C’était écrit dans le ciel du Québec…La nomination de Michelle Courchesne à titre de ministre de l’Éducation présageait d’une veille météorologique. La foudre s’est finalement abattue sur le Québec!
Dès le lendemain de sa rencontre avec les leaders des associations étudiantes, la ministre annonçait ses couleurs : « Il n’y a pas davantage de place au compromis…j’ai senti un durcissement de leur position ». La porte de la loi spéciale était dorénavant ouverte…
Et ce, malgré l’ouverture des représentants étudiants sur une trêve sur l’augmentation des frais de scolarité, malgré les inquiétudes manifestes et légitimes des parents arborant le carré blanc concernant l’usage abusif et dangereux de la matraque de la part des forces policières, malgré le fiasco des injonctions qui placent les intervenants des institutions scolaires dans des situations dramatiques…
Et ce, malgré le compromis présenté à Michelle Courchesne par les leaders des quatre associations étudiantes le 15 mai et qui divergeait peu de l'accord de principe intervenu, le 4 mai, après une nuit de négociations. Le nouvel énoncé des représentants étudiants préconisait toujours la création d'un Conseil provisoire pour dégager des économies dans les cégeps et universités devant servir à diminuer la facture « globale » qu'assument les inscrits. Cette diminution se serait appliquée non seulement aux frais afférents imposés par les administrateurs des deux réseaux d'enseignement, mais aussi aux frais de scolarité. Le protocole pour émerger de la crise avançait que les recteurs perdraient deux des six sièges initialement prévus pour leurs représentants au Conseil provisoire. La principale avancée portait sur la suite à donner à un éventuel accord de principe. Le 4 mai, les leaders des associations n'avaient promis que de «soumettre» à leurs membres l'entente. Cette fois, ils entendaient la «recommander» tout en promettant de ne pas «organiser de manifestations» sur ce qui serait signé.
Néanmoins, dans ce marasme engendré par un gouvernement déterminé à faire passer la facture d’une gestion défaillante des universités aux étudiants, j’octroie la citation de la semaine au représentant de la FECQ, Léo Bureau-Blouin : « Un bon père de famille ne fait pas venir la police pour régler un problème avec ses enfants, un bon père de famille s’adresse à ses enfants et leur parle pour régler la crise ».
Pourtant, sans grande surprise, le couperet est tombé, l’omerta est décrétée…Le gouvernement Charest a tranché. Fini le temps de la contestation…en termes clairs, dégagez, assez, c’est assez, taisez-vous, on vous a assez entendus, mais si vous décidez de vous ranger, vous pourrez réintégrer vos cours; en attendant, ne vous avisez pas de perturber le calme, sinon, vous serez punis sévèrement…Nous reprenons le contrôle! « Il est temps que le calme revienne! », dixit Jean Charest.
À mon sens, cette loi spéciale, ayant pour effet de contraindre les étudiants au silence tout en invoquant l’argument d’un retour au calme, tient de l’utopie! Le mouvement étudiant enclenché depuis des semaines, mobilisant encore près de 150 000 jeunes allumés et convaincus de la force de leurs arguments, ne s’éteindra pas sur un simple « appel à l’ordre ».
Au contraire, l’omerta engendrera un effet boomrang qui ne fera que durcir la position des étudiants. Je ne suis pas prophète et je ne dispose d’aucune boule de cristal, mais mon « gros bon sens » m’a toujours bien servi…Dans ce cas-ci, il me prédit que le 16 mai aura été un jour sombre pour le Québec!
Toutefois, j’ai aussi été toujours bien servi par un tempérament positif qui me dit que le beau temps succède à la pluie…que l’avenir du Québec, grâce à tous ces jeunes imbus d’une société plus juste, est riche et rempli de promesses de jours meilleurs.
À nous toutes et tous d’appuyer notre jeunesse, de maintenir le cap avec eux sur une destination où la société québécoise portera fièrement le flambeau de l’accessibilité de tous ses citoyens à des études supérieures à l’intérieur d’une société dans laquelle le dialogue est encore possible.
Henri Marineau
Québec
(version modifiée)
Le message de Charest est sans équivoque...
L'omerta est décrétée
Le 16 mai aura été un jour sombre pour le Québec!
Tribune libre 21 mai 2012
Henri Marineau2101 articles
Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplô...
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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com
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