Lorsque j’ai vu Jean Charest entrer dans la salle d’audience de la commission sur la nomination des juges, hier, prenant le temps de serrer la main de tous les procureurs présents, j’ai réalisé qu’il s’agissait de sa commission, celle qu’il a non seulement lui-même formé, mais dont il a nommé directement ou indirectement les principaux acteurs.
Jean Charest a nommé le commissaire Bastarache qui a, à son tour, nommé tous ses procureurs, dont le procureur principal, Me Giuseppe Battista.
Jean Charest a également nommé les procureurs les plus actifs de la commission, ceux qui s’objectent le plus souvent et pour lesquels Me Bastarache montre le plus grand respect, les procureurs du parti libéral, de Jean Charest et du gouvernement.
Le procureur du Barreau, quant à lui, a été nommé par le Bâtonnier du Québec, Me Gilles Ouimet, qui est l’associé du procureur principal de la commission sur la nomination des juges, Me Giuseppe Battista, lui-même nommé par celui qui a été nommé par le premier ministre, Me Michel Bastarache.
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En écoutant le témoignage de Jean Charest, hier, comme bien des Québécois, j’ai pu constater que notre premier ministre était un homme très occupé.
Même s’il n’avait pas beaucoup de temps pour son ministre de la Justice lorsqu’il s’agissait de lui parler de la nomination des juges et des pressions qu'il subissait de la part des collecteurs de fonds du PLQ, on peut comprendre qu’il a pris plus que son temps afin de le supporter dans une épreuve difficile que ce dernier subissait, une heure plutôt qu’une demi-heure.
Même si Jean Charest n’avait pas beaucoup de temps pour son ministre parce qu’il était un homme fort occupé, il a tout de même pris le temps de lui parler lorsque Marc Bellemare l’a appelé à New York ou lui a téléphoné de Paris à son bureau de Québec.
Il est étonnant que deux hommes aient pu avoir autant de difficultés à se parler lorsqu’ils étaient dans la même ville, alors qu’ils ont pu le faire avec une facilité aussi déconcertante lorsque l’un des deux était à l’étranger. Il est vrai que, contrairement aux appels locaux, les appels interurbains laissent des traces.
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Difficile pour un avocat de juger de la performance d‘un confrère ou d’une consœur. Parmi tous les acteurs de la commission sur la nomination des juges, c’est le commissaire Bastarache qui soulève le plus de commentaires dans mon entourage. On se demande comment il a pu être nommé à la Cour suprême du Canada.
Je réponds invariablement que les juges les plus compétents pour présider des commissions d’enquête proviennent en général de la Cour supérieure ou de la Cour du Québec, la Cour Suprême et la Cour d’appel ne nécessitant pas les mêmes habiletés.
Un bon copain m’a fait remarquer ce matin que, dans tous les cas, le jugement est un préalable incontournable pour être nommé juge.
Il est vrai que Jean Chrétien et Jean Charest ont tous les deux nommé Michel Bastarache sans qu’il lui soit nécessaire de se soumettre à l’épreuve d’un comité de sélection, comme c’est le cas pour tous les juges de la Cour du Québec.
Sans aucun doute, Me Michel Bastarache est le talon d’Achille de la commission … Charest.
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Dernier billet sur le même sujet:
Les plus perspicaces auront déjà tous compris que la stratégie des avocats qui représentent Jean Charest, son parti et son gouvernement à la commission Bastarache est d’isoler Marc Bellemare et de livrer quelques boucs émissaires en pâture au commissaire et au procureur principal de cette commission. (...)
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4 commentaires
Archives de Vigile Répondre
29 septembre 2010La commission Bastarache : une commission qui ne cherche pas la vérité, mais seulement à protéger Sieur John James Charest.
Une commission dont la partialité est ouvertement démontrée.
Pitoyable parodie !
Archives de Vigile Répondre
26 septembre 2010Il serait préférable d'utiliser le terme'commissionnaire Bastarache' qui protège la Famillia libérale.
Jean-Louis Pérez-Martel Répondre
25 septembre 2010Tôt ou tard la caverne d’« Ali Baba et ses Quarante voleurs » se révélerait au grand public
Ainsi je le dénonçais le 14 décembre 2009 :
(…)
Considérant ces précédents, Monsieur le premier ministre du Québec, Il faut vous rappeler que depuis le premier jour où vous avez pris le pouvoir, au printemps 2003, obnubilé par le succès et surpassé par votre propre ego, vous et votre groupe de mercenaires de la politique, des finances publiques spéculatives et de pillages des ressources fiscales et naturelles, l’État québécois est devenu une sorte de caverne d’« Ali Baba et ses Quarante voleurs ». Vous devez vous remémorer, car vous semblez « l’avoir oublié », que le libéralisme politique appliqué par vos prédécesseurs premiers ministres à la tête du PLQ et des gouvernements du Québec, était conditionné de manière fidèle et patriote à la défense des intérêts du Québec avant ceux du pouvoir centraliste et arbitraire d’Ottawa.
Monsieur le Premier ministre du Québec, il faut aussi vous rappeler qu’à partir de votre ascension au pouvoir en 2003, vous avez placé dans la haute administration publique du Québec plusieurs de ces mercenaires, tel Claude Garcia qui fut nommé en 2004 au poste de président du comité de vérification de la CDPQ jusqu’à 2008, alors que cet organisme, responsable de la gestion des fonds de retraite publics québécois, avait enregistré une perte de 40 000 millions de dollars. L’« escroquerie » financière la plus importante commise auprès d’une institution financière dans histoire du Canada. Un autre de ces mercenaires est Clément Gignac, celui que la chef du PQ avait qualifié de traître pour avoir travaillé dans les bureaux à Ottawa, au projet cher au gouvernement conservateur de Stephen Harper de créer une commission pancanadienne des valeurs mobilières et qui, depuis juin 2009, est récompensé en devenant votre Ministre du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation. Et que dire de Michael Sabia, cet autre prétorien de votre pouvoir népotique, qui fut nommé président de la CDPQ après un processus de sélection réduit à sa plus simple expression et dont l’équipe de cet autre mercenaire des finances n’est pas parvenue à dissiper le climat de méfiance envers la nouvelle gestion, en raison des départs d’employés hautement qualifiés de cette société publique de financement.
(…).
JLP
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*. Extrait de Lettre ouverte à Monsieur Jean Charest (Premier ministre du Québec)
http://www.vigile.net/Lettre-ouverte-a-Monsieur-Jean,24357
Archives de Vigile Répondre
24 septembre 2010Aujourd'hui, vendredi le 24 septembre 2010, Le premier ministre a affirmé qu'il ne suivait pas toutes les règles prescrites pour la nomination des juges. L'influence indue existe bel et bien. Maître Bertrand a eu la réponse qu'il attendait. M. Lapierre, journaliste de TVA, ne s'est pas énervé pour rien à la fin de la journée. M. Bastarache a-t-il aussi entendu ?