Le projet Énergie Est est empêtré dans un processus marqué par « l’improvisation » qui risque d’éprouver des difficultés à regagner la confiance du public. Dans ce contexte, il semble d’ailleurs inévitable que les commissaires de l’Office national de l’énergie qui ont rencontré Jean Charest alors qu’il était consultant pour TransCanada quittent leurs fonctions pour ce projet de pipeline.
C’est ce qu’affirme le professeur à la Faculté des sciences sociales de l’Université d’Ottawa Louis Simard, qui suit de près la saga du pipeline Énergie Est. À la lumière des différentes controverses qui ont marqué le projet de TransCanada depuis 2014, il dit constater un certain « cafouillage » dans la façon de mener celui-ci. « Il s’est inscrit dans un contexte d’improvisation depuis le début », estime M. Simard.
Qu’il s’agisse de la saga du port pétrolier de Cacouna, du refus de TransCanada de se conformer à la législation environnementale du Québec pendant plus d’un an, ou encore des révélations sur les rencontres tenues secrètes de commissaires de l’Office national de l’énergie (ONE) avec Jean Charest, tout cela démontre que le promoteur et les gouvernements ont agi de façon pour le moins improvisée dans ce dossier.
Or, tout cela contribue à créer et à maintenir un climat de méfiance, selon M. Simard, spécialiste de la responsabilité sociale des entreprises et de la participation publique. « Et quand les procédures partent mal, il est très difficile de corriger le tir, de rétablir une relation de confiance et de reprendre le dialogue », souligne-t-il. Il rappelle l’exemple de la controverse sur le gaz de schiste au Québec, toujours très vive.
Récusations
Dans le contexte actuel, le professeur juge que les deux commissaires qui ont rencontré M. Charest lorsqu’il était consultant pour TransCanada devraient quitter leur poste comme membres du comité chargé d’évaluer le projet de pipeline Énergie Est.
Il estime aussi que le gouvernement Trudeau a commis une « erreur » en promettant une réforme de l’ONE tout en laissant l’examen du projet de TransCanada suivre son cours selon les règles actuelles. Une telle décision « nous amène à un bricolage et à une improvisation qui ne sert personne et qui nous entraîne dans un cul-de-sac, dit-il. On improvise des règles, ce qui est dangereux. Dans un processus décisionnel, il faut garantir la clarté des règles et s’assurer que tous les acteurs sont au courant. »
Par ailleurs, si Louis Simard ne s’étonne pas de voir que deux commissaires ont eu des parcours professionnels étroitement liés à l’industrie pétrolière et gazière, il croit que l’ONE devrait faire place à« une plus grande diversité » dans ses rangs.
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ÉNERGIE EST
L’ONE empêtré dans l’improvisation
Quand les procédures partent mal, il est très difficile de corriger le tir, estime le professeur Louis Simard
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