En lisant le billet de Sophie Durocher du 6 avril du Journal eu égard au film québécois La Bolduc, j’avoue avoir ressenti un certain malaise devant quelques arguments qui me semblent pour le moins inadéquats.
D’entrée de jeu, le fait de comparer la Bolduc à des personnages « plus grands que nature » tels Maurice Richard et Louis Cyr tient de la pure fiction, Mme Bolduc ayant fait carrière sur la scène en tant qu’artiste évoluant dans les années ’40 alors que les deux autres personnages possédaient, chacun à sa façon, un pouvoir d’attraction hors de l’ordinaire qui rayonne encore aujourd’hui.
Autre point de vue qui m’a dérangé, cet argumentaire à l’effet que « c’est vraiment le cinéma de grand-papa », faisant allusion à la scène où la Bolduc pousse « de gros soupirs devant sa robe de mariée » pour exprimer sa déception devant sa vie de couple. Une réaction tout à fait « normale » pour une époque où le mariage revêtait un caractère sacré.
Enfin, j’ai beaucoup de difficulté à comprendre pourquoi Mme Durocher consacre un long paragraphe sur ce qu’elle qualifie de « cinéma traditionnel » en affirmant que « c’est réalisé comme si depuis 20 ans on n’avait pas évolué dans notre façon de raconter des histoires », tout en comparant du même souffle La Bolduc à « la moindre série télé (qui) nous épate avec ses prouesses de réalisation, quand les salles de cinéma sont remplies de jeunes réalisateurs qui réinventent l’écriture dramatique ». Pourtant, à mes yeux, la réalisation et le scénario respectent en tout point une Bolduc fidèle à son époque pour le plus grand bien de sa crédibilité… La Bolduc, un film à voir avec un regard et une perspective historique.
Une chanson prémonitoire
Je ne sais pas quelle mouche a piqué Sophie Durocher depuis la sortie en salle de La Bolduc, mais c’est le deuxième billet qu’elle signe dans Le Journal empreint d’une certaine acrimonie qui me laisse perplexe.
Cette fois-ci, quoique le sujet n’ait pas rapport directement au film, Mme Durocher dénonce une chanson interprétée par la Bolduc datant des années ’30 intitulée L’ouvrage aux Canadiens, dont voici le refrain : « C’est à Montréal qu’y a des sans-travail / C’t’effrayant d’voir ça les gensses qui travaillent pas / C’est pas raisonnable quand il y a de l’ouvrage / Qu’ça soit les étrangers qui soient engagés. [...] ».
À titre d’argumentaire, Sophie Durocher qualifie ces propos de « réquisitoire anti-immigrés », de « xénophobes qu’on associe avec des groupuscules fascistes ou des partis politiques d’extrême droite ».
Or, quant à moi, je retiens des paroles de cette chanson qu’elles reflètent une réalité bien d’aujourd’hui et, qu’en ce sens, cette chanson prend des airs prémonitoires eu égard aux problèmes actuels suscités par les immigrants en relation avec leur intégration, notamment sur le plan de la langue et de notre culture.
Henri Marineau
Québec
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3 commentaires
Henri Marineau Répondre
17 avril 2018Dans un autre ordre d'idée...
Manifestement, la journaliste Sophie Durocher n’a pas du tout apprécié se faire appeler Sophie Martineau par une nouvelle collaboratrice du Journal, Marjorie Champagne, réalisatrice, chroniqueuse et blogueuse, qui se targue d’être féministe et dénonce le patriarcat, le sexisme systémique en plus d’écrire pour la Gazette des femmes et d’être invitée à parler de féminisme à Radio-Canada.
Or, il s’avère que, depuis 1981, soit depuis 37 ans, « la coutume suivant laquelle la femme mariée était désignée par le nom de son mari a été abolie car elle semblait contraire au principe de l’égalité des sexes ».
Sophie Durocher fait carrière en journalisme depuis 32 ans, soit bien avant d’être en couple avec Richard Martineau. Elle a fait ses armes toute seule « comme une grande fille » qui a gagné fièrement ses lettres de noblesse. Néanmoins, régulièrement, sur les médias sociaux, « des trolls machos misogynes et méprisants » l’appellent Sophie Martineau.
Comme dirait l’autre, nous sommes en 2018… Il serait peut-être temps que la conjointe d’un homme puisse se défaire du carcan méprisant de « l’ombre d’un mâle », particulièrement lorsqu’il est utilisé par une femme, jeune en plus, et qui s’affiche féministe de surcroît!
Henri Marineau, Québec
Marc Lapierre Répondre
14 avril 2018Mme Durocher, tout comme son conjoint Martineau, fait partie de ces gens qui ont une opinion sur tout en général, mais qui ne connaissent rien en particulier. Ils sont à la vie intellectuelle ce que le Big Mac est à la gastronomie. Le fait que ce couple engrange un revenu dans les six chiffres à l'heure où des centaines de Québécois tiennent bénévolement des blogues nettement plus riches et bénéfiques pour la vie des idées, laisse songeur.
Robert Duchesne Répondre
14 avril 2018Bonsoir monsieur Marineau.
Je trouve que Durocher se prend pour une intellectuelle depuis des années. J'aime très rarement ses textes souvent truffés de déclarations à l'emporte-pièce et de transpositions inter-époques ne faisant aucun sens, comme pour cette chanson que vous mentionnez L'ouvrage aux Canadiens, qu'elle critique à l'aune des événements et des critères de notre époque plutôt que de simplement l'interpréter dans le contexte d'alors. J'ai récemment partagé un de ses textes, celui sur le voile islamique versus le SPVM, mais c'est vraiment exceptionnel.
Je pourrais en dire autant de son conjoint Martineau, aussi exaspérant qu'exaspéré. Je trouve cela regrettable, car ce sont deux personnes intelligentes maîtrisant bien la langue française, mais leurs analyses prennent un ton par trop simpliste à mon goût. Peut-être en est-il autrement en d'autres contextes, mais dans le contexte d'une chronique leur critique devrait faire place à plus d'analyse de fond et de références pour étayer leur point de vue.