Le 3 août, le président de la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN), le Dr Michael Binder, critiquait vivement notre article publié dans Le Nouvelliste du 27 juillet et Le Soleil du 29 juillet sous le titre «Laxisme dans la réglementation fédérale nucléaire et ferroviaire». Brièvement, M. Binder niait un tel laxisme et prétendait que les informations que nous avons diffusées sont «erronées». (
voir URL de la CCSN et du Soleil http://suretenucleaire.gc.ca/fr/mediacentre/issues/letters_to_the_editor/20130730-response-lax-federal-nuclear-regulatory-oversight.cfm
http://www.lapresse.ca/le-soleil/opinions/points-de-vue/201307/25/01-4674120-laxisme-dans-la-reglementation-federale-nucleaire.php
En réponse à M. Binder nous soulignons que la plus grande partie des informations que nous avons diffusées proviennent de rapports volumineux et d’articles de grande qualité écrits par des scientifiques et des ingénieurs qui travaillent au niveau technique à la CCSN. Ceux-ci sont très compétents et décrivent généralement les problèmes techniques des réacteurs CANDU de façon détaillée et crédible.
Une autre source d’information excellente est l’article d’octobre 2009 écrit par John Waddington, un ingénieur nucléaire avec des années d'expérience à Énergie atomique du Canada limitée (EACL) et à la CCSN. Waddington et plusieurs chercheurs universitaires aux Etats-Unis font passer un message important qui retient l’attention depuis la tragédie de Lac-Mégantic le 6 juillet. Le message est que le laxisme dans la réglementation contribue à «l'échec institutionnel» (« institutional failure »), ce qui est un facteur dominant dans les accidents majeurs dans plusieurs domaines de l’économie.
Si M. Binder croit que nous avons disséminé des informations «erronées», il s’en suit, en vertu de l'article 9 de la «Loi sur la sécurité et la réglementation nucléaires» de 1997, qu’il est dans l'obligation de publier les informations corrigées afin d’informer le public canadien de manière objective et scientifique.
Dans notre lettre nous avions soulevé neuf questions concernant des exemples potentiels de laxisme à la CCSN, M. Binder n’a répondu à aucune question. Par exemple, nous avons demandé pourquoi la CCSN a accordé en juin 2011 à Hydro-Québec le permis d’exploitation de Gentilly-2 jusqu’en 2016 sans avoir en main le volumineux et exigeant Rapport d’analyse de sûreté qui est normalement requis. Plus dans le style de «tirer sur le messager», les trois premiers paragraphes de la lettre de M. Binder sont seulement des attaques personnelles sur nous; ils sont dépourvus de toute information scientifique objective.
Les 11 avril et 1er août 2013, nous avons adressé à l’Honorable Joe Oliver, Ministre des ressources naturelles à Ottawa, deux lettres ouvertes bien étoffées d’informations nucléaires et de questions. Nous invitons M. Binder à répondre à ces questions tel que l’Article 9 de la Loi de 1997 l’exige.
De plus nous invitons M. Binder à voir à ce que tout le personnel de la CCSN, en particulier les personnes très haut placées dans la hiérarchie administrative, respectent pleinement l'article 9 de la Loi sur la sûreté nucléaire de 1997, qui peut se résumer ainsi: « maintenir le risque nucléaire à un niveau socialement acceptable, et informer le public de manière objective et scientifique sur les questions nucléaires ».
Michel Duguay et Philippe Giroul
Les risques du nucléaire
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3 commentaires
Stéphane Sauvé Répondre
8 août 2013Parle t'on de la même commission dont la présidente, Linda Keen (la prédécesseure du président actuel) fut congédiée par Harper pour lui avoir tenu tête et refusé de garder la Centrale de Chalk River en opération, alors qu'elle savait mieux que quiquonque, que les risques de bri d'équipement étaient trop élevés ?
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/National/2009/02/23/007-isotopes-keen-nucleaire.shtml
Qui a mis Binder en place ?
Quelle crédibilité reste t'il à cette industrie après que Harper et sa gang y aient placé leurs pions ?
C'est d'une commission d'enquêtre royale qui est nécessaire ?
D'ici là, le Québec a besoin de sacrer son camps de ce pays sans dessus dessous.
Archives de Vigile Répondre
8 août 2013Félicitations et merci aux auteurs pour cet article bien senti et appelé, espérons-le, à brasser la cage de cette institution tellement amochée par le remplacement irresponsable de madame Keen.
Merci à Vigile pour avoir publié cet article et cela, vraisemblablement, en grande primeur.
François A. Lachapelle Répondre
8 août 2013La réponse du 3 août 2013 portant la signature du président de la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) du Canada, Dr Michael BINDER est inadéquate et pour le fond et pour la forme. Selon la mise en page de son texte dans Le Nouvelliste, les 46 premières lignes sur 76 lignes, plus de 66% de son texte, sont une attaque contre les messagers qui sont Michel A. Duguay et Philippe Giroul.
Cette tactique offensive, cousue de fil blanc, est une preuve que le message de MM Duguay et Giroul est solide, même inattaquable. Tirer sur le messager est intellectuellement malhonnête et démontre la position de faiblesse du Dr Binder.
Dr Binder a remplacé Mme Linda Keen qui accomplissait un excellent travail préventif devant un danger grave d'un réacteur nucléaire de Chalk River, propriété de Énergie atomique du Canada. Ce changement de garde a été réalisé par opportunisme politique de Stephen Harper.
Sans égard pour cette décision politique non-fondée, Dr Binder aurait pu remplir sa fonction avec crédibilité, éthique et professionnalisme. Au contraire et à plusieurs reprises depuis qu'il occupe le siège du président de la CCSN, il a démontré une stratégie de promotion du nucléaire au lieu d'effectuer un travail de surveillance très exigeant.
MM Duguay et Giroul sonnent l'alerte devant les dangers que le Dr BINDER devrait lui-même examiner avec toute la compétence de ses milliers d'employés. Faut-il en arriver à demander la démission du Dr Binder pour que la population du Canada soit rassurée dans l'application de l'article 9 de la Loi sur la sûreté nucléaire de 1997 de manière intègre et intégrale ?