Dire que la semaine qui commence sera difficile pour Jean-François Lisée relève de l’euphémisme. Aucun chef de parti n’éprouverait ne serait-ce qu’un soupçon d’inquiétude dans le cadre d’un vote de confiance au cours de la première année de son règne. Sauf celui du PQ.
Débandade
Moins d’un an après son élection, le nouveau chef devra faire face à ses militants. Ces derniers ont toutes les raisons d’être inquiets. Non seulement le PQ n’a pas progressé depuis octobre 2016, mais il a dangereusement régressé, perdant pas moins de 7 % dans les sondages. C’est énorme. À défaut d’avoir su tirer profit de l’effet de nouveauté et du changement qu’il incarnait, le successeur de PKP a entraîné son parti vers le bas. C’est sévère, comme jugement, mais c’est juste. Parce qu’on ne peut pas excuser cette débandade par une performance exceptionnelle des libéraux de Philippe Couillard. Bien au contraire. Si l’économie du Québec se porte assez bien, il n’en demeure pas moins que les dossiers litigieux sont aussi nombreux que la quantité de civières cordées dans le corridor d’une urgence. Ce n’est pas en raison d’un choix rationnel des électeurs que les libéraux figurent encore en tête dans les sondages. C’est davantage par dépit.
Certes, la CAQ fait bonne figure depuis quelques mois. Là encore, est-ce véritablement grâce à François Legault et ses troupes ? Ou est-ce parce que les électeurs insatisfaits du gouvernement ne voient pas en quoi Jean-François Lisée représenterait une solution ? Poser la question, c’est y répondre.
Même chose du côté de Québec solidaire. L’embellie perçue à la suite de l’élection de Gabriel Nadeau-Dubois fut des plus éphémères. Malgré cela, le PQ fait du surplace.
Quelques semaines après l’élection de Lisée à la tête du PQ, je disais ceci : « Lisée possède ce je-ne-sais-quoi qui pourrait faire de lui un redoutable adversaire pour le PLQ et la CAQ. » Ouf ! À ce jour, il faudrait plutôt parler du je-ne-vois-pas-pourquoi il serait un redoutable adversaire pour le PLQ et la CAQ. Trop brouillon, comme sur les dossiers identitaires. Trop déconnecté, comme avec le virage vert. Trop rêveur, comme avec le flirt solidaire.
L’Imposteur
Reste à voir si les militants du PQ voudront dénoncer avec véhémence le fait qu’ils se sont fait promettre une espèce de mirage. Ou si, pour une fois, ils peuvent faire abstraction de leur côté trop émotif. La bonne nouvelle pour le chef péquiste est que, avec des sondages aussi catastrophiques, personne ne remettra en question son engagement à ne pas tenir de référendum avant 2022. En effet, encore faudrait-il qu’il puisse espérer prendre le pouvoir en 2018 pour envisager de faire un référendum à plus brève échéance.
Jean-François Lisée a été dépeint comme le plus grand stratège parmi tous les stratèges. Certains pourraient croire que celui qui a jadis écrit un livre s’intitulant Le tricheur pourrait accompagner sa biographie du titre suivant : L’imposteur.
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