Après plus de cinquante ans de souverainisme, nous devrions aujourd'hui avoir le coeur à la fête. Palper le succès de nos longs investissements dans la cause avec satisfaction et arriver enfin au bout de nos efforts. Hélas il n'en est rien. Bien au contraire, le mot que les indépendantistes ont le plus souvent à la bouche est le mot «relance», mot qui sous-entend une certaine stagnation. En fait, l'incapacité de rebondir confine à l'effondrement. Pour remède, on se fend à imaginer des expédients pour «relancer» l'indépendance. La magie n'opérant pas, on pourrait conclure à moindre frais que la cause ne se pose plus du tout dans les mêmes termes. Un constat qui échappe pourtant à la sagacité de fervents patriotes qui ne cessent de ranimer les cendres de la stratégie passée pour y déchiffrer la formule de «la relance»; comme on lirait, avec plus d'ésotérisme, l'avenir dans les feuilles de thé.
Dans cette chronique, après un détour pour faire découvrir la philosophie politique qui anime les plus ardents «référendistes», je plaiderai la cause de la reconquête de l'État, un objectif qui peut unir les Québécois qui en ont bien besoin. Je terminerai en proposant un cadre programmatique pour une victoire nette aux élections de 2018, passage obligé pour renouer avec de grandes ambitions.
Des errances d'une philosophie politique
On a commencé à parler timidement de l'échec du «référendisme». En s'enhardissant dans l'analyse, ce qui est en train de se répandre, on commence à comprendre de plus en plus qu'il s'agit de l'échec d'une approche du tout ou rien, qu'illustre cet orgueil mal placé qui consiste à refuser de diriger la province d'une main haute et assurée, sous prétexte que l'indépendance serait à elle seule cet événement révélateur, le moment quasiment mystique sans lequel l'État du Québec ne pourrait agir de manière décisive.
L'approche «référendiste», en fait ce qui la sous-tend sur le plan de la conception du monde et des changements qui s'y opèrent, révèle la prépondérance (consciente ou non) de la philosophie politique idéaliste chez nos compatriotes et en particulier chez ceux qui ont défini depuis longtemps l'orientation du mouvement, tels Claude Morin, René Lévesque et Jacques Parizeau. La base du raisonnement philosophique qui caractérise cette approche mérite d'être mieux définie.
«En philosophie, l'idéalisme est une doctrine qui accorde un rôle prépondérant aux idées et pour laquelle il n'y a pas de réalité indépendamment de la pensée. »(1)
Pour le dire à ma façon, l'idéalisme c'est de croire que l'histoire suivra la route qu'on lui trace parce que ma bonne idée est un boulevard. Par conséquent, la prépondérance des idées sur la dynamique propre aux phénomènes matériels en société (économiques, sociologiques, de tout ordre...) (2) conduit à des positions telles que tenait l'ancien premier ministre Bernard Landry avec son fameux mot d'ordre des années 2000 (3) : «Sortir, parler, convaincre». Suggérant que le manque d'efforts de conviction expliquerait l'insuccès. C'est ce que reprend à son tour Pierre Cloutier, qui estime que des milliers de militants sont maintenus dans la passivité parce que le PQ ne donne pas le signal : «quand on veut un pays, il faut avoir le courage minimal de le mettre sur la table, le matin, le midi, le soir, la semaine et la fin de semaine». Pour lui, deux ans d'assemblées de cuisine et de tournées régionales devraient changer la donne. En d'autres mots, même si l'état major ne donne aucun signe de cohésion sur le message à passer une fois qu'on a répété les banalités d'usage, les militants devraient sortir et convaincre.(4)
Pour expliciter, l'idéalisme politique des «référendistes» se vérifie par certains traits (le lecteur comprendra ici que je ne m'adresse à personne en particulier, le «il» que j'emploie renvoie à l'idéalisme politique) :
1- Il néglige de faire une analyse concrète des rapports de force et des conséquences à en tirer.
Par exemple, de la division de la nation en plusieurs partis, de l'appui à la souveraineté devenu anémique, etc.
2- Il véhicule une idée fantasmée de l'indépendance, un nouvel Eldorado, détachée, privée de rapport dynamique avec les obligations actuelles de l'État.
3- Il néglige de prendre en compte le caractère relatif et limitatif de l'indépendance des pays, ce qui est particulièrement vrai pour le Québec.
4- Il se paie de mots ou abuse des mots, tel «indépendance»
Car, ce qui est évoqué pour le Québec au final, est un pouvoir politique limité, qui commence par la reconduction des responsabilités provinciales actuelles, augmentées de pouvoirs en matière socio-culturelle, de langue et d'immigration et d'une plus grande autonomie économique. Parlons-nous toujours d'une indépendance sans armée? sans monnaie et sans banque centrale? Sans frontières avec le Canada? Or, dans ce cas, une souveraineté limitée ne peut donner des relations extérieures indépendantes. Est-ce que le siège à l'ONU serait un siège de complaisance avec des positions calquées sur celles du Canada? D'ailleurs, pourquoi insister? Le Québec n'a jamais vraiment revendiqué sa propre politique internationale? Est-ce à dire, on jase, que le Québec récolterait tous ses impôts mais que ceux-ci seraient en partie retournés à Ottawa pour qu'il administre les responsabilités qui lui seraient laissées, de toute évidence nombreuses, pour tout ce qui est de l'avenir post-indépendance immédiat et prévisible?
C'est donc dire que le Québec indépendant, esquissé dans l'historiographie souverainiste, qui varie il est vrai, aura d'autres responsabilités mais le noyau dur de la souveraineté continuerait de lui échapper.
Donc, même après une indépendance durement négociée en notre faveur, devenue de jure, ne serions-nous pas encore un peu dans la petite politique provinciale, soit dans la continuité de l'insuffisance d'indépendance?
5- Il dévalue l'État provincial et son potentiel, refusant de concéder que sa montée en puissance et en effectivité permettrait de construire l'assise d'une plus grande indépendance, jusqu'au statut d'État indépendant. Autrement dit, il néglige l'intérêt qu'il y a à accroître indépendance de facto, pour ne donner d'importance qu'à l'indépendance de jure.
Faire la fine bouche sur cette question est véritablement de l'idéalisme de haut vol. Le «grand bond en avant» se produirait donc subitement, spontanément. On sait très bien que les responsabilités de l'État sont de tout temps. Refuser d'y faire face rejoint la perspective même de l'anarchisme. On verra plus loin que l'État se trouverait pour une part devant les mêmes défis, même si l'indépendance se produisait demain matin.
De nouveau sur l'analyse de la situation
À l'idéalisme philosophique du courant «référendiste», j'oppose le pragmatisme politique. (5) L'État du Québec est notre instrument collectif pour l'émancipation. Il s'avère que pour la première fois de son histoire moderne il est investi par des forces ouvertement anti-patriotiques, pires que tous les gouvernements québécois antérieurs qui, même velléitaires adhéraient au nationalisme traditionnel. Marcel Haché a raison quand il affirme que le Parti libéral a été intégré par le Parti Égalité et non l'inverse. On tarde à en prendre acte, même si le parti libéral d'aujourd'hui se situe à des années lumières de celui de Robert Bourassa ou de Jean Lesage.
La question que je pose à mes amis indépendantistes est de savoir comment, alors que nos propres forces sont affaiblies par deux échecs successifs qui nous ont beaucoup couté, que les forces patriotiques sont divisées plus que jamais et que notre État est entre les mains des ennemis de la nation, que ces derniers y ont placé partout leurs agents, qu'ils s'y sont incrustés depuis des années, de sorte que l'État du Québec serait un véritable champ de mines pour un prochain gouvernement plus patriotique, comment peut-on dans ce contexte en arriver à croire que la situation commande aujourd'hui de nous lancer dans une troisième aventure référendaire, dans une élection décisionnelle ou dans une constituante alors que nous ne disposons d'aucune base pour s'y lancer ? Suffirait-il de répéter le mantra assez souvent pour que la réalité daigne s'y conformer?
Selon moi, la situation commande la reconquête de notre État. C'est indispensable du fait que cette reconquête porte la possibilité de constituer un dénominateur acceptable pour l'ensemble des forces nationalistes. Donc, un objectif rassembleur à partir duquel peut être reconstitué l'unité nationale. Dispersés au sein de plusieurs partis, la reconnaissance mutuelle de la relance de l'État donnerait la chance de former un consensus national nouveau, ayant le potentiel d'aller au-delà du fédéralisme. Mais d'abord, l'idée de ne plus jamais laisser passer l'État du Québec aux mains des libéraux est centrale.
La prise en charge ferme de l'État comme processus constitutif de l'indépendance et quelques notes pour un programme
Il nous presse de comprendre que la puissance de l'État provincial sert à préparer l'indépendance et ne s'y oppose pas. De comprendre que des petites victoires, ces changements quantitatifs, représentent la meilleure chance de produire des changements qualitatifs plus tard, comme le changement de statut politique. Il s'agit de mettre en marche dès l'élection notre indépendance dans les domaines de notre compétence, réaffirmer la puissance de l'État à l'encontre des petites féodalités trop longtemps tolérées.
Dans un esprit rassembleur, je ne donne ici que mon avis pour les élections de 2018, il faudrait choisir des dossiers reconnus d'intérêt publics pour en faire un programme et d'éviter impérativement le piège des causes minoritaires ou communautaires à la mode, qui braquent les uns contre les autres : féminisme, laïcité, lgbt, constituante, constitution, référendum, etc. En 2018, pour gagner, il ne s'agira pas de faire de la pédagogie politique au profit de sensibilités particulières ou d'intérêts minoritaires, mais de prêcher à des oreilles réceptives ce qu'elles veulent entendre, et il y matière. Soit de dire à six millions d'honnêtes gens ce qu'ils n'ont pas entendu depuis longtemps, ce que nous voulons tous entendre. Et d'y aller férocement, de mettre toutes les ressources nationales au service du bien public le plus large.
Voici en vrac quelques points à considérer pour un programme électoral.
-* Agir en santé, quitte à déplaire aux médecins et aux médecins spécialistes, ce qu'aucun gouvernement n'a osé faire jusqu'ici (le gouvernement du Québec indépendant le ferait-il? C'est le même problème!) pour en finir avec l'attente aux urgences et rendre accessibles pour tous les soins de santé. Impérativement, ne pas choisir un médecin à la tête de ce ministère, nommer une infirmière-chef familière avec les urgences.
-* Assainir et donner les coudées franches à la direction des poursuites pénales, enrayer la criminalité d'État et la corruption.
-* Mettre derrière les barreaux les criminels identifiés par la Commission Charbonneau et les autres enquêtes policières qui présentement n'aboutissent pas. (Le même problème avec les mêmes hésitations si le Québec était indépendant demain matin...)
-* Modifier les politiques d'Hydro-Québec, une autre féodalité dans l'État, pour que notre électricité serve pour une part au développement économique, notamment par l'accroissement de notre indépendance dans les transports et en alimentation (production serricole) et autres domaines.
-* Caisse de dépôt et de placement. Modérer son inclusion dans le marché financier pour l'obliger à se doter d'un volet de ré-investissement national, visant l'accroissement du PIB et le soutien à la PME, segment d'activité le plus créateur d'emplois.
-* En éducation, rétablir l'enseignement de l'histoire nationale. Redresser la qualité de l'enseignement du français.
-* Revalorisation de la langue française par des mesures particulières dans tous les secteurs, ré-investir dans l'Office de la langue française. Utiliser au besoin, sur un sujet aussi existentiel que celui-là la clause dérogatoire (6), recours qui, à lui seul, symboliserait fortement un Québec qui se tient debout.
-* Intégration des immigrants. Interventions par l'intermédiaire d'agents appartenant aux communautés immigrantes pour relayer des messages qui imposent l'idée de l'importance de l'État québécois, son histoire, sa langue, sa culture religieuse, etc.
-* Immigration. La réduire à des seuils qui permettent de garantir une intégration harmonieuse. Choisir les immigrants non seulement en fonction de critères linguistiques mais en fonction de critères culturels compatibles avec les valeurs du Québec.
Ce serait un commencement qui nous ferait reprendre la main.
Et on se prend à se demander pourquoi rien de tel ne s'est fait avant avec les gouvernements successifs du PQ?
Les raisons sont faciles à comprendre, des gouvernements aux ambitions modérés par les fantasmes référendaires et des gouvernements minoritaires ou formés de faibles majorités. Ces deux causes expliquent en partie la panne de notre État. D'où l'importance que le prochain gouvernement du Québec soit élu avec une forte majorité.
Est-ce la garantie qu'un programme de redressement vigoureux de l'État sera mis en œuvre? Pas du tout. En fait, je n'en sais rien et en réalité on ne peut rien garantir. Et nous savons tous que, pour différentes raisons, le courage des élus n'a guère impressionné dans le passé. Il suffit de mentionner l'affaire Michaud ou l'abandon du national par Lucien Bouchard. Les candidats, nouveaux élus, seront-ils mieux formés, plus entreprenants, plus audacieux, mieux dirigés? Seront-ils capables de garder le cap et de résister aux fortes pressions de l'oligarchie mondialiste des Bilderberg et autres puissants lobbies? À cette dernière question, je réponds par une autre : Avons-nous le choix de ne pas essayer?
Les petits gouvernements «provincialistes» sans envergure ont été jusqu'ici la norme. Ils ne sont toutefois pas une fatalité. Quand il y a eu des exceptions, tels les gouvernements de 1954 à 1965, pour ce qui est de la fiscalité, et ceux de 1960 à 1980, pour ce qui est de la fierté nationale, le Québec a progressé. Et c'est grâce à cette dernière occasion que l'indépendance à connu ses moments les plus encourageants.
Selon moi, il n'y a pas d'autre voie. C'est la reconquête de l'État, réalisée avec un appui massif qui redonnera aux Québécois le goût d'aller plus loin. Quand nous aurons obtenu des gains, l'État québécois aura gagné en puissance et en prestige. À partir de là, il serait trop facile de dire que la suite se devine aisément, non pas. Ce dont il faut d'abord s'assurer c'est que les ressorts de la nation ne seront pas irrémédiablement brisés.
______________________
1- http://www.toupie.org/Dictionnaire/Idealisme.htm
2- Ce que le philosophe allemand Hegel développa avec le concept de l'analyse dialectique, reprise ensuite, notamment par Marx et d'autres en philosophie politique, qui firent du caractère matériel prépondérant des choses et des phénomènes la base de la dialectique, qui s'impose toujours aujourd'hui comme un formidable outil d'analyse, principalement dans la variante du matérialisme historique.
3- http://vigile.net/archives/01-3/verrier-landry.html
4- En comparaison, la gouvernance souverainiste de Pauline Marois, était potentiellement beaucoup plus dangereuse. Dans ce cas, ce n'est pas la formule qui fâche mais le fait qu'elle soit restée creuse. Deuxièmement, même avec un contenu clair, on peut se questionner à bon droit sur l'effectivité, le mot n'est pas choisi au hasard, qu'aurait pu prendre la gouvernance souverainiste compte tenu du statut minoritaire de ce gouvernement.
5- http://www.toupie.org/Dictionnaire/Pragmatisme.htm
6- Daniel Turp en faveur de l'utilisation de la clause dérogatoire.
http://vigile.quebec/Charte-de-la-laicite-Quebec
Des gains d'indépendance dès 2018
L'indispensable reconquête de l'État
Les errances de l'idéalisme en politique
Chronique de Gilles Verrier
Gilles Verrier140 articles
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Entrepreneur à la retraite, intellectuel à force de curiosité et autodidacte. Je tiens de mon père un intérêt précoce pour les affaires publiques. Partenaire de Vigile avec Bernard Frappier pour initier à contre-courant la relance d'un souverainisme ambitieux, peu après le référendum de 1995. On peut communiquer avec moi et commenter mon blogue : http://gilles-verrier.blogspot.ca
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14 commentaires
Normand Paiement Répondre
21 mars 2016Monsieur Verrier,
Votre idée ne manque ni de panache ni d'intérêt, je dois en convenir.
Je me pose néanmoins la question de savoir si le jeu en vaudrait la chandelle. Selon vous, qu'est-ce que cela pourrait rapporter concrètement et dans l'immédiat à PKP - et ce tant à l'échelle de la politique intérieure que sur le plan international - de jouer avec le feu en allant à la rencontre de Marine Le Pen?
Peut-être devriez-vous malgré tout lui en faire la suggestion, on ne sait jamais...
Cordialement,
Normand Paiement
PS - Un de mes correspondants m'a envoyé ce message après que je lui ai appris que la dirigeante du FN se trouvait sur nos terres: «Il faudrait faire comprendre à Marine Le Pen que si les Québécois sont anti-empiétement-du-religieux-dans-la-sphère-publique-et-étatique, ils ne sont pas pour autant anti-immigration et encore moins racistes. Cette nuance, capitale, devrait donc suffire à rendre clair qu'aucune des formations politiques québécoises telles qu'elles existent actuellement n'a intérêt à se frotter à la sienne par crainte, justifiée, de susciter des malentendus.» Je partage son opinion, mais je respecte la vôtre.
Gilles Verrier Répondre
20 mars 2016Du leadership monsieur Paiement. Du leadership et de la hauteur pour les dépasser tous d'une tête. Pour se distinguer du troupeau de petits politiciens bêlant.
«Je suis en politique pour que le Québec devienne un pays. Par conséquent, faire comprendre notre cause à l'international est important. Les Français décident de leur avenir et nous déciderons du nôtre, mais compte tenu de ses appuis, Mme LePen pourrait être un jour présidente de la France, nul ne le sait. Il ne serait pas dans l'intérêt supérieur du Québec que je refuse de la rencontrer, comme je rencontrerais tout chef de parti politique français ou étranger qui voudrait mieux se renseigner sur notre cause. »
Voilà ce qu'aurait pu dire PKP. Il n'a pas à se prononcer sur le programme du FN. Il n'a qu'à jouer la carte de la grande diplomatie, se distinguer en montrant que le Québec ne se comporte pas en petite province, qu'il joue la carte de son indépendance dès que l'occasion se présente. Il fallait faire et laisser braire.
Marcel Haché Répondre
20 mars 2016Suis évidemment en accord avec votre texte, Gilles Verrier. C’est désolant de voir que le mouvement indépendantiste n’arrive pas véritablement à appréhender la réalité politique issue de l’avènement d’un nouveau P.L.Q. Depuis 1982, la cour suprême écrit un tout nouveau Canada. Grâce au West Island, c’est maintenant au tour de Québec de participer à cette écriture.
2018, c’est pourtant demain pour un parti politique…
Les « référendistes » sont d’incorrigibles rêveurs qui, même si le Pouvoir leur était accordé (ce n’est pas seulement ma conviction, une analyse fine pourrait aisément suggérer que le Pouvoir ne leur sera plus jamais-jamais accordé !) mais même à supposer qu’il leur soit accordé, le satané Pouvoir, les référendistes n’auraient alors aucune idée (ils n’ont aucune idée et n’en ont jamais eu) comment solutionner le « mystère Québec ».
Les losers sont champions pour les excuses: SI Québec avait voté comme tout le Québec, SI on s’était pas fait volé notre référendum, SI et SI les québécois avaient compris, S’ils comprenaient maintenant, SI nous-mêmes les indépendantistes nous nous mettions à expliquer l’Indépendance du matin au soir, toute la semaine et la fin de semaine, et patati et patata. Au fond, c’est cela tout l’argumentaire en SI d’O.N., qui s’imagine pouvoir avaler le P.Q. comme le parti Égalité a avalé le P.L.Q. Eh bien, SI cela arrivait, ce qui n’aurait aucun sens, outre que cela signifierait que la déroute de l’Indépendance est radicale, cela signifierait que le « projet » d’Indépendance serait bientôt arrivé à terme.
C’est pourtant avec cette vieille recette insensée que les indépendantistes sont en train de perdre et gaspiller une carte majeure, un atout décisif qui a nom P.K.P. et qui lui-même, on peut le déplorer et on doit l’écrire, ne s’aide pas beaucoup.
Marine le Pen a parfaitement raison d’utiliser le terme « puérile » pour décrire toute-toute la classe politique québécoise. Mais Marine Le Pen n’est pas québécoise, moi je le suis, et c’est le mot « prétentieux » que j’utiliserais… et cela pour toute-toute la classe politique.
Salutations
Normand Paiement Répondre
20 mars 2016Monsieur Verrier,
Je vois mal en quoi un rapprochement entre le Parti québécois et le Front national aiderait la cause souverainiste.
Ce serait tout bonnement suicidaire de la part du PQ! J'ajouterais même: la création au Québec d'un éventuel parti populiste de droite (ou d'extrême droite) de type FN ne ferait que diviser encore davantage le vote nationaliste, contribuant ainsi à la réalisation de ce qui semble être le pire de vos cauchemars: la réélection ad vitam aeternam du PLQ!
Pareilles dérives ne feraient que contribuer à l'«errance politique» que vous êtes le premier à dénoncer... Comme moyen de «monter à l’assaut de l’État du Québec», on peut faire mieux!
Cordialement,
Normand Paiement
Archives de Vigile Répondre
20 mars 2016@M. Verrier:
Une fois que votre "Équipe du Tonnerre" sera en place, il ne faudrait pas l'envoyer s'échouer sur les récifs de la gouvernance souverainiste.
Gilles Verrier Répondre
19 mars 2016Ainsi, me pose-t-on la question de savoir si mes propositions ne sont pas une réédition de celles de Claude Morin. Naturellement, il n'en est rien et pour dissiper tout doute à ce sujet, je vais m'exprimer d'une manière plus directe, avec moins de précautions dans mon propos afin que chacun comprenne bien de quoi il s'agit.
Ce que propose Claude Morin c'est de recourir à des référendums sectoriels et d'adopter une constitution québécoise. Je ne suis pas du tout dans cette dynamique. Par contre, je le suis davantage quand il s'exprime en faveur de l'utilisation de la clause dérogatoire.
Ce que je propose c'est de monter à l'assaut de l'État du Québec et d'en faire un bastion de la défense de nos intérêts. Ce qui suppose une petite révolution à l'intérieur du PQ, qui n'a jamais que mollement défendu nos intérêts quand il ne les a pas tout simplement trahis. Comme dans le cas de l'affaire Michaud où ce parti d'écervelés, censé être de notre coté, est allé détruire la réputation d'un honnête patriote, un des nôtres, dans une union déshonorante avec l'engeance libérale. Il fallut ensuite quatre ans avant que les auteurs commencent à s'en excuser, assez mollement d'ailleurs. Sans la trahison péquiste il n'y aurait pas eu d'affaire Michaud. Et cette affaire est importante parce qu'elle est révélatrice de la profondeur des convictions au sein du Parti québécois, en tout cas de sa direction. Pas mieux : dans la foulée du référendum de 1995, le PQ s'est complètement effondré sur la question nationale. Il a accepté béatement les résultats, refusé absolument de les contester sous tout rapport et a lâchement abandonné toute défense de notre cause pour se réfugier dans le provincialisme le plus plat.
Et aujourd'hui, la trouille aux fesses, le PQ prend d'avance ses distances avec la présidente du plus grand parti politique de France. Il refuse de rencontrer pour ne pas se faire diaboliser... du fait, ne serait-ce que de l'avoir rencontrée. Mais quel courage! Pendant ce temps-là, le Canada reçoit avec les honneurs les ordures d'Arabie saoudite et d'Ukraine. Comme dans le cas de l'affaire Michaud, le PQ cherche encore une fois à donner des gages à l'establishment. La prise de position de PKP, qui soulève une controverse jamais vu sur son Facebook n'est que la dernière en lice des petites trahisons du PQ, un parti qui ne cesse de décevoir.
Mon propos est simple. Il s'agit de demander au PQ de cesser de nous trahir dans les moments critiques. Dans ces moments difficiles où les parlementaires, qui sont les premiers représentants du parti, devraient, au lieu d'aller se cacher, redoubler d'ardeur et de courage et mettre leur tête sur le billot. À la lumière de ses impostures, il est présentement impossible pour une personne sensée de se fier sur le Parti québécois pour faire l'indépendance du Québec, peu importe le moyen, la façon ou la stratégie. Ce qu'il faut demander au Parti québécois c'est qu'il fasse le ménage dans sa propre boutique, dans sa propre politique. Et ensuite, pour commencer, on ne mettra pas la barre trop haute, on va simplement lui demander de bien se comporter.
D'autres objections semblent venir du fait de prétendre à l'exclusivité mutuelle entre la lutte pour l'indépendance et de faire de l'État le bastion de la défense de nos intérêts. Comme je l'ai expliqué ailleurs, il n'en est rien.
http://vigile.quebec/L-independance-passe-par-le
Normand Paiement Répondre
18 mars 2016PS - Vous nourrissez de "faux espoirs", comme j'ai eu l'occasion de décrire ici ce mécanisme de défense: http://vigile.quebec/Le-desir-maladif-de-plaire-aux. En d'autres termes, vous espérez "séduire" la population québécoise en tenant des propos rassurants. Bref, vous cherchez à "plaire" en refoulant vos convictions profondes. Rassurez-vous, c'est là une attitude typiquement québécoise! Heureusement, ça se soigne. L’indispensable reconquête d'un état d'être unifié est à ce prix! Ce site vous en apprendra davantage à ce sujet: https://www.pastrealityintegration.com/fr/ik-wil-begeleiding/14-pri-therapie/zelfhulp.
Archives de Vigile Répondre
18 mars 2016Attention toutefois à la démobilisation. L'état doit revenir au centre de la lutte nationale mais il ne faut pas désorienter les militants. Il s'agit de créer de la puissance, d'armer l'état québécois. On peut le faire sans évacuer le discours indépendantiste. Régler la question de la monarchie mais aussi de la laïcité, ça ne coûte pas cher et ça donne de l'autorité.
Normand Paiement Répondre
18 mars 2016Monsieur Verrier,
Corrigez-moi si je me trompe, mais ce que vous proposez s'apparente drôlement, dans mon esprit, à la stratégie de l'étapisme prônée par Claude Morin dans les années 1970. Et vous voudriez nous ramener 40 ans en arrière sous prétexte de «favoriser ce qui a marché dans le passé»!?... Permettez-moi, dans ce cas, de vous servir la réponse que vous avez faite à M. Carmichael: «On a déjà donné»!
Car si cette stratégie avait fonctionné, nous le saurions depuis le temps! Et nous ne serions pas là aujourd'hui à discuter du meilleur moyen d'arracher le pouvoir aux libéraux fédéralistes...
Comme j'ai eu l'occasion de l'écrire à Marcel Haché, dont les idées se rapprochent sensiblement des vôtres sur ce point (http://vigile.quebec/Tout-miser-sur-le-Pouvoir), il me semblerait plus utile «1° [d'attaquer] systématiquement les positions indéfendables de nos adversaires véritables plutôt que de nous quereller bêtement entre nous; et 2° [de faire] sans relâche la promotion des avantages de l'indépendance au lieu de nous perdre inutilement dans des détails secondaires».
S'il y a une chose que le PQ n'a pas encore tentée depuis au moins 20 ans, c'est justement de démontrer clairement que l'indépendance permettrait de faire du Québec un pays riche et prospère. Peut-être serait-il temps qu'il s'y mette maintenant que PKP en a pris la tête et que l'IRAI a vu le jour!...
Au lieu de s'ingénier à trouver la «stratégie gagnante» comme s'il fallait chercher une aiguille dans une botte de foin, l'ingénieur Jean-Jacques Nantel a depuis belle lurette opté pour une approche qui m'apparaît nettement plus judicieuse. Il ne cesse en effet de nous rappeler, preuves à l'appui, que le Québec possède déjà tous les atouts pour réussir le passage de simple province à État en pleine possession de tous les outils nécessaires à son développement, comme sa dernière vidéo en témoigne encore une fois de manière remarquable (https://www.youtube.com/watch?v=zLjKgaRgB0U). Voilà, selon moi, le seul message vraiment essentiel que nous devrions en priorité diffuser sans relâche auprès de la population. Le reste va suivre tout seul et s'imposer comme une évidence le moment venu, c'est-à-dire quand la majorité des Québécois aura enfin compris que l'indépendance est une nécessité absolue. D'ici là, nous avons du pain sur la planche. Par conséquent, nous devrions arrêter de mettre la charrue avant les boeufs, pour faire changement...
N'oublions jamais une chose: pendant que les nationalistes dispersent leurs énergies en ergotant à n'en plus finir sur la place publique (y compris sur ce site), les fédéralistes, eux, agissent efficacement... et en silence! Pour ma part, je souhaite ardemment que nous inversions les rôles une bonne fois pour toutes. Et vous?...
Cordialement,
Normand Paiement
Archives de Vigile Répondre
18 mars 2016@M. Verrier,
Vous dites que l'indépendance est toujours à votre menu. Cela m'avait un peu échappé dans votre proposition. À la relecture, je comprend que la stratégie de petits pas d'un bon gouvernement provincial va conduire tout naturellement là, sans que l'on ne l'ait trop vu venir. C'est comme accoucher sans douleur. Merveilleux!
Je remarque que l'idée de joindre la CAQ pour prendre le pouvoir ne semble pas avoir suscité beaucoup d'enthousiasme chez vous. J'imagine que c'est parce que l'indépendance n'est pas au menu de la CAQ. Bon, d'accord. Seulement le PQ serait en mesure de réaliser votre plan.
À partir du moment où le PQ prendrait le pouvoir, je crains que les choses ne se passent pas aussi en douceur que ce que vous envisagez.
Jusqu'en 1995, Ottawa prenait le PQ plus ou moins au sérieux, et ne posait pas trop d'obstacles à ses réformes. Toutefois, 1995 fut un véritable "wake-up call" pour eux. Au lendemain du référendum, Chrétien déclarait: "Plus jamais il ne faut laisser les choses aller aussi loin".
Depuis 1995, un gouvernement du PQ au Québec, représente un corps étranger dans l'organisme canadien. Son système immunitaire se mettrait immédiatement à l'oeuvre pour éliminer ce risque.
Hier, on a vu que le budget 2016/17 du Québec sera de $100G. 21.4% de ce montant proviendra de transferts d'Ottawa. À cela, il faut ajouter toutes les initiatives économiques où la participation d'Ottawa est essentielle afin de rendre le projet réalisable. Bombardier, par exemple. Savez-vous que la revue "Ricardo" ne pourrait pas être publiée sans la participation financière du fédéral ($300K)? "7 Jours": $1.5M, "La Semaine": $1.1M, etc... De tels exemples sont innombrables. Rien qu'en coupant dans ces subventions, Ottawa serait en mesure de générer une vague de chômage au Québec.
Mon point est de souligner le degré de dépendance du Québec envers Ottawa.
Il faut aussi souligner que les banques relèvent d'Ottawa. Que les tribunaux supérieurs relèvent d'Ottawa. Que les agences de notation sont des "amis" d'Ottawa. Etc...
Donc, avec un programme électoral "bonbon" comme vous le proposez, le PQ arriverait possiblement à prendre le pouvoir. Toutefois, l'exercice de ce pouvoir sera tellement miné qu'on peut difficilement imaginer qu'il puisse faire plus d'un mandat. Quant à l'indépendance...
Pour que la stratégie que vous proposez fonctionne, il faudra trouver une façon de neutraliser le système immunitaire canadien.
Gilles Verrier Répondre
17 mars 2016@ J-C Pomerleau et R. Boulanger
Nous nageons dans les mêmes eaux.
@ G. Carmichael
Vous touchez à beaucoup de choses en peu de mots.
Les prochaines élections sont en 2018. Ce qui donne dans l'intervalle la possibilité de nous détacher de la partisanerie politique pour considérer nos grands intérêts nationaux avec plus d'objectivité, sans égard aux partis. C'est une fenêtre de liberté politique détachée des échéances. Je la prends volontiers et sans mauvaise conscience je l'apprécie. Pas vous ?
Ce que je dis n'est pas «de faire sauter cet article», comme vous le dites, mais de prendre acte que dans l'impossibilité de faire 1.1 il faut faire 1.2.
Mon approche pragmatique me porte à favoriser ce qui a marché dans le passé. Et, je constate qu'il faut remonter aux années qui vont de 1954 à 1980 pour retrouver un Québec qui monte et qui s'affirme. Ceci dit dans un sens contextuel historique, caractérisé par le consensus national de l'époque autour de l'État (dont témoigne le Rapport Tremblay), comme expression de la volonté majoritaire occasionnelle du Québec, qui était et reste une « minorité absolue» dans le cadre canadien.
Pour ce qui est de
Vous avez raison. Mais comme le veut le dicton, qui trop embrasse mal étreint. Et Rome ne s'est pas fait en un jour. Considérant là où nous sommes, la simple reprise du pouvoir contre les libéraux ne serait-elle pas une petite victoire ? Dans l'état où nous sommes, ne faut-il pas préférer une petite victoire gagnée qu'une grande bataille jamais livrée ?
Indépendance n'est pas dans ma liste. Le reste oui. Ma position est de se tenir à l'écart des pièges du marxisme culturel. Ce sont les pièges du mondialisme. Ils ne feront que nous diviser.
Le prochain gouvernement doit revenir à l'exercice du pouvoir pour la majorité populaire (qui est une majorité provinciale circonstancielle mais une minorité canadienne absolue, je le répète) et non pour les minorités tapageuses. Il doit prudemment aussi s'écarter des grandes ambitions qu'il n'a pas les moyens de réaliser et qui ne resteraient de toute façon que de belles envolées lyriques. On a déjà donné. En contre partie il devra réaliser outrageusement ce qu'il a le pouvoir de réaliser, ces «petits riens» dont il n'a jamais eu l'audace.
Nous devons repartir d'un commencement. Avec de petites ambitions mais beaucoup d'aplomb.
Archives de Vigile Répondre
17 mars 2016L'article UN du programme du PQ:
1. Agir en gouvernement souverainiste
1.1 Réaliser la souveraineté du Québec
Aspirant à la liberté politique, le Parti Québécois a pour objectif premier de réaliser la souveraineté du Québec à la suite d’une consultation de la population par référendum tenu au moment jugé approprié par le gouvernement.
1.2 Un gouvernement souverainiste
D’ici là, pour rompre avec l’attentisme et en déployant le Plan pour un Québec souverain, le Parti Québécois agira en gouvernement souverainiste, cherchant à
acquérir toujours plus de pouvoirs et de moyens pour le Québec et les Québécois.
1.3 Une Constitution, une Charte de la laïcité et une citoyenneté québécoises
Les Québécois formant une nation à part entière, il est nécessaire et normal qu’ils se dotent d’instruments juridiques encadrant la vie publique.
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Je comprend que ce que vous proposez revient à faire sauter complètement cet article. Par pragmatisme, il faut accepter d'éliminer du programme tout ce qui pourrait s'avérer un obstacle à la prise du pouvoir. Il faudra donc éviter de parler d'indépendance, de charte, de laïcité, de constitution, de féminisme, de lgbt, de référendum, etc...
On fait plein de promesses, qu'on sait ne pas pouvoir tenir, mais qui séduiront l'électorat et permettront au PQ de s'accaparer du volant. Si ça marche pour les libéraux, pourquoi ne pas faire de même.
Effectivement, cette stratégie pourrait bien faciliter la prise du pouvoir.
N'est-ce pas précisément la stratégie de la CAQ?
Rendu là, le PQ n'a plus de raison d'être. Prenons tous notre carte de membre de la CAQ. L'union fait la force, n'est-ce pas? Donc, à nous le pouvoir.
Archives de Vigile Répondre
16 mars 2016C'est pas compliqué, je suis d'accord avec ce texte. On peut toutefois aller beaucoup plus loin que les exemples mentionnés. Mais l'idée de base est incontournable, il s'agit de reconquérir l'état québécois. Et surtout l'investir d'une autorité sans faille, notamment dans le domaine de la langue dite officielle.
René Boulanger
Jean-Claude Pomerleau Répondre
16 mars 2016Complément d'info, pour ceux qui l'auraient manqué cette analyse qui part d'un constat démographique (« La démographie, c'est la destiné » A. Comte) pour nous dire l'urgence de revenir à l'État :
La stratégie référendaire, un cul-de-sac
14 mars 2016
par René Boulanger et Maxime Laporte
http://ssjb.com/la-strategie-referendaire-un-cul-de-sac/
JCPomerleau