Malgré l'entrée en vigeur du cessez-le-feu, les bombardements en Syrie continuent. Quel sort connaitra ce nouvel accord ? L'ancien fonctionnaire du Pentagone Michael Maloof répond.
RT : La Russie et les Etats-Unis se rejettent mutuellement la faute concernant l'échec du cessez-le-feu. A votre avis que se passe-t-il réellement sur le terrain ?
Michael Maloof (M. M.) : Je pense que sur le terrain il se passe la chose suivante : les soi-disant rebelles modérés que soutiennent les Etats-Unis sont en lice pour prendre plusieurs positions de force. Ils profitent de l'accalmie et de la trêve pour reprendre position sur le champ de bataille. Ils veulent prendre Alep. Cela va continuer. Cela a été stimulé de l'extérieur par les Saoudiens, les Qataris — les gens qui parrainent cela. Ils ne veulent pas avoir de règlement avec le président syrien Bachar el-Assad — ils veulent qu'il parte.
Nous ne nous comprennons pas. Les Etats-Unis sont si embrouillés, parce qu'ils soutiennent les Saoudiens d'une part, mais d'une autre part D'un autre côté, ils ne partagent pas les renseignements concernant la réelle identité des soi-disant rebelles modérés. Ce n'est que [du thêatre], du Kabuki.
RT : Ce cessez-le feu est censé apporter de l'aide médicale et humanitaire. Il ne tient pas compte de ceux qui sont considérés comme faisant partie des groupes terroristes comme Daesh et le groupe anciennement connu sous le nom de Front al-Nosra. N'est-ce pas le moment idéal pour que les deux parties attaquent les organisations terroristes sans crainte de s'attaquer et se bombarder l'une l'autre ?
S'ils peuvent atteindre certains arrangements avec un grand nombre de forces rebelles qui se trouvent dans cette région, la question est : qui les contrôle ?
M. M. : Tout d'abord, ils ne peuvent pas identifier qui sont les modérés. Nous ne disposons pas de ce genre d'influence sur eux. Ensuite, l'aide humanitaire n'arrive pas vraiment. Le problème est que les gens auxquels se destine l'aide humanitaire ont peur de se faire attaquer par ces groupes qui rivalisent pour gagner du terrain et des forces. Il est possible effectivement que cela mette un terme à cette dernière initiative de paix avant même qu'elle ne se réalise.
RT : Pensez-vous que l'aide arrivera à la population ?
M. M. : Cela dépend. S'ils peuvent atteindre certains arrangements avec un grand nombre de forces rebelles qui se trouvent dans cette région, la question est : qui les contrôle ? En ce moment, c'est ce que les Russes demandent : «Dites-nous qui sont ces groupes ; assumons-en la pleine responsabilité ; rendons l'accord public». Je ne sais pas pourquoi il est classé au premier chef. Même les Français ont demandé à ce qu'il soit déclassé, afin qu'ils sachent avec qui ils sont censés de travailler.
RT : Cette guerre civile désastreuse en Syrie dure depuis cinq ans, elle a emporté la vie de 430 000 personnes. Ce cessez-le-feu peut-il l'arrêter, ou au moins conduire à de véritables discussions sur la façon d'y mettre fin ?
M. M. : Eh bien, qui c'est ce qui est espéré et attendu. Mais comme nous l'avons vu avec les accords précédents, ils tombent à l'eau en une ou deux semaines. J'ai peur que cela ne tienne pas, mais les principaux [acteurs] continueront d'essayer de faire pression [pour que ça tienne]. L'émissaire de l'ONU pour la Syrie souhaite vraiment poursuivre le processus de Genève, réunir et mettre d'accord les rebelles sur un gouvernement de transition. Mais le problème reste le même : Assad va-t-il rester ou partir, même pendant une période de transition ? Même les Turcs ont convenu qu'il n'y avait pas besoin qu'il parte tout de suite, et ils sont censés exercer une certaine pression de l'extérieur et avoir un certain contrôle sur eux. Il faudra encore voir comment cela évolue.
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