C’était une soirée chaude à Nice, un moment pour les Français de se retrouver, de respirer l’air de la Côte d’Azur et de célébrer leur pays, comme ils le font tous les 14 juillet. La promenade des Anglais, haut lieu touristique au paysage paradisiaque, s’est transformée en enfer jeudi quand le conducteur d’un camion de plusieurs tonnes a foncé dans la foule et fauché au moins 84 vies.
L’attaque, dont le caractère terroriste « ne peut être nié », selon le président français, François Hollande, a coûté la vie à plusieurs enfants et fait au moins une vingtaine de blessés.
Vers 22 h 30, les milliers de personnes rassemblées au bord de la Méditerranée ont commencé à courir pour échapper au camion fou. Dans la foule, il y avait Amhai Sharib, venu de la ville de Fréjus avec ses deux filles pour voir les feux d’artifice. « Il y a eu un gros mouvement de foule, on entendait les gens crier, pleurer. Il [le camion] fonçait partout, dans les murs, dans un poteau en reculant et en partant. On entendait crier, pleurer au secours, il fonçait tout droit, comme s’il n’y avait rien devant lui », a-t-il raconté, quand Le Devoir l’a joint chez un homme qui avait offert de l’héberger, quelques heures après l’attaque. Près de lui, Léa et Éva avaient cessé de pleurer. Elles étaient devenues silencieuses. « Je pense qu’elles sont en état de choc », a laissé tomber le papa.
Quand le mouvement de foule a commencé à la transporter, Léa est tombée. Elle s’est ouvert le genou. Son papa l’a prise dans ses bras ; il a tenu sa soeur par la main. Et il a couru. « Dans la rue, je devais cacher les yeux de ma fille, parce qu’il y avait plein de sang, a rapporté Amhai Sharib. On se retrouve avec plein de gens par terre, morts. »
Célia Delcourt, 18 ans, a aussi été emportée par la foule. « Pendant une dizaine de minutes, les gens s’arrêtaient, les gens se remettaient à courir, on courait aussi, a-t-elle affirmé au Devoir. On ne savait jamais ce qui se passait. C’était la panique, le stress, l’incompréhension. »
Une violence absolue
Selon ce qu’ont rapporté les autorités jeudi soir, le camion — qui était possiblement chargé d’armes et de grenades — a avancé sur une distance de deux kilomètres avant d’être neutralisé. Le chauffeur a été abattu. Selon une source policière qui s’est confiée à l’Agence France-Presse, des papiers d’identité au nom d’un Franco-Tunisien ont été retrouvés dans le camion.
« Cette attaque, dont le caractère terroriste ne peut être nié, est encore une fois d’une violence absolue », a déclaré François Hollande, dans une annonce à la nation tenue au milieu de la nuit. « Nous verrons s’il avait des complices. » Ironie du sort, le président français annonçait plus tôt jeudi que l’état d’urgence, décrété après les attentats du 13 novembre, ne serait pas prolongé au-delà du 26 juillet puisqu’une loi votée en mai a renforcé l’arsenal sécuritaire de la France. Il a dû se raviser. « Rien ne nous fera céder dans notre volonté de lutter contre le terrorisme et nous allons encore renforcer nos actions en Syrie comme en Irak », a-t-il affirmé, en annonçant du même souffle que l’état d’urgence sera prolongé de trois mois. François Hollande fera enfin appel à la réserve opérationnelle, afin qu’elle « soulage » les effectifs de policiers et de gendarmes et qu’elle participe au contrôle des frontières.
La section antiterroriste du parquet de Paris a annoncé s’être saisie de l’enquête, bien qu’aucun groupe terroriste n’eût revendiqué l’attaque dans les heures la suivant. Sur les canaux favorables au groupe armé État islamique (EI), les effusions de joie étaient nombreuses. « Mais cela peut vouloir dire une chose et son contraire : nous avons vu des comptes pro-EI célébrer des attentats qui n’avaient pas été perpétrés par EI », a cependant souligné sur Twitter Rukmini Callimachi, spécialiste des questions terroristes et journaliste au New York Times.
Quand même, la thèse de l’attentat terroriste était largement employée. « Nous sommes solidaires de la France, notre plus vieil allié, au moment où elle fait face à cette attaque », a ainsi déclaré le président des États-Unis, Barack Obama, à propos de « ce qui semble être une horrible attaque terroriste ». Au pays, le premier ministre Justin Trudeau a offert ses condoléances au peuple français. « Les Canadiens sont bouleversés par l’attentat de ce soir à Nice. Notre sympathie va aux victimes et notre solidarité, au peuple français », a-t-il écrit sur Twitter.
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