L'ONU s'enquiert de l'école québécoise « à trois vitesses »

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Un système d'éducation à trois vitesses


La crise sanitaire révèle « l'injustice » de l'école à trois vitesses, estime un regroupement de 4000 parents qui se réjouit de l'arrivée de l'ONU dans le dossier.




Ça nous force à regarder la vérité en face, a déclaré en entrevue mardi le coordonnateur du mouvement L'École ensemble, Stéphane Vigneault.



C'est un sujet qui est dans notre angle mort collectif. On aime beaucoup mieux regarder ailleurs. Là, de toute évidence, on n'aura plus le choix de le regarder en face.


Stéphane Vigneault, coordonnateur du mouvement L'École ensemble


L'École ensemble avait demandé à l'ONU plus tôt cette année d'inclure une question sur l'école inégalitaire québécoise dans ses questions au Canada, qui doit rendre des comptes en vertu d'un pacte international.


Le mouvement dénonce la « ségrégation scolaire » au Québec, avec le financement des réseaux public, public sélectif et privé, où les enfants sont séparés dans des écoles différentes en fonction du revenu de leurs parents.



Mardi, il s'est félicité d'avoir remporté une première manche.


L'ONU demande désormais au Canada de l'informer sur les mesures prises pour assurer aux élèves un accès égal à l'éducation dans le cadre du système scolaire à trois vitesses au Québec.


Elle demande également des explications quant aux mesures prises pour améliorer la qualité de l'éducation dans les écoles publiques ordinaires.


L'instigateur du mouvement, Stéphane Vigneault.

Stéphane Vigneault, coordonnateur du mouvement L'École ensemble.


Photo : Radio-Canada




Il s'agit là d'une victoire, selon M. Vigneault. Ils reconnaissent le système à trois vitesses, même ils vont parler d'écoles publiques ordinaires, donc ils reprennent exactement notre vocabulaire, s'est-il réjoui.



Dans ce processus-là, c'est une victoire. Ça vient mettre le Québec face à ses responsabilités.


La COVID-19 met en lumière les inégalités


En ce temps de pandémie, l'ONU prolonge ses délais et donne au Canada jusqu'au 30 juin 2021 pour répondre.


D'ici là, les mesures prises pour combattre la COVID-19, dont la fermeture des écoles et le confinement des élèves à la maison, continueront de mettre en lumière les inégalités dans le système d'éducation, croit Stéphane Vigneault.


Tandis que les écoles privées organisent des cours à distance, c'est le désordre dans les écoles publiques, selon lui. Si les gens n'avaient pas encore compris que le système scolaire est injuste, il y a certains enfants qui peuvent continuer à apprendre et d'autres à qui on dit : "Occupez-vous finalement".


[Le privé subventionné] peut par exemple dire : "Nous, on s'en va en télé-enseignement" sans se soucier du fait que plusieurs familles n'ont pas d'ordinateurs ni d'accès Internet, les élèves du privé étant plus riches que les autres, a-t-il déploré.


Au retour des classes, de nombreux élèves seront en rattrapage, désavantagés par rapport aux autres, prévient en outre L'École ensemble. C'est clair qu'on est en train d'échapper une partie des élèves. C'est très fâchant, très déconcertant. Comment ça se fait qu'au Québec, on en est là, s'exclame M. Vigneault.


Par ailleurs, la crise de la COVID-19 a révélé d'après lui que le système public de santé est vraiment incroyable, tandis que le système scolaire, qui est basé sur la concurrence, est incapable de prendre le choc.


Il espère que l'ONU émettra d'ici deux ans des recommandations au gouvernement du Québec, pour qu'il cesse notamment de subventionner avec des fonds publics l'école privée. Le calendrier de l'ONU pourrait coïncider avec le déclenchement des prochaines élections générales au Québec.




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