La vente de la Société des alcools du Québec (SAQ) entraînerait une perte de revenus si importante que le gouvernement aurait à déployer « des efforts fiscaux considérables » pour compenser la disparition de ce dividende d’un milliard.
Dans une nouvelle étude selon laquelle un tel geste n’est pas souhaitable, l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) met ce dividende en perspective en le comparant à l’impôt total payé par neuf grandes entreprises présentes au Québec, dont Bell, Bombardier et la Banque Nationale.
Récurrente depuis les années 80, surtout en période de déficit budgétaire, la suggestion de vendre la SAQ en tout ou en partie pour renflouer les coffres de l’État est revenue l’an dernier dans une étude que le gouvernement Couillard, nouvellement élu, avait commandée aux experts Luc Godbout et Claude Montmarquette. Les deux professeurs évoquaient alors l’idée d’ouvrir 10 % du capital d’Hydro-Québec et de la SAQ.
« Une privatisation partielle, comme celle avancée par MM. Godbout et Montmarquette, ne parviendrait pas à réduire suffisamment les coûts d’intérêts pour compenser les pertes en dividendes. Financièrement, le Québec en sortirait donc perdant », a écrit l’IRIS, dont l’étude a été financée par le syndicat des employés de la SAQ.
« Une telle privatisation risquerait également d’envoyer un message de panique aux agences de notation, alors que le gouvernement braderait des actifs très profitables, comme s’il n’était plus en contrôle de sa situation financière », ajoute l’IRIS.
Les neuf entreprises mentionnées par le groupe de recherche sont Metro, George Weston, Jean Coutu, BCE, Bombardier, la Banque Nationale, Rona, Québecor, Pharmaprix et Bell.
La place des sociétés d’État dans l’univers fiscal du gouvernement ne disparaîtra pas du débat public de sitôt. Dans son rapport déposé en novembre 2014, la Commission de révision permanente des programmes a écrit que le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, veut qu’elle « considère la question des sociétés d’État ». Ainsi, la Commission « intégrera ce volet additionnel dans ses prochaines activités ».
Valeur marchande
Si l’on tient compte des profits de la SAQ et qu’on les actualise sur 10 ans, la valeur « marchande » de la SAQ tourne autour de 12,45 milliards, a estimé l’IRIS. La vente de 10 % de la société produirait un gain de 1,25 milliard. Mais sur 20 ans, le dividende annuel remis au gouvernement serait réduit d’une somme se situant entre 104 et 215 millions.
De son côté, le spécialiste en gouvernance Yvan Allaire avait procédé autrement l’an dernier en présentant le bénéfice d’un milliard comme un rendement annuel de 5 %. Cela, selon lui, signifierait que la SAQ vaut environ 20 milliards. Si l’on tient compte du passage du fisc pour récolter sa part du dividende remis aux actionnaires, la valeur tombe à 13 milliards, avait-il précisé. En guise de comparaison, il fixait la valeur d’Hydro-Québec à 30 milliards.
Une privatisation partielle n’est « pas vraiment » une bonne idée, avait conclu M. Allaire dans son blogue hébergé par le journal Les Affaires.
Un comité ontarien chargé d’étudier la valeur marchande des sociétés d’État a recommandé au gouvernement de Kathleen Wynne en novembre 2014 de ne pas toucher à la LCBO, car le système de vente d’alcool « fonctionne assez bien ».
Selon les informations des médias torontois, le gouvernement ontarien envisage toutefois la possibilité de vendre un morceau d’Hydro One, le réseau de transmission d’électricité.
PRIVATISATION DE LA SOCIÉTÉ DES ALCOOLS DU QUÉBEC
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