En 2012, le Québec a adopté unanimement la Loi visant à prévenir et à combattre l’intimidation et la violence à l’école. En vertu de cette Loi, chaque conseil d’établissement devait adopter un plan de lutte contre l’intimidation et la violence. De surcroît, depuis 2021, le Québec a un Plan d’action concerté pour prévenir et contrer l’intimidation et la cyberintimidation. Alors, comment expliquer qu’en 2024, avec autant de beaux plans dans les classeurs, on soit aussi peu proactifs dans les écoles secondaires?
Dans mes recherches, Google m’a conduit à cette définition de l’intimidation: « […] tout comportement, parole, acte ou geste délibéré ou non à caractère répétitif, exprimé directement ou indirectement, y compris dans le cyberespace, dans un contexte caractérisé par l’inégalité des rapports de force entre les personnes concernées, ayant pour effet d’engendrer des sentiments de détresse et de léser, blesser, opprimer ou ostraciser ».
Alors, quoi faire pour annihiler ces comportements destructeurs? Deux paramètres, selon moi, entrent en jeu: les parents et les directions des écoles. Partant du fait accompli que les parents sont les premiers responsables de leur enfant, l’éducation au respect des autres devrait débuter à la maison et se poursuivre à l’école. Et je ne connais pas d’autres moyens pour exercer cette démarche qu’elle soit appuyée par des règles claires et strictes à la maison comme à l’école.
Ensemble contre l’intimidation
À l’origine, l’enfant ne naît pas intimidateur, il le devient. C’est donc à la maison que le phénomène apparaît et se développe si aucune intervention rapide n’est faite, à défaut de quoi le jeune développera ce type de comportement sans coup férir. Conséquemment, l’intervention des parents est essentielle.
Dès les premières observations d’un comportement intimidateur de le part de leur enfant, une discussion sérieuse doit être entreprise entre les deux parties. Nonobstant le fait que le jeune, particulièrement l’adolescent, est rébarbatif à l’établissement de règles, les parents doivent démontrer leur intention arrêtée d’en établir s’ils souhaitent pallier ce type de comportement chez leur enfant.
Dans ces conditions, le jeune sera à tout le moins initié au respect des autres lorsqu’il fera son entrée à l’école. Toutefois, le regroupement de jeunes peut devenir l’occasion d’exercer son emprise sur certains élèves plus vulnérables. C’est alors qu’entrent en jeu les directions d’école. Les règlements de l’école eu égard à l’intimidation doivent être clairs et appliqués de facto lorsqu’un tel comportement se manifeste, et les parents doivent en être avisés illico.
Par ailleurs, de plus en plus d’incidents se produisent, par les temps qui courent, dans les cours d’écoles après les cours et dans les autobus scolaires. Dans de tels cas, il m’apparaît pertinent, voire essentiel, que les règles appliquées à l’école s’appliquent mutatis mutandis dans ces endroits.
Conséquences
Qu'elle soit subie en personne ou en ligne, l'intimidation peut être traumatisante, ses effets pouvant durer toute la vie. De la dépression à la solitude en passant par une faible estime de soi, des troubles du sommeil, un comportement agressif et même l’automutilation. L’intimidation se caractérise par l’emprise du «méchant» sur le «bon», le méchant utilisant la violence physique et/ou psychologique comme massue pour déconcerter l’innocent incarné par le «bon».
Aujourd’hui, l’intimidation est devenue un fléau de société auquel tous les agents de l’éducation doivent s’attaquer sans réserve. C’est une question de respect mutuel indispensable dans une société qui prône le bien-être de ses citoyens, peu importe leur âge, la couleur de leur peau ou leur culture.
Henri Marineau, Québec
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1 commentaire
François Champoux Répondre
27 juin 2024Bonjour M. Marineau,
Merci encore de votre réflexion sur l’intimidation,
Je dois cependant émettre un doute sur votre conception de celle-ci.
Vous dites, «À l’origine, l’enfant ne naît pas intimidateur, il le devient.»
Concevoir (comme Rousseau) que «l’Homme» naît bon et que c’est la société qui le corrompt me semble réducteur de l’aspect animal intelligent de l’humain et son instinct de conservation.
Je me souviens très bien avoir été particulièrement «méchant» envers ma jeune soeur lorsque j’étais enfant; combien de fois ai-je vu mon aîné maltraité son jeune frère alors que celui-ci était sans défense; de même avec mes petits-enfants pourtant tous élevés avec le respect envers les plus petits ou les plus faibles. Oui, j’avais d’excellents parents… C’est toujours à l’adolescence que se stabilise cette fougue infantile alors que les parents et les maîtres d’école font de leur mieux.
Un de mes amis avait une entreprise de transport d’écoliers et son plus grand défi était d’avoir des conducteurs d’autobus qui sauraient aussi maintenir l’ordre dans ses autobus!
J’ai eu la chance de produire un essai sur la violence morale au travail; vous pourrez le lire sur mon blogue à l’adresse suivante: http://francoischampoux.wordpress.com/ sous le titre suivant:
«La violence morale au travail» 30 octobre 2023
C’est long à lire, mais, en toute modestie, c’est riche de considérations psychologiques, biologiques, philosophiques et managériales. Non, ce n’est pas la fin du problème, mais une approche, un commencement…
En décembre dernier (2023), j’ai produit deux conférences sur «L’amour, l’art d’aimer»: c’est à la suite du suicide d’un ami d’enfance que j’ai voulu promouvoir l’enseignement de «L’amour, l’art d’aimer» auprès des ados, à l’intérieur même de leur cursus scolaire du secondaire, là où le problème de la violence a de bonnes chances d’être bien encadré vers une résolution positive pour la société. Vous pourrez les retrouver sur mon blogue en décembre 2023.
Vous avez raison: au primaire, les professeurs devraient aujourd’hui être deux par classe: maintenir l’ordre est leur plus grand défi et il est croissant parce que nous avons créé depuis 50 ans des cellules familiales en manque d’amour, du vrai amour. Les causes sont multifactorielles…
Je pense humblement que la Révolution tranquille n’est pas terminée et qu’il faut la poursuivre par une meilleure éducation des jeunes sur les choses de la vie. Les féminicides font maintenant les manchettes comme des faits divers; chez Desjardins, l’exclusion des membres qui osent critiquer l’administration devient monnaie courante comme si avoir le pouvoir permettait de juger et condamner un membre qui ose prendre la parole démocratique à l’encontre de l’autorité: on instaure des règlements (4,6 et 4.7) qui intimident les membres afin de leur faire peur pour les faire taire. Ce n’est pas la manière de respecter ses membres.
J’ai aussi été voir le film «Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles»; une oeuvre cinématographique qui flirte avec le chef-d’oeuvre, mais surtout qui nous démontre l’évolution lente de notre esprit critique sur les choses de la vie et de l’existence. Au Québec, la religion avait pris trop de place depuis des siècles; une chance qu’il y a eu la Révolution tranquille, mais la révolution n’est pas fini…
Oui, on dépasse les bornes parce qu’on n’a pas appris à respecter l’autre, tout autre, soi d’abord! On ne sait pas aimer comme il faut, on ne sait s’aimer comme il faut; on ne sait pas s’aimer soi-même; alors on intimide pour se prouver qu’on mérite le respect! Évidemment, l’intimidation est une erreur grave tout comme «l’exclusion est une violence» (Paul Ricoeur).
Si l’on veut se sortir de ce cercle vicieux de la violence, il faut enseigner «L’amour, l’art d’aimer». Là, la révolution sera sur une voie constructive: celle de l’Éducation avec un É majuscule.
François Champoux, Trois-Rivières