Le gouvernement Trudeau a été inondé de commentaires, de suggestions et même d’exhortations sur l’enjeu que représente la relation canado-américaine à l’ère Donald Trump.
Le principal défi réside dans l’écart entre les intentions exprimées par M. Trump et leur concrétisation. Les frappes de la semaine dernière contre un objectif syrien constituent le plus récent épisode du feuilleton des contradictions à la Maison-Blanche.
On peut certainement débattre de l’appui sans réserve de Justin Trudeau à ce qu’il a décrit comme une « intervention limitée et ciblée ». Plus largement, l’enjeu est le dernier en date des exemples de l’incohérence du gouvernement Trump avec laquelle le gouvernement canadien doit composer.
Pas de « doctrine Trump » ici, ce sont les saisissantes images télévisées de victimes syriennes, surtout celles des enfants, qui ont ouvert les yeux du président. Son secrétaire d’État soutenait encore la semaine précédente que les États-Unis ne visaient que le groupe État islamique en Syrie et qu’il revenait aux Syriens de choisir leurs dirigeants. Devant de semblables attaques à l’arme chimique en Syrie en 2013, Trump affirmait que Barack Obama était « bête » et il lui enjoignait de ne pas attaquer le régime de Bachar al-Assad.
S’il y a une constante dans ce gouvernement, c’est l’inconstance. Les frappes sont survenues au moment où M. Trump offrait un dîner d’État au président chinois Xi Jinping en Floride, lui qui avait promis en campagne de servir des hamburgers de chez McDonald’s aux dirigeants chinois à cause de leurs politiques commerciales malhonnêtes. Après la menace d’une taxe de 45 % sur les importations chinoises et la remise en question de la politique d’une seule Chine, Donald Trump parlait après sa rencontre avec Xi d’une « relation remarquable » et de son « grand respect » pour son vis-à-vis.
Même décalage entre la rhétorique de campagne enflammée et séduisante sur l’OTAN, l’Union européenne et le commerce international et le ton maintenant plus modéré du président ainsi que des membres de son cabinet.
Le message est aussi brouillé sur le dossier crucial pour le Canada, celui de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). Un « désastre pour les États-Unis » que Trump promettait de « renégocier », ouduquel il voulait se « retirer, toutes les ententes [ayant] une fin ». Le président lança à Justin Trudeau, en visite à Washington à la mi-février, qu’il ne visait que des « ajustements », de petits réglages.
Les experts invitent plutôt le Canada à ne pas baisser la garde, le processus américain sur les accords commerciaux faisant en sorte que pas mal tout est sur la table, quoi qu’en dise un président mal renseigné. L’ébauche d’une lettre du représentant au commerce alimente les doutes et le « consultant » du cabinet Trudeau, Brian Mulroney, jette une douche froide sur les espoirs de négociations rapides et fluides en qualifiant les demandes américaines de « bien plus que de simples ajustements ».
Les réalités politiques et juridiques ont aussi rattrapé Donald Trump. Le remplacement de l’Obamacare a échoué ; sa réforme ne remplissait pas sa promesse téméraire de couverture maintenue pour tous à coût moindre et mécontentait une faction républicaine. Et les tribunaux se sont chargés de ses décrets en immigration.
Malgré ces exemples d’imprévisibilité, le gouvernement Trudeau est encore l’objet de pressions afin de réagir par anticipation aux intentions de Trump, notamment en matière de compétitivité.
C’est surtout vrai en ce qui concerne son intention de réformer la fiscalité, notamment celle des entreprises. Les déçus du dernier budget Morneau seront en partie réconfortés par le fait que M. Trump sera limité à ce chapitre par le fait que l’argent devant compenser les pertes de revenus générés ne sera pas au rendez-vous, en partie à cause de l’échec sur l’Obamacare.
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