Texte publié en partie dans Le Soleil du dimanche 21 octobre 2007 sous le titre "Une crise identitaire ? Oui ! Le français recule à Montréal..." (Photo: Le Soleil)
« Celui qui est cause qu’un autre
devient puissant se ruine lui-même »
Machiavel, Le prince
Jamais neutre, la marée peut monter ou descendre. Si elle se retire, le
sable s’avancera progressivement. La marée est l'histoire des oscillations,
des forces et réactions. La marée puise dans un cycle sa hauteur. Ainsi en
va-t-il également dans les sports de combat et la vie politique : si l’un
des adversaires choisit le repli, l’autre, sentant la possibilité, en
profitera pour contre-attaquer. La logique veut que la contre-attaque vise
à reprendre le territoire qui, perdu plus tôt, s’ouvre à nouveau devant
lui. Si la force est l'histoire d'un cycle, peut-on en vouloir à celui qui
attaque de ne pas profiter de la faille qui s’ouvre dans le jeu de
l’adversaire ? Lorsque l’un des adversaires décide de regarder l’état de
son armure, ne doit-il pas s’attendre à être attaqué ?
Sans détour : la thèse de ce court article est que la population du
Québec, prise de vertige devant son avenir, a choisi la position du repli
identitaire. Ainsi convient-il de se demander si cette position de repli,
provisoire ou non, favorisera la reprise des projets québécois. Pacifiques
et sensibles, les Québécois étudient-ils leur armure pour la replacer ou la
déposer enfin ? Pour tenter de comprendre le moment présent, présentons les
grandes lignes de la thèse du repli identitaire québécois.
Le recul du français à Montréal
Pour le marcheur attentif aux sons ou le voyageur rentrant d’un long
séjour à l’étranger, le premier signe de repli québécois se trouve dans
l’affaiblissement du français à Montréal. L’anglicisation croissante de
l’île de Montréal est, en effet, un phénomène indéniable depuis les années
1990. Non seulement le français a-t-il perdu beaucoup de terrain par
rapport à l’anglais, mais la raison s’en trouve en partie chez les
francophones eux-mêmes qui répondent directement en anglais, non pas aux
touristes, mais aux Montréalais de l’Ouest de l’île. Cela est si évident
que les citoyens, trop souvent, loin de s’en formaliser, ne s’en rendent
même plus compte. Qui a relevé au demeurant que l’on entend désormais
parler la langue de Shakespeare à l’Est de la rue Saint-Denis, ce qui était
exceptionnel en 1990 ? Personne. Pourquoi ? Parce que les effets sont
passés dans les mœurs, surtout chez les jeunes, et que la mode est à
l’anglais, ce qui vient culpabiliser les personnes qui ne s’expriment pas
très bien dans l’autre langue.
Or le recul du français comme langue de travail témoigne aussi de ce repli
identitaire. À Montréal, par exemple, la moitié des immigrants travaillent
en anglais. Et cela n’est aucunement surprenant puisque 40% d’entre eux,
après leurs études primaires et secondaires, optent pour des études
supérieures en anglais. Les allophones, pour leur part, choisissent
l’anglais à 54 %. Outre les considérations d’intégration et de
linguistique, il n’est pas inutile de préciser que l’informatisation et la
standardisation croissantes à l’œuvre dans les institutions, les bureaux et
les usines, la percée rapide du vocabulaire néolibéral (et les slogans
justifiant une mondialisation de l’économie) chez le commun ainsi que
l’absence de budget peuvent expliquer, au moins en partie, les raisons qui
incitent les employeurs à tolérer, accepter, sinon valoriser le travail en
anglais.
Le problème de l’affichage illustre bien sûr l’ampleur du problème. Les
citoyens consommateurs plient rapidement l’échine et acceptent sans
broncher les affiches rédigées en anglais exclusivement, sinon en d’autres
langues que le français. Partout sur l’île de Montréal, mais surtout dans
l’Ouest, le français est devenu une langue seconde. Si les commerces
n’hésitent plus à bafouer la loi sur l’affichage, c’est qu’ils savent très
bien que ce genre d’infractions, devenues banales à la longue, n’entraînera
pas de sanction, ni de pertes économiques.
Quant aux raisons sociales, le problème n’est pas québécois : il est
mondial. De plus en plus d’entreprises, souvent pour des raisons
néolibérales, refusent de traduire, pour la communauté d’accueil, leurs
noms. Si la liste de ces entreprises est trop longue pour être donnée ici,
il faut au moins tenter d’expliquer le phénomène. On dit que cette
traduction, bien que souhaitable, entraîne des coûts et obligent à faire
des efforts ; si tout était rédigé en anglais de deuxième secondaire,
disent les compagnies, le commerce irait plus vite… La conséquence de ce
genre de raisonnement est simple : la culture, dans une société de
concurrence mondiale, passe après les considérations bassement économiques.
L’aliénation par le discours dominant
Un autre fait très intéressant, ou assez révélateur, pour comprendre le
repli de l’identité québécoise est la nouvelle aliénation par le discours à
la mode. Cette nouvelle aliénation est produite par l’acceptation du
discours dominant, souvent d’origine anglophone. En effet, on assiste de
plus en plus à des scènes troublantes chez les francophones quand ceux-ci,
sans comprendre les lois, insistent pour envoyer leurs enfants à l’école
anglaise. La chose est selon nous riche d’enseignement sur le plan
historique et culturel : confrontés au discours mondialisant, de nombreux
Québécois estiment désormais que l’anglais est la langue de l’avenir et que
le français, pourtant une langue internationale parlée sur tous les
continents, n’est plus à même d’assurer leur liberté et leur destin.
Certains résidents du Sud-ouest de l’île, qui avaient peur de l’Union
soviétique et du bloc de l’Est en 1970, insistent pour que leurs enfants
apprennent le mandarin dès le primaire…
Certes, puisque nous ne sommes pas à une contradiction près et qu’il ne
nous revient pas de relever la pléiade d’incohérences d’un peuple, nous
nous limiterons à rappeller la signification de ce phénomène. Les peuples
conquis ont, souvent pour des raisons de survie, le réflexe d’adhérer au
discours que le dominant leur impose. Minoritaires et menacés en Amérique,
de nombreux résidents du Québec, loin de se dénationaliser, s’aliènent plus
ou moins consciemment en croyant que l’anglais viendra les sauver. Pour qui
sait voir globalement, il n’est pas tant question d’un naufrage ou d’une «
démission identitaire », mais d’un repli, d’une mise entre parenthèses :
dans la sphère publique, on accepte l’anglais et les valeurs que cette
langue véhicule et, dans la sphère privée, on parle en français,
honteusement.
La critique simpliste du modèle québécois
Dans ce contexte nouveau d’aliénation, il ne sera pas surprenant de voir
une multitude de Québécois embrasser la critique du modèle québécois, un
modèle qui, reconnaissons-le, a fait passer le Québec de province colonisée
à un État moderne ouvert sur le monde. Si le modèle les a si bien servis
pendant quarante ans, il n’en demeure pas moins victime de son succès :
puisque nous avons des problèmes, ils doivent tous provenir de ce modèle
national...
Ce genre de raisonnement, un raisonnement d’humoriste en fait, fleurit
actuellement au Québec ; à tous les jours un certain nombre de Québécois,
assez souvent des éditorialistes téléguidés par le milieu des affaires,
pourfendent les syndicats au profit des patrons, critiquent les
polyvalentes publiques et défendent l’école privée, se moquent de nos
routes et louangent celles de nos voisins immédiats, s’en prennent à nos
hôpitaux pour vanter les cliniques privées des États-Unis, etc. C’est que
la mode propre au discours dominant est à la remise en question des idéaux
universalistes de l’État-Providence, c’est-à-dire l’appel au congédiement
de l’État et à la promotion de fameux PPP.
Ici, soyons encore plus précis si c’est possible : la « convergence » la
plus intéressante est sans doute la critique des syndicats jumelée à la
volonté de privatisation des sociétés d’État (SAQ, Loto-Québec,
Hydro-Québec). La conséquence la plus fâcheuse de ce réflexe, qui souhaite
la fin des syndicats et la vente de feu des réseaux publics, c’est la
volonté de refouler l’histoire du Québec moderne, un Québec qui s’est
construit sur l’égalité, le partage de la richesse collective et la défense
de la démocratie. On trouvera derrière cette convergence le refrain
néolibéral emprunté au modèle anglo-saxon : plus de liberté individuelle,
plus de liberté d’entreprise, plus de dérèglementations, donc plus de
profits. Le plus triste dans ce nouveau type d’aliénation économique, c’est
que les Québécois, plutôt que d’imiter les Suédois et les autres
Scandinaves en rénovant eux-mêmes leur modèle État-Providentiel, se
soumettent au discours économique des autres. Quand l’autre a raison sur
nous, nous connaissons la peur et nous faisons ce qu’il dit, bref : nous
nous replions défensivement. En jouant le jeu des autres (qui sont souvent
des adversaires…), en refusant de relever le défi de la créativité, le
Québec en vient à se replier sur lui-même.
L’édulcoration progressive du « nous » civique
Si deux et deux font quatre, il est logique que l’aliénation croissante et
la critique pour le moins simpliste du modèle québécois conduisent les
Québécois à être méfiants envers eux-mêmes d’abord, envers leurs propres
réalisations, et être méfiants envers les autres ensuite. Dès lors,
l’interminable « autopsychanalyse sauvage » et souffrante que constitue la
Commission Bouchard-Taylor sur les « accomodements raisonnables » et la
diversité culturelle s’impose comme le symptôme d’une jeune société qui se
cherche, s’inquiète et se questionne. Or, peu de commentateurs le relèvent,
mais l’histoire de la provocation sans fin des acommodements peu
raisonnables « voile » le vrai problème politique du Québec : construire un
« nous » politique inclusif et ouvert sur le monde.
L’intéressant, ce n’est pas tant la composition postmoderne de ce « nous
», mais ce qu’il peut apporter à des projets concrets de société. Car le
Québec contemporain, on le voit bien, est constitué par une pluralité
d’appartenances. Or ces groupes doivent avoir la langue française en
partage et défendre des valeurs universelles et des intérêts communs. La
question du « nous » n’est pas ethnocentriste, elle dit ceci : une société
est plus que la somme de ses individus, pour reprendre ici les mots de
Rousseau. Une société, c’est une mosaïque qui, loin de se baser sur
l’individualisme, se tient, tout en partageant une culture à vocation
universelle. Or la société québécoise, au lieu de regarder dehors et de
participer à l’avenir du monde, semble avoir choisi la voie intérieure,
c’est-à-dire le monologue conservateur plutôt que le dialogue d’avenir, ce
qui illustre à nouveau, s’il le faut, la thèse du repliement identitaire.
Ici, certains diront sans doute que la jeune société ne montre pas la
maturité nécessaire pour s’affranchir de sa position culpabilisante à
l’égard de l’autre. Prise au piège, la société québécoise écouterait le
discours des nouveaux venus et chercherait dans le passé une solution qui
ne s’y trouve pas. Cela n’est pas entièrement faux. Cependant, ce qu’il
faut retenir, c’est que les attaques contre le « nous » québécois ne visent
pas à améliorer la politique québécoise : elles veulent forcer les citoyens
du Québec à accepter le modèle multiculturel canadien. Si le « nous » est
une force politique, le « je » juridique le détruit…
Devons-nous rire des fantômes du passé ?
Notre thèse du repli identitaire en arrive ici à ses conclusions. À
l’heure du triomphe de la mondialisation et du non-dit entourant la
diversité culturelle, certains québécois reviennent instinctivement en
arrière. Comment ? Certains reviennent à la religion catholique dans
l’espace public, d’autres se disent eux-mêmes immigrants en terre
québécoise, d’autres enfin veulent remettrent le crucifix dans la cuisine
ou se convertir à d’autres religions.
En vérité, n’approfondissant plus leur histoire, plusieurs Québécois,
surtout les jeunes, ont peur de ce qu’ils sont devenus. Désabusés, se
disant lucides, craignant le poids démographique et tenant à profiter des
progrès technologiques d’une modialisation à la mode, nos jeunes héritiers
refoulent les acquis de l’État moderne et les forces sociales de la
coopération. Tout se passe comme si le futur propriétaire de la maison en
crise, refusant sa responsabilité reçue, désirait devenir le valet de
lui-même ! Plutôt que de s’affirmer, les Québécois paraissent avoir choisi
de résister secrètement, silencieusement, pacifiquement. Las des efforts de
rénovation exigés par les effets de la Révolution tranquille, on dirait
qu’ils ne veulent plus s’assumer. Refusant de se choisir eux-mêmes, ils
préfèrent rire…
Soit dit en passant, la place démesurée que l’humour joue chez nous peut
peut-être s’expliquer par l’incapacité d’un peuple à jouer le rôle
historique qui lui revient. Coincé entre quelques échecs historiques et de
grandes réalisations rapides, le peuple connaît le vertige, il hésite,
tergiverse. Voilà pourquoi la culture québécoise trouve dans l’humour son
expression privilégiée. Nous passons au comique et à l’humour, on le sait,
quand nous ne croyons plus avoir les moyens de changer sérieusement les
choses. Véhicule démocratique par excellence de la désillusion politique,
l’humour, avec le hockey, s’impose désormais comme le lien social, le
ciment des conquis, c’est-à-dire une marque de sa résignation ou
l’acceptation de ses propres limites.
Mais l’humour est signe de repli et comme Machiavel l’a montré dès le XVe
siècle, la position du repli peut conduire à la ruine si le peuple s’avère
incapable de reconquérir sa liberté. Honteux et dépassés par les événements
récents, reconnaissant l'instant du choix entre l'avenir difficile et le
passé de la résistance, beaucoup de Québécois ont décidé de revenir à la
politique de salon. Le vertige correspond à la peur des hauteurs, la peur
de l'avenir. Une image l’illustre assez bien : faute de choisir, nous
revivons lentement les descriptions du Montréal anglophone des années 1950
qui font l’intérêt des premiers romans de Michel Tremblay. L’identité
québécoise, bien que construite sur une histoire territoriale, religieuse
et civique, demeure fragile et sujette à une reconquête : elle n’a pas
l’âge de la française ni le mythe de l’américaine. Actuellement en crise,
suspendue au-dessus de l'abîme, elle se replie défensivement. Si cela est,
évitons cependant de juger ou de condamner trop vite les effets d’un repli
identitaire, quel qu’il soit. Si le jugement moral n’est pas notre affaire,
il nous faut rappeler une évidence : le vertige apparaît lorsque l'avenir
se pointe et qu'il exige de nous un choix. S'ils persistent dans la
position du repli identitaire, les Québécois redeviendront lentement des «
Canadiens français ». La question suivante se pose ainsi : serait-ce ce
qu'ils désirent au plus profond d'eux-mêmes ?
Dominic DESROCHES
Département de philosophie
Collège Ahuntsic
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3 commentaires
Serge Savoie Répondre
15 octobre 2007DE LA MULTITUDE D'ÉTEINCELLES JAILLIE LA LUMIÈRE...
Je note avec beaucoup de contentement que les idées avancent ! Celles de Dominic DESROCHES sont singulièrement éclairantes. Elles nous rappellent sans doute à quel point la défaite du référendum de 1995 nous a fait mal et a pu nous précipiter dans le repli identitaire. Des réactions de régression, de démission et d'autodestruction sont sûrement des comportements compréhensibles dans les circonstances. Mais il faut, en premier lieu, avoir la force de se PARDONNER sous peine de perdre un temps précieux. Ce qui s’exprime autour de la question des accommodements raisonnables, c’est une inquiétude de minoritaire. À force, toutefois, de produire des pensées aussi lucides et profondes que celles que Dominic DESROCHES vient de nous livrer, nous nous affranchirons de cette vision réductrice que nous avons de nous-même. Nous pourrons alors traduire dans l'action cette prise de conscience collective que je sens puissamment à l’œuvre depuis quelque temps. Patience ! Le temps viendra où nous vaincrons nos peurs et assumerons notre destin en toute sérénité.
Jean Pierre Bouchard Répondre
15 octobre 2007L'article de M.Desroches semble correspondre assez bien à la situation sociopolitique actuelle au Québec et que si on devait en traduire politiquement la tendance fort plausible qui se dégage.
Cela signifie probablement qu'à la prochaine élection fédérale, les conservateurs d'Harper pourraient réussir à faire élire entre 26 et 33 députés au Québec et que l'ADQ avec quelques candidats vedettes opportunistes pourrait prendre le pouvoir à Québec avec M.Dumont comme Premier ministre. Voilà le positionnement politique défensif presque régionaliste que les Québécois de façon prédominante sont tentés d'adopter à Québec comme à Ottawa.
Refus à la fois du projet souverainiste perçu comme incertain et secondairement "montréalais" représenté par le Bloc et le PQ et du fédéralisme aveugle et centralisateur des libéraux provinciaux et fédéraux au profit d’une voie autonomiste, supposée recentrage sur le plan constitutionnel offrant l'occasion d'un nouveau temps d'arrêt sur notre avenir national toutefois pourvu d'un aspect défensif. Cet autonomisme se renforcerait présentement non seulement par la soi disante reconnaissance des Québécois par Harper mais aussi sur un angle très local par un régionalisme revendicateur néolibéral qui trouve son centre dans la région de Québec qui ne voudrait plus s'embarrasser d'une métropole trop multiculturelle qui lui apparaît plus confuse et incompréhensible que jamais.
C'est en gros prochainement l'avenir politique qui se dessine devant nous qui ressemble hélas à une sorte de chaos tranquille prenant la place de la continuité de la révolution tranquille qui naturellement devrait aboutir à l'union des Québécois dans la souveraineté. Bloc et PQ après 1995 comme dit souvent se sont trop repliés défensivement et ont contribués à "ouvrir la fenêtre" de l'autonomisme conservateur actuel. Le Bloc et peut être le PQ reprennent une certaine offensive mais il est tard..
Cette thèse du repliement défensif québécois est d'autant plus crédible qu'elle correspond à notre histoire entre 1839 et 1960 avec quelques éclaircies. Tout autour du Québec, il faut ajouter que les mentalités occidentales ne sont plus que conformistes ne surfant plus que sur les nouvelles technologies (dit aussi plus haut par M.Desroches) et que même en France la PENSÉE en terme de bouleversement des valeurs et des conceptions des choses connaît son temps d'arrêt.
Le défi à moyen terme le plus important pour les partis souverainistes existants ou si (échec complet) pour d'éventuels nouveaux partis sera de maintenir le flambeau de la souveraineté et de défendre par une vigueur très offensive la nation dans son intégrité culturelle et territoriale en revalorisant les régions du Québec sans quoi aucune union nationale pour l'indépendance éventuelle ne pourra se faire.
L'attentisme est là inévitable pour l'instant.
La clé de cet attentisme en deux trois mots s’explique par une culture persistante de prudence ou d'inaction qui est un résultat de notre histoire
coloniale en corrélation avec un *catholicisme local pesant, suicidaire de fatalité parce que réactionnaire aux révolutions républicaines d'alors et fait de "bons sentiments ineptes" incompatible avec la réalité de la vie. Les intellectuels québécois qui sont des spécialistes n'en parlent pas suffisamment aujourd’hui de cette tradition catholique trop adoucissante du caractère qui d'ailleurs à son mot à dire dans ce refuge dans (l'humour écorchure-amour) inflationniste trop souvent insignifiant.
Quoi qu'il en soit nous sommes Québécois par culture et nature et contre cette réalité le Canada n'est qu'une abstraction légale et administrative vouée à disparaître dans le pays vécu.
À la condition toutefois que nous cessions de nous rabaisser à parler constamment anglais à Montréal et à Québec devant toute personne qui n'est pas né ici ou qui vit dans le West Island où encore en autant que nous refusions de nous définir comme simple entité linguistique en tant que francophones.
Non! Comme l'a bien dit P.Falardeau, se redéfinir comme francophones c'est s'affaiblir en ne se reconnaissant plus. Nous sommes des Québécois dont la culture est française et nord américaine c'est clair à moins que nous désirions un suicide collectif en se déterminant par rapport aux autres.
C'est aussi un choix de collectivité nationale: continuer ou disparaître. L'honneur et le respect de soi c'est de continuer.
*Catholicisme: une partie importante de notre patrimoine artistique et architectural est religieux, ce qui ne veut pas dire accepter en bloc sa dimension philosophique ou politique.
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
15 octobre 2007Monsieur Desroches
Les étudiants du Collège Ahuntsic savent-ils tirer profit de votre clairvoyance?
Disposez-vous d’une tribune plus large que le Collège, que Vigile, pour atteindre, réellement toucher, cette jeune société que vous connaissez bien? Parviendrez-vous à la piquer pour qu’elle reconnaisse ces « attaques contre le NOUS québécois visant à faire accepter le modèle multiculturel canadien »?
Nous n’avons pas rassemblé un noyau assez imposant de supporteurs du modèle québécois pour résister à la vague des « éditorialistes téléguidés », pour résister au « vertige devant les choix d’avenir ». Nous voudrions que les jeunes générations perçoivent votre aiguillon pour « s’affirmer au lieu de résister silencieusement en riant ».
Vous avez entendu ce cri d’une jeune exilée, samedi dernier sur Le Devoir : « IDÉES : Votre main, pour ne pas partir complètement. » Elle conclut ses réflexions d’étudiante sur son campus américain d’adoption : « Aidez-moi à revenir construire avec vous. Convainquez-moi, assurez-moi que la poursuite de la lutte en vaut encore la peine. Prouvez-moi… je vous en conjure…ne laissez pas grandir mes désillusions…tendez-moi la main, je prendrai la vôtre. » Elle parle d’autres jeunes de ses connaissances qui, comme elle, sont partis étudier, qui ne demanderaient qu’à se sentir valorisés par la cause du Québec.
Monsieur, de jeunes leaders sont peut-être en réserve de la république s’ils peuvent détecter des mentors tels que VOUS!