Malgré que le virus de la COVID-19 se propage toujours et que les cas d’infection sont en progression dans certains États américains, il semble que, du moins au Québec et au Canada, le pire de la pandémie soit maintenant derrière nous.
Sur le plan politique, de nombreuses études publiées au cours du printemps nous indiquent que le gouvernement Legault est resté dans les bonnes grâces de l’opinion publique québécoise, affichant des taux de satisfaction parmi les plus élevés au Canada. Dans le creux du confinement en avril, plus de 90 % des Québécois affirmaient être satisfaits de la gestion de crise de François Legault lors de plusieurs sondages Léger consécutifs — un record de cette maison de sondage, m’a-t-on confirmé.
Deux autres maisons de sondage canadiennes ont tâté le pouls des Québécois dans les dernières semaines, soit Innovative Research et l’Institut Angus Reid. Malgré que les chiffres diffèrent, les moyennes pondérées de ces sondages s’alignent tout de même avec les tendances des derniers mois. Ainsi, nous présentons aujourd’hui une mise à jour complète de la projection Qc125 pour le Québec, résultat de 100 000 simulations. Vous trouverez la liste complète des sondages québécois sur cette page.
Sans surprise, la Coalition Avenir Québec demeure loin en tête devant ses rivaux avec une moyenne de 45 % des intentions de vote dans la province (soit huit points de plus que lors de l’élection de 2018). En décomposant les chiffres par région, nous observons que la CAQ occupe la première place dans toutes les régions du Québec, à l’exception de l’île de Montréal.
Le Parti libéral du Québec n’enregistre aucun gain d’appui malgré la nomination de la cheffe Dominique Anglade et stagne à une moyenne de 25 %. D’ailleurs, comme nous le verrons ci-dessous, la CAQ continue de grimper dans les intentions de vote — particulièrement aux dépens du Parti québécois — si bien que ses appuis commencent à déborder dans des circonscriptions que nous croyions solidement libérales (particulièrement à Laval et en Outaouais).
Outre le PLQ qui bat de l’aile, le PQ continue de glisser dans les intentions de vote à un point tel que presque toutes les circonscriptions qu’il détient seraient en danger de passer à la CAQ. En effet, avec une moyenne de 14 % au Québec (environ un électeur sur sept), le PQ n’a plus de base régionale hors de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent. Des circonscriptions jadis considérées solides comme Marie-Victorin, Joliette et Jonquière sont maintenant en danger.
Québec solidaire, à une moyenne de 11 %, serait sans doute en mesure de conserver ses acquis sur l’île de Montréal et la circonscription de Taschereau, à Québec, mais le parti ne serait plus favori dans trois circonscriptions remportées en 2018, comme Jean-Lesage, Sherbrooke et Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
Voici la mise à jour de la projection de sièges Qc125.
Selon les 100 000 simulations effectuées par le modèle Qc125, la CAQ pourrait aspirer à une victoire écrasante et historique avec 90 sièges en moyenne (aucun parti n’a gagné plus de 80 sièges au Québec lors d’une élection générale depuis le PLQ de Robert Bourassa en 1989). Même dans les pires scénarios, elle conserverait sa majorité à l’Assemblée nationale (dont le seuil est à 63 sièges).
En effet, le plancher de la CAQ semble se situer près de 70 sièges, alors que le plafond du PLQ se trouve entre 35 et 40 sièges. Voici les courbes de densité de probabilités d’obtention de sièges de ces deux partis — courbes qui ne se croisent même plus tellement la CAQ est dominante à l’heure actuelle.
À Montréal, des circonscriptions historiquement « rouge foncé » commencent d’ailleurs à pâlir sur la carte de la projection, entre autres Marquette, Maurice-Richard et Anjou-Louis-Riel. Dans le 450, c’est un balayage presque complet de la CAQ.
Dans la région de Québec, la domination de la CAQ est complète, à l’exception du « petit village gaulois » de Taschereau.
Voici un schéma des 125 circonscriptions du Québec par région.
Des historiens et analystes politiques plus expérimentés pourraient sans doute faire des comparaisons intéressantes entre la dominance actuelle de la CAQ et celle d’autres partis dans l’histoire du Québec — le PLQ de Robert Bourassa et l’Union nationale de Maurice Duplessis me viennent en tête — car, de ma vie adulte, je n’ai jamais rien vu de tel. Même le PQ de Lucien Bouchard, un politicien hautement apprécié des Québécois à l’époque, n’est jamais parvenu à un tel niveau d’appui. Le PLQ de Jean Charest avait remporté 76 sièges à l’élection de 2003 et est resté au pouvoir pendant près d’une décennie, mais jamais les chiffres n’ont montré une telle dominance auprès de l’opinion publique.
Avec des taux d’appréciation historiquement élevés et des partis d’opposition en reconstruction, François Legault est solidement en selle après presque deux ans au pouvoir. Tout peut changer rapidement en politique, alors je me garderai de faire des prédictions à long terme, mais « l’usure du pouvoir » n’a certainement pas encore commencé à éroder la CAQ, qui demeure plus forte que jamais en ce début d’été 2020.
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Les projections des 125 circonscriptions du Québec sont disponibles sur la page web de Qc125.