Le Québec fera connaître des cibles « ambitieuses » de réduction de gaz à effet de serre (GES) post-2020, mais seulement à l’automne, soit quelques semaines avant la 21e Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques en décembre 2015 à Paris.
L’échéance de juin 2015 — annoncée par le premier ministre fédéral Stephen Harper en marge du Sommet des Amériques — semble « impossible » à respecter aux yeux du Québec et de l’Ontario. « On ne fera pas ça sur le coin d’une table de cuisine », a soutenu le premier ministre québécois, Philippe Couillard, lors d’une conférence de presse lundi après-midi. À sa droite, la première ministre ontarienne, Kathleen Wynne, a acquiescé.
La ministre fédérale de l’Environnement, Leona Aglukkaq, attend toujours des « renseignements […] assez détaillés » de la part des provinces sur les « mesures existantes et à venir » qu’elles ont dans leurs cartons afin de tirer vers le bas les émissions de GES après 2020. « J’espère que vous serez bientôt en mesure de nous transmettre ces renseignements », a-t-elle notamment écrit dans une lettre transmise au ministre québécois David Heurtel vendredi dernier.
L’élue fédérale a également signalé que le Québec trahira vraisemblablement en 2020 sa promesse d’abaisser de 20 % ses émissions de GES par rapport à celles de 1990. Selon le rapport Tendances en matière d’émissions de 2014, la province affichera des émissions de 80 mégatonnes en 2020, soit 13 mégatonnes de plus comparativement à sa cible (67 mégatonnes).
À la veille du Sommet sur les changements climatiques à Québec, les chefs de gouvernement de l’Ontario, Kathleen Wynne, et du Québec, Philippe Couillard, ont pressé Ottawa de faire le pari de la « collaboration » et de la « concertation » avec les provinces et les territoires pour établir une stratégie de réduction de GES. « Nous ne pouvons attendre. Nous devons avancer. […] Le gouvernement fédéral peut travailler sans crainte avec nous », a précisé Mme Wynne.
L’Ontario adhère à la bourse du carbone
Le Canada devrait être l’État « le plus actif » dans la lutte contre les changements climatiques en raison de son statut de producteur important de pétrole, a pour sa part fait valoir M. Couillard.
Le premier ministre du Québec n’a pas manqué de saluer lundi la décision de l’Ontario d’adhérer au système de plafonnement et d’échange de droits d’émission de gaz à effet de serre (SPEDE) du Québec, mis en place par le Québec et la Californie. « C’est une grande et belle journée », a-t-il lancé avoir été informé de l’entrée de l’Ontario dans la bourse du carbone. Plus de 50 % de l’économie canadienne sera dorénavant assujetti au SPEDE de la Western Climate Initiative, a-t-il fait remarquer.
De passage à la Table ronde canadienne sur l’économie verte à Québec, le ministre des Finances, Carlos Leitão, a dit croiser les doigts afin que d’autres États fédérés de l’Amérique du Nord emboîtent le pas à la Californie, au Québec et maintenant à l’Ontario.
Plus tôt, la présidente et chef de la direction de Gaz Métro, Sophie Brochu, avait insisté sur la nécessité des gouvernements de vulgariser le concept de SPEDE afin de mettre la population dans le coup. « Des gouvernements quiregroupent 74 % de la population canadienne reconnaissent le prix du carbone. […] Je ne suis pas certaine que 74 % de la population comprend ça. À la fin de la journée, il y a une personne qui va payer des taxes. Il faut s’organiser pour qu’elle soit heureuse de le faire. Oui, il y a des manifestations de 25 000 personnes [dans les rues de Québec, mais…] », a-t-elle affirmé aux participants de l’événement.
À quelques mois de la Conférence de Paris, l’homme d’affaires Guy Drouin avait de son côté plaidé en faveur de l’établissement d’un « cadre légal pérenne et accepté par tous » fixant notamment un prix plancher au carbone. « Comment se fait-il qu’on soit capable de mettre un prix sur un mètre cube de gravier ou un mètre cube d’eau [mais pas] un mètre cube d’air ? » a-t-il demandé. L’« incertitude » règne à l’heure actuelle chez les investisseurs dans les projets de carbone, avait souligné le président de Biothermica. « Si en décembre 2015, il n’y a rien qui se passe, est-ce que le Québec, la Californie et l’Ontario vont continuer s’ils sont tous seuls ? […] Il faut travailler à une position interprovinciale, avec ou sans le fédéral, pour arriver avec une approche qui va peut-être faire une différence en 2015. »
La Ville de Québec sera l’hôte mardi d’un sommet sur les changements climatiques. La plupart des chefs de gouvernement des provinces et des territoires y participeront.
CHANGEMENTS CLIMATIQUES
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé