SOMMET SUR LE CLIMAT

L’ONU invite Ottawa à abandonner le pétrole

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Les provinces et territoires ont échoué mardi à s’entendre sur le principe selon lequel« le carbone a un prix ».

La secrétaire générale de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), Christiana Figueres, appelle le Canada à tourner le dos aux combustibles fossiles.

De passage à Québec, elle a invité les décideurs politiques canadiens à accélérer la transition énergétique afin d’alléger le poids du pétrole dans l’économie canadienne. « Est-ce que ça va être facile ? Non », a-t-elle convenu devant les chefs de gouvernement des provinces et des territoires réunis au Sommet de Québec sur les changements climatiques. « [Mais] il est très très difficile de continuer à avoir une économie canadienne exposée à la volatilité des prix du pétrole », a-t-elle ajouté, faisant allusion aux déficits budgétaires annoncés ou anticipés au pays.

D’autre part, les pétrolières canadiennes ne pourront plus compter sur une demande de pétrole « constante » et « prévisible ». « Ce n’est plus le cas. Ce n’est plus le cas », a répété Mme Figueres, avant de donner un aperçu des négociations — au-delà des « fortifications de Québec » — devant mener à un accord à la 21e Conférence des parties à la CCNUCC en décembre à Paris.

L’ambassadrice des Nations unies a appelé chacun des États à se doter de cibles de réduction d’émissions de GES qui constitueraient un « défi » à atteindre, mais avec lesquelles ils seraient « confortables ». Elle a été informée des cibles de 34 États jusqu’à aujourd’hui. Le Canada fait partie des « quelques pays industrialisés » à ne toujours pas avoir affiché ses couleurs, a-t-elle fait remarquer. Ni une ni deux, le député péquiste Sylvain Gaudreault a demandé au gouvernement libéral de réunir « dès maintenant » — et non en septembre — les élus de la commission parlementaire chargée de proposer les cibles québécoises post-2020.

Où est Leona Aglukkaq ?

Mme Figueres concluait mardi un séjour de 48 heures au Canada. Elle s’est arrêtée lundi à Ottawa, mais aucun membre du gouvernement conservateur n’était disponible pour la rencontrer. La chef d’orchestre des négociations sur le climat a participé à une séance d’information technique avec de hauts fonctionnaires. La ministre de l’Environnement, Leona Aglukkaq, était à l’extérieur de la capitale fédérale, lui a-t-on expliqué. Elle n’était toutefois pas en route pour Québec. Ottawa a dépêché mardi un fonctionnaire afin d’observer discrètement les travaux du Sommet sur les changements climatiques.

Les ministres provinciaux de l’Environnement David Heurtel (Québec) et Glen Murray (Ontario) ont causé « changements climatiques » avec leur homologue fédérale Leona Aglukkaq seulement une fois depuis leur désignation à titre de ministres. C’était à Lima, au Pérou.

À quelques mois de la Conférence climat de Paris, les premiers ministres des provinces et des territoires ont pressé le gouvernement Harper de prendre part aux discussions sur la lutte contre les changements climatiques. Le Canada a une « obligation de résultat », a fait valoir le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, lors des travaux du Sommet sur les changements climatiques mardi avant-midi. « C’est notre leadership à tous, notre crédibilité sur la scène internationale, mais aussi le développement économique et le bien-être de nos sociétés qui sont en jeu », a-t-il déclaré aux chefs de délégation.

À New York, le ministre fédéral des Ressources naturelles, Greg Rickford, a qualifié « le bilan » du gouvernement conservateur en matière d’environnement de « déjà exemplaire ».

Divergences de vues

Les provinces et territoires ont échoué mardi à s’entendre sur le principe selon lequel « le carbone a un prix ». Un énoncé en ce sens a été retiré de la déclaration finale peu avant la clôture du Sommet. « Mettre un prix sur le carbone ou adopter d’autres initiatives structurantes afin de réduire les émissions de GES dans la transition vers une économie faible en carbone », pouvait-on lire dans une version préliminaire du document.

En début de journée, le premier ministre de la Saskatchewan, Brad Wall, avait atténué la portée des efforts de réduction de GES au Canada. Les émissions de GES du Canada représentent moins de 2 % de celles de l’ensemble de la planète, avait-il fait remarquer. Il a appelé la communauté internationale à s’attaquer au premier chef aux centrales et usines au charbon, qui sont de grandes émettrices de GES, afin de lutter plus efficacement contre les changements climatiques.

Membre du G7, le Canada a « une plus grande responsabilité » de « trouver des moyens de créer des technologies qui permettront de réduire les émissions de GES, ici et ailleurs », a fait valoir la première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne. Elle a aussi reproché au gouvernement fédéral de ne pas voir les bénéfices liés à la « nouvelle économie ». « C’est une honte », a-t-elle lancé.

Le Canada continuera d’être « à la traîne » dans les efforts de lutte contre les changements climatiques tant qu’il ne mettra pas un frein à l’exploitation du pétrole issu des sables bitumineux, a souligné un regroupement d’organisations environnementales à l’issue du Sommet de Québec.

« Si on ne fait rien aujourd’hui : on ne réduit pas les émissions de gaz à effet de serre, on n’entend pas gérer les risques différemment, c’est clair qu’on en subira les impacts au cours des prochaines décennies », a mis en garde de son côté le directeur général du consortium Ouranos, Alain Bourque. Il a pris soin de rappeler mardi que « le réchauffement du climat est deux fois plus rapide au Canada ». Un « sérieux coup de barre » s’impose, selon lui.


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