Perreault, Laura-Julie - L'image d'enfant modèle du Canada à l'étranger a été écorchée hier. Pendant que l'ONU publiait un rapport sévère sur l'état de discrimination raciale au Canada, le gouvernement égyptien a mis en garde la planète contre " la montée du racisme et de l'intolérance " dans le pays de l'unifolié.
Le gouvernement égyptien n'a pas apprécié qu'une fillette musulmane ait été expulsée d'un match de soccer à Laval, le 25 février dernier, parce qu'elle portait un voile.
Hier, un haut responsable du ministère égyptien des Affaires étrangères a fait part de son inquiétude à l'ambassadeur adjoint du Canada au Caire. " La question du port du voile doit rester dans le cadre de la liberté individuelle", a dit Ihab Faouzi au représentant canadien.
Cette tuile diplomatique est tombée sur la tête du Canada quelques heures seulement après le dépôt d'un nouveau rapport du comité des Nations unies pour l'élimination de la discrimination raciale. Dans le document de neuf pages, le comité soulève 33 points d'inquiétude quant au traitement des minorités ethniques et raciales au Canada.
L'organe onusien, composé de diplomates et d'experts d'une vingtaine de pays, craint notamment " l'élévation des risques de profilage racial et de discrimination dans le contexte de la lutte au terrorisme ". Le comité demande notamment au Canada de revoir sa loi antiterroriste en y ajoutant une " clause explicite de non-discrimination ".
Le comité tance aussi le gouvernement fédéral pour l'utilisation du terme " minorité visible " dans plusieurs documents officiels. " Le terme n'est peut-être pas fidèle aux objectifs de la convention internationale ", concluent les membres du comité sans offrir d'alternatives. Lors des audiences du Canada, des membres du comité ont noté que le mot présupposait que le standard était d'" être blanc " et conséquemment, laissait transparaître un certain racisme.
Joint hier, Peter MacKay, ministre des Affaires étrangères, a décidé de réserver ses commentaires jusqu'à ce qu'il obtienne des informations supplémentaires de la part de l'ambassade canadienne en Égypte.
Ironiquement, les organisations qui se battent contre la discrimination raciale au Canada ont pris la défense du Canada contre l'attaque de l'Égypte. " Le Canada et le Québec ne sont pas racistes. Ce sont des endroits très ouverts aux autres cultures ", s'est exclamé hier Karl Nickner, du Conseil canadien sur les relations islamo-américaines (CAIR-Can).
L'organisation que représente M. Nickner envisage cependant de déposer une plainte contre la Fédération de soccer du Québec à la Commission des droits de la personne du Québec si l'organisation ne revient pas sur sa décision d'interdire le voile islamique sur les terrains de soccer. À la Fédération québécoise, on rappelle que c'est à l'Association nationale de soccer de trancher. "Que l'Association nationale tranche noir ou blanc, on va se conformer à cette décision. Mais pour le moment, nous gardons notre position ", a dit le responsable des communications de la Fédération québécoise de soccer, Michel Dugas. Ce dernier trouve les commentaires de l'Égypte complètement farfelus. " Il n'y a pas un sport au Québec où plus d'ethnies sont représentées", s'est-il exclamé hier.
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