L’ex-numéro 2 de l’UPAC a eu maille à partir avec Revenu Québec, l’an dernier, en raison de son implication dans une mystérieuse entreprise d’import-export.
Marcel Forget, qui a démissionné jeudi à la suite des révélations de notre Bureau d’enquête, était l’un des deux associés de la firme Lune Bleu International qui a été condamnée à payer plus de 12 500 $ à Revenu Québec en juin 2016.
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L’entreprise a été enregistrée comme société en nom collectif au Registraire des entreprises (REQ) en 2009 par un collègue de la Sûreté du Québec, Michel Bélanger. Les deux hommes n’ont toutefois pas pu dire à quoi servait l’entreprise enregistrée comme spécialisée dans l’import-export.
C’est Michel Bélanger qui a mis le nom et l’adresse de M. Forget comme son seul autre associé. En 2013, dans une déclaration de mise à jour du REQ, il n’a rien modifié, laissant le nom de M. Forget dans les documents officiels.
L’homme, qui est maintenant à la retraite, a confirmé avoir été associé avec M. Forget dans le passé, mais que ce n’est plus le cas.
«À l’époque, on a fait des affaires. C’était des affaires personnelles. Je pense que j’ai pas à élaborer sur ça.»
Une erreur ?
Pour sa part, Marcel Forget dit qu’il n’a jamais été impliqué dans Lune Bleu.
«Je n’ai jamais eu d’activité dans cette compagnie, ni été associé. La mention de mon nom au REQ est une erreur. D’ailleurs, Revenu Québec est au fait de cette erreur et la situation est régularisée depuis septembre 2016 », a indiqué M. Forget par courriel.
M. Bélanger affirme pour sa part que le nom de M. Forget n’a pas été mis par erreur, mais qu’il aurait dû être retiré des documents puisqu’il n’était pas impliqué.
«Il n’a jamais rien fait. On a demandé qu’il soit retiré et ça n’a pas été fait.»
Il soutient qu’il était le seul visé par des réclamations de Revenu Québec.
Marcel Forget dit pour sa part avoir appris en 2013 de Revenu Québec que son nom était encore associé à Lune Bleu. Il a alors demandé au REQ le retrait de son nom, ce qui n’a pas été fait.
M. Forget affirme qu’il ignore à quoi l’entreprise a servi. Il a tenté en vain de parler avec M. Bélanger à ce sujet.
«Je n’ai jamais été capable de recontacter Michel, il est retraité, je ne sais pas où il est.»
L’UNITÉ PERMANENTE A FAIT SON MEA CULPA, DIT UN SYNDICAT
Après avoir affirmé que tout allait « très bien », l’UPAC a reconnu ses problèmes de relations de travail, selon un syndicat.
Quatre membres de l’état-major de l’organisation ont fait ce constat mercredi lors d’une rencontre avec des syndicats, a indiqué hier le président du Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ), Christian Daigle.
«L’UPAC [l’Unité permanente anticorruption] a fait son mea culpa et nous en sommes très contents», dit-il.
Lors d’une conférence de presse, début novembre, le directeur des opérations, André Boulanger, avait soutenu que «le climat est très bon».
«Ça va très bien au niveau du plancher», disait-il alors que l’UPAC commentait l’arrestation du député Guy Ouellette.
«Lacunes»
M. Boulanger était à la rencontre avec les syndicats cette semaine, a indiqué le SFPQ, qui avait récemment qualifié de «lamentable» le climat de travail à l’UPAC.
«Ils ont reconnu des lacunes qu’ils avaient eues dans la dernière année. Ils veulent faire table rase, rebâtir les relations de travail entre les syndicats et l’état-major», dit M. Daigle.
Des éléments provenant de rapport sur les relations de travail ont été communiqués aux représentants des trois syndicats d’employés de l’UPAC. Aucun de ces documents ne leur a été remis toutefois.
Selon M. Daigle, les problèmes de gestion de personnel sont causés par la pression exercée sur les employés. Il mentionne aussi des conflits interpersonnels dans certaines équipes, entre patrons et quelques employés également.
«Ç’a mené à un climat de travail malsain dans la dernière année», dit-il.
L’UPAC n’a pas commenté la rencontre.
Le SFPQ et deux autres syndicats réclamaient depuis plusieurs mois des rapports sur le climat de travail à l’UPAC, à la suite du mécontentement exprimé par certains employés.
«Problèmes»
Dans une entrevue mardi, Marcel Forget, qui a démissionné hier de son poste de commissaire associé, avait reconnu l’existence de problèmes à son service, où le taux de roulement du personnel avait grimpé.
M. Forget admettait certaines difficultés.
«C’est sûr qu’il y a des problèmes, ce n’est pas le bonheur et l’allégresse.»
Selon lui, certains de ses employés ont sous-estimé la complexité de la tâche. « Il y a des gens qui ont quitté parce que c’est trop exigeant », a-t-il dit.
D’autres sont partis à la retraite, ont eu une promotion.