre de la Science et de la Technologie du Québec dans le gouvernement de René Lévesque. Il démissionne de son poste en compagnie de six autres ministres, le 26 novembre 1984, pour protester contre la stratégie du « beau risque » proposée par le premier ministre. Il quitte le caucus péquiste et complète son mandat comme député indépendant. Le 18 août 2005, Gilbert Paquette se porte candidat à la direction du Parti québécois. Il abandonne la course le 10 novembre, quelques jours à peine avant le vote et demande à ses partisans d’appuyer Pauline Marois. Il est actuellement président du Conseil d’administration des intellectuels pour la souveraineté (IPSO).





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